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La Une Livres

Le Diamant orphelin, William Irish (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 10 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Le Diamant orphelin, William Irish, Folio, mai 2023, trad. anglais (USA) Laurette Brunius, 288 pages, 8,10 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Paru originellement en 1985, Le Diamant orphelin est un recueil de huit nouvelles publiées entre 1935 et 1942, durant l’âge d’or du « hard boiled » américain, par l’auteur new-yorkais William Irish. À l’époque, les éditeurs ne veulent plus entendre parler de ses romans (qui ont pourtant rencontré un certain succès durant les années vingt ; ils le connaîtront à nouveau à partir de 1940 et du fabuleux La Mariée était en noir), et il écrit des nouvelles pour des « pulps », dont le célèbre Black Mask, sous différents pseudonymes. Une édition critique de ces nouvelles, environ trois-cent-cinquante, pourrait faire l’objet d’un projet éditorial, mais cela risquerait d’avoir le même intérêt que ces intégrales d’enregistrements blues ou jazz effectués à la même époque : ce sont des chansons enregistrées pour être écoutées sur un soixante-dix-huit tours, cinq minutes à la fois maximum, pas pour être écoutées en collection de plus d’une heure à la fois. Ou alors, sous forme d’une bonne compilation destinée à montrer la diversité stylistique de l’artiste musical. Il en va de même pour les nouvelles policières écrites à la chaîne par un William Irish : un recueil à la fois, un florilège, ça convient à leur donner du relief et offrir le plaisir de la lecture.

Beauté(s), Camille Saint-Jacques, Éric Suchère (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 09 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts, L'Atelier Contemporain

Beauté(s), Camille Saint-Jacques, Éric Suchère, éditions L’Atelier Contemporain, août 2023, 136 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Les déclinaisons de la beauté

Aborder la question de la beauté, c’est faire naître immanquablement toutes sortes de questions. Peut-on vivre sans elle ? Que nous apporte-t-elle ? De quelle nature est-elle ? Peut-on vraiment cerner l’essence de la beauté, dire ce qu’elle est ? Comment survient-elle ? Quel type de satisfaction nous procure-t-elle ? Quelle est sa place ? Qu’advient-il de la beauté dans un monde où l’art semble avoir été accaparé par l’univers de l’argent ? Ce sont toutes ces questions qui se voient soulevées dans cet ouvrage intitulé Beauté(s), édité par L’Atelier Contemporain. Le livre comporte dix contributions et deux entretiens, l’un avec l’anthropologue Philippe Descola et l’autre avec le philosophe Yves Michaud. Toutes ces interventions sont diverses, toutes intéressantes et enrichissantes. Impossible de rendre compte en détail de toute cette richesse et cette diversité.

Adieu Tanger, Salma El Moumni (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 06 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Grasset

Adieu Tanger, Salma El Moumni, Grasset, août 2023, 175 pages, 18 € Edition: Grasset

 

Le thème du premier roman de Salma El Moumni est ambitieux : le pouvoir et l’influence du regard des autres sur soi, sur les choix de sa propre vie.

Alia est marocaine, vit à Tanger. Elle fréquente Quentin, un jeune garçon scolarisé comme elle dans le même lycée. Ce qui préoccupe gravement Alia, ce qui l’obsède dès le départ de ce récit, c’est la sensation qu’elle éprouve de se voir scrutée, épiée, déshabillée du regard, méprisée de ses compatriotes. Serait-ce de la paranoïa ? Alia a le sentiment qu’elle dérange, que ses tentatives d’émancipation et d’ajout d’un peu de liberté dans sa vie sont vouées à l’échec.

Alia relève ce défi en postant des photos sur la toile, ce qui est passible de l’article 483 du Code pénal marocain, qui punit l’outrage public à la pudeur d’un mois à deux ans d’emprisonnement. C’est la résolution de ce dilemme qui va occuper Alia dès sa reprise de contact avec Quentin, qui ne l’aide pas vraiment : « Il t’a toisée du regard avec ses yeux bleus liquides en mordant dans sa fajita (…) Tu as immédiatement regretté d’être venue chez lui, tu n’avais soudain plus faim, tu voulais partir ».

Ces messieurs du rugby, Anthologie, Collectif, Edition de Marie Boizet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 05 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Anthologie, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Ces messieurs du rugby, Anthologie, Collectif, Edition de Marie Boizet, La Petite Vermillon, septembre 2023, 250 pages, 8,90 € Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Véritable arbre généalogique, ces portraits de champions ou d’anonymes, parfois oubliés, composent la grande famille du rugby qui circule de village en village, de club en club, de génération en génération depuis que le ballon ovale a atterri sur le sol français » (Marie Boizet).

« Il provoquait l’enthousiasme et justifiait cette affirmation de Montesquieu qu’on peut être amoureux de l’Amitié. Son frère et lui formaient un couple de princes raciniens qui drainait tous les cœurs avec soi » (Antoine Blondin, Guy, c’était Fanfan (sur Guy Boniface).

« Les prouesses de Roques, Quaglio, Lacaze “le papillon”, et Danos “le pianiste”, cultivaient mes terres en friche. La bravoure de Jean Barthe, que seuls les vainqueurs de l’Himalaya ou du cap Horn pouvaient égaler, devient pour moi la référence, le mètre étalon » (Daniel Herrero, Le combat des combats).

La Nuit de Gigi, Dominique Dussidour (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mercredi, 04 Octobre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Table Ronde

La Nuit de Gigi, Dominique Dussidour, La Table Ronde, avril 2022, 272 pages, 20 € Edition: La Table Ronde

 

La nuit et les jours

Le livre La Nuit de Gigi n’est pas à lire seulement parce que Dominique Dussidour est morte peu après avoir posé son point final. Pas non plus parce que le livre livre la mort, noyade infinie, fleuve sombre, Léthé, Styx ou Seine, mais bel et bien à lire parce que le livre s’illumine du vivant.

Les conversations nombreuses, infinies, adolescentes, futiles et sensibles sont des dialogues qui vibrent l’aujourd’hui. On sent la vapoteuse tout parmi ou les effluves par moment de joints qui flottent.

Les escarmouches sont vives, acides, les effusions l’emportent mais l’une et l’autre sont surtout nimbées d’une fraternité, amoureuse, amicale, on aurait dit bien avant camarade.

Le roman déroule une cour parisienne. Un quartier. La rue bien nommée des Martyrs et ses bars-tabacs célèbres. Le récit est, c’est là que Dussidour innove, jeune. On dirait djeun si ce n’était carrément démodé !