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La Une Livres

Crépuscules, Claude Cailleau (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 20 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Crépuscules, Claude Cailleau, Éditions du Petit Pavé, février 2023, 76 pages, 10 €

 

On ne peut douter du fait que Claude Cailleau (Cl. C., tel qu’il le signe la plupart du temps) aura dédié son existence à la littérature : à travers l’enseignement, d’une part, à travers correspondances et rencontres avec des écrivains-phare (Julien Gracq, Henri Troyat, Roger Martin du Gard…) ; cependant, cet amour et ce dévouement se sont prolongés à travers la création d’une revue de poésie (Les Cahiers de la rue Ventura, 2008-2018), ainsi (et surtout) qu’à travers sa propre écriture.

Si Cl. C. a ouvert sa carrière littéraire avec un premier roman couronné par le Prix de l’Académie Française (Stef et les goélands, 1971), c’est en poésie qu’il œuvrera le plus. Ses textes ne se limitent d’ailleurs pas à ce genre, frôlant au contraire différentes formes, y mêlant volontiers le récit – comme dans Et je marche près d’Elle, qui, non content d’arborer les aspects d’une autobiographie, fait s’entrecroiser les temporalités, augmentant le niveau d’imagination propre à faire revivre ce qu’a été (ou ce qu’est) sa vie et à en donner une image reconstitutive fixe – ce que permet l’impression sur le papier.

Mes anticorps, Jean-Pierre Otte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Mes anticorps, Jean-Pierre Otte, éditions Le Temps qu’il fait, octobre 2023, 168 pages, 20 €

Dualité

Je crois pouvoir avancer que ce recueil de pensées confine parfois à la philosophie et dans ce sens, est un travail duel. C’est une littérature qui prône et se constitue de mouvements, d’un certain équilibre comme le requiert la marche à pied – marche à pied qui est souvent un objet de description spirituelle. Mouvements donc, tension que le texte met à jour et où le lecteur a une place importante afin de trouver la part existentielle de la réalité et de l’activité de la langue. C’est une littérature en quelque sorte binaire : mouvements et arrêts, fragments de pensée qui trouvent leur chemin dans la continuité de l’écriture, paradoxes apparents et vérité essentielle. Ce livre est à caractère parcellaire dans le sens où chaque morceau constitue en lui-même tout un monde et reste très ouvert au rêve intérieur du liseur. Car la pensée de l’auteur ne se fige que pour imprimer un agrandissement de son texte, ajouter à son déroulement syntagmatique.

Se déplacer, c’est changer de place, passer, se dépasser, se hasarder, accéder au dehors, se mouvoir ailleurs pour se frotter à d’autres réalités et d’autres cultures, partager d’autres couleurs et d’autres goûts, s’enrichir des différences et s’énivrer de l’étrangeté en omettant jamais que l’on constitue en même temps un étranger pour l’autre.

Les petits farceurs, Louis-Henri de La Rochefoucauld (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 17 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Robert Laffont

Les petits farceurs, Louis-Henri de La Rochefoucauld, éd. Robert Laffont, août 2023, 226 pages, 20 € Edition: Robert Laffont

 

« Les maudits, pourtant, ne mènent pas la grande vie. On ne peut pas avoir le spleen et l’argent du spleen. J’ai compris à son contact que je ne serais jamais quelqu’un. Je n’étais pas animé par la même énergie, ni par cette envie d’en découdre. Avoir eu des ancêtres bien placées à la Cour m’avait appris qu’il faut fuir une lumière trop éclatante, la disgrâce n’est jamais loin ».

Les petits farceurs est le roman d’un moraliste qui s’immerge armé de l’art du roman dans une nouvelle Cour, celle des maisons d’édition. Les petits farceurs trouve sa source au cœur de l’amitié entre deux jeunes étudiants, Henri qui devient le narrateur de ce roman, et Paul qui rêve de célébrité romanesque et qui y perdra son talent, ses rêves et sa vie. Henri va un rien gâcher sa carrière universitaire, préférant écrire dans Avant-Garde, un magazine qui « ne parlait que d’artistes louches dont je ne savais rien et de phénomènes générationnels encore plus improbables », il ne va pas y faire fortune mais bien s’y amuser, comme dans une comédie des Marx Brothers.

Vivre avec sans, Adagio maladie, Anne Sultan (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 17 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Vivre avec sans, Adagio maladie, Anne Sultan, éditions des femmes Antoinette Fouque, octobre 2023, 64 pages, 12 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Désarticulation

Le titre de ce récit-poème écrit par Anne Sultan (née en 1967, danseuse et chorégraphe durant vingt ans, aujourd’hui autrice et metteuse en scène), Vivre avec sans, sonne comme en un espace dramatique et participe d’une double injonction paradoxale : « vivre avec sens » ou « vivre avec sang ». En effet, une jeune femme tente de survivre malgré un pronostic vital engagé, retrouvant du sens à son existence, perdant beaucoup de sang et souffrant de même… Le texte de l’auteure est construit par de très courtes phrases, certaines pronominales, se réduisant parfois à un seul mot. L’Adagio maladie, c’est le tempo lent de l’affection, du traumatisme.

Récits de Kolyma, Varlam Chalamov (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 16 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Histoire, Editions Maurice Nadeau

Récits de Kolyma, Varlam Chalamov, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, Coll. Format Poche, octobre 2023, trad. russe, Katia Kerel, Jean-Jacques Marie, 350 pages, 12,90 Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Située à 6.000 kilomètres à l’est de Moscou, en Sibérie orientale, la Kolyma a été pendant plus de 30 ans, entre 1930 et 1953, la plus terrible zone de déportation des goulags staliniens.

Varlam Chalamov, l’auteur des Récits de Kolyma, y fut déporté durant dix-sept ans, de 1937 à 1954, accusé d’activités contre-révolutionnaires trotskystes.

En 1965 le texte, jusque-là inédit, en est proposé à Maurice Nadeau sous la forme d’un microfilm susceptible de lui être envoyé de Moscou de façon rocambolesque.

« Une de mes connaissances qui est depuis quelques mois à Moscou m’a fait parvenir par la valise diplomatique une lettre où il me dit posséder le microfilm d’un roman sur les camps de concentration de Staline où l’auteur a passé de longues années. L’homme s’appelle Varlam Chalamov… ». Lettre adressée par Nadeau à Jean-Jacques Marie, qui, lui-même ancien trotskyste, comme Nadeau, en effectue avec Katia Kerel la traduction initiale sous le pseudonyme d’Olivier Simon, pour une première publication en 1969 chez Nadeau dans la Collection Les Lettres Nouvelles.