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La Une Livres

Le Matin des Pierres, Guillaume Dreidemie (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 13 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Le Matin des Pierres, Guillaume Dreidemie, Editions La Rumeur Libre, mars 2023, 80 pages, 14 €

 

Le Matin des Pierres, voilà un titre qui interpelle et plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère à la fois puissante et mystérieuse, l’acheminant vers un lieu imaginaire situé hors référentiel qui réunirait la grâce éphémère des matins et l’intemporalité des pierres.

Le poète, dans sa quête spirituelle, aspire ici à retrouver la pureté, la spontanéité, la sincérité de l’enfance perdue :

« Nous devrions poursuivre ce geste enfantin / Patientant les sources / Pour rafraîchir les mains / Oubliant de boire / Pour tendre la main ».

Il s’agit d’apprendre continuellement l’Amour, de le réinventer en somme, comme le suggérait Arthur Rimbaud, de deviner « ce qu’aimer veut dire », ce sens du mot que nous égarons dans les méandres du quotidien, « dans l’habitude de vivre ».

Les Couleurs de l’instant, Nouvelles impressionnistes, Hubert Heckmann, Céline Servais-Picord, Tony Gheeraert (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mardi, 12 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles

Les Couleurs de l’instant, Nouvelles impressionnistes, Hubert Heckmann, Céline Servais-Picord, Tony Gheeraert, Éditions des falaises, 2020, 190 pages, 15 €

Nouvelles impressionnistes : et si l’impressionnisme était aussi littéraire ?

« Et si l’impressionnisme était aussi littéraire ? » : voilà l’ambitieuse question à laquelle tente de répondre l’anthologie Les Couleurs de l’instant, Nouvelles impressionnistes, parue aux éditions des Falaises en 2020 (textes choisis et présentés par Hubert Heckmann, Céline Servais-Picord, Tony Gheeraert).

De fait, la question n’est pas véritablement nouvelle : la critique littéraire utilise l’expression d’« impressionnisme littéraire » pour rendre compte du style d’écriture mis en œuvre par certains auteurs du 19e siècle qui cherchent à transposer dans le domaine de l’écriture littéraire les techniques des peintres impressionnistes. On peut penser par exemple à Octave Mirbeau, ou encore par certains aspects à Zola ; l’écriture des frères Goncourt a également été rapprochée d’une esthétique impressionniste.

Un été avec Jankélévitch, Cynthia Fleury (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 11 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Récits, Editions des Equateurs

Un été avec Jankélévitch, Cynthia Fleury, Editions Equateurs, mai 2023, 189 pages, 14 € Edition: Editions des Equateurs

Pour qui n’a pas lu Jankélévitch, un été avec… constitue un premier pas et plus qu’une simple initiation à la philosophie du susnommé. Ne pas l’avoir lu peut avoir pour cause un abord parfois difficile, encore que, ou une aridité apparente de certains textes. Avec Cynthia Fleury, ces possibles entraves volent en éclat, l’abord y étant écrit de manière claire et limpide, les aspects du travail du philosophe présentés méthodiquement et sans verbiage, sans cette logorrhée qui n’est souvent présente que pour satisfaire l’ego du scripteur. Ici, le rapport au lecteur est de l’ordre du partage de l’intérêt évident que la philosophe porte aux raisonnements, aux intuitions aussi de Jankélévitch. En voici quelques exemples.

« Ne manquez pas votre unique matinée de printemps », cette phrase extraite du Je ne sais quoi et le Presque rien, Cynthia Fleury en dit « qu’elle manie l’évidence et l’énigmatique, signe le renouveau mais aussi la disparition, la grâce et la gravité, un certain lyrisme ». Cette phrase « condense toute la philosophie, métaphysique et morale, et donc politique de Jankélévitch », ajoute-elle. Une injonction qui interpelle le sujet, vous, moi, en écrivant ne ratez pas, ne perdez pas, un impératif qui indique aussi que c’est ici et maintenant, « c’est à saisir, il faut être plus rapide que le temps, car le temps file, irréversiblement ». Enfin le printemps comme symbole du commencement, du seuil inaugural de la décision : c’est l’énergie vitale de Jankélévitch, cet héritage de Bergson qui infuse toute sa pensée.

Shorts, Wystan Hugh Auden (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 08 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques

Shorts, Wystan Hugh Auden, Rivages Poche, 2003, trad. anglais, Frank Lemonde, suivi d’un essai de Hannah Arendt, 142 pages, 7 € Edition: Rivages poche

 

L’occasion du cinquantenaire de la mort d’Auden fait rouvrir ici un de ses recueils les plus denses et délicieux (mais malheureusement difficile à dénicher), Shorts, en nous sortant du seul poème Funeral blues, rendu célèbre (« Stop all the clocks, cut off the telephone… ») par sa lecture (bouleversante) dans le film Quatre mariages et un enterrement.

Auden (1907-1973) est toujours, avec bonheur, en poésie juge et partie : comme juge, il délimite la stricte fonction du poète (« exprimer avec exactitude ce qu’il eut l’honneur de contempler », et en laisser aux autres l’appréciation, p.85) ; comme partie prenante, il s’y tient, rigoureusement, lui-même. Si la contemplation arrive trop tard, si l’exactitude se pointe trop tôt, elles repasseront, voilà tout. Auden entend rester maître de l’agenda de ses chefs-d’œuvre, et contrôler (de sa toujours ironique sévérité) l’emploi du temps de sa Muse :

Apologie de Socrate, Platon (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 07 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Apologie de Socrate, Platon, Folio, avril 2023, trad. grec ancien, Léon Robin, Joseph Moreau, 80 pages, 3,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Zut, un livre dont le héros meurt à la fin ! Oui, mais quel héros ! Celui de la pensée libre de toute convenance, de toute contrainte, de tout désir autre qu’exister et se perpétuer dans la vérité ! Plus sérieusement, l’Apologie de Socrate est un des « dialogues socratiques » de Platon, celui qui présente le plaidoyer de Socrate lors de son procès en -399. Ce plaidoyer, parfaite machine argumentative qui malheureusement ne convaincra pas les citoyens athéniens, s’articule en trois parties : le plaidoyer à proprement parler, la plus longue ; le « débat contradictoire sur la peine », Socrate ayant été jugé coupable ; enfin, la réaction de Socrate face à la peine choisie, c’est-à-dire la mort.

Ici n’est pas le lieu d’une exégèse philosophique ou d’un commentaire sur les tenants et aboutissants historiques du procès de Socrate ; ici est le lieu de relever dans ces quelques pages la fulgurance qui les rend toujours indispensables aujourd’hui ; ici est le lieu de célébrer la liberté avec laquelle Socrate défend la vérité au risque de sa vie.