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Monarques, Philippe Rahmy

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La rentrée littéraire, La Table Ronde

Monarques, août 2017, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Philippe Rahmy Edition: La Table Ronde

 

Tissant plusieurs histoires réelles, celle de l’assassin d’un diplomate allemand en 1938, la sienne, celle de ses parents, Philippe Rahmy propose, après les excellents Mouvement par la fin (Cheyne, 2005) et Allegra (La Table Ronde, 2016), un livre inclassable, qui joue autant de la force de la réalité que de celle de l’écriture rassembleuse qui permet de confronter diverses époques (les années 10, les années 30, les années 80 et les années 2014-2016) pour en tirer une sorte de généalogie multiple des siens et des autres, et une lecture neuve des relations entre Juifs, Arabes, Allemands, Français. De qui procède-t-on ? Quel est l’impact du passé de nos proches et d’étrangers, parfois bien similaire ? Et pourquoi, surtout, l’écrire ?

Monarques, titre étrange, qui s’éclairera au chapitre 3, semble, au-delà de l’anecdote animale, plaider pour le thème du voyage qui innerve tout l’ouvrage. De fait, Monarques nous fait beaucoup voyager : de Berlin à l’Egypte, en passant par Paris, l’Amérique, Tel-Aviv, sans oublier la région natale de notre auteur, en Suisse.

Poésies non hallucinées, Alain Marc

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Poésies non hallucinées, Editions du Petit Véhicule, Coll. La Galerie de l’or du temps, mars 2017, 130 pages, 25 € . Ecrivain(s): Alain Marc

 

Le titre complet de ce bel ouvrage est à lui seul tout un poème : Poésies non hallucinées, et rescapées, éveillées, zen, Poésies et notes, Anonymes calcinés de Christian Jaccard.

Le poète réalise là une étrange alliance entre les toiles de peintres anonymes du XIXe siècle partiellement détruites par Christian Jaccard dans un processus volontaire de combustion lente, et ses propres textes dont les mots souventement épars sur la page semblent être eux-mêmes des bribes d’une composition plus vaste, qui seraient restées visibles sur des feuillets jetés au feu et imparfaitement consumés.

Le titre annonce les cinq parties du recueil.

Paul-César Helleu, Dir. Frédérique de Watrigant

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

Paul-César Helleu, Dir. Frédérique de Watrigant (présidente des Amis de Paul-César Helleu), Somogy éditions d’art, 2014

Le dessin.

La pointe sèche.

 

Le trait et la couleur pour approcher un murmure de source.

Murmure secret.

Qui a capturé – sans le vouloir, innocent comme le sont, sur quelque côte imaginaire, les citrons ployant vers la mer, entraînés par le poids du soleil que l’air, dans sa dévotion, a fait glisser jusqu’à eux, jusqu’en eux – quelque chose du feu soudain et doux.

Celui de la grâce.

 

Là est tout Paul-César Helleu.

Tiens ferme ta couronne, Yannick Haenel

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 06 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Tiens ferme ta couronne, août 2017, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Yannick Haenel Edition: Gallimard

 

« Cette population de pensées est un monde, et même les livres écrits et publiés par Melville ne suffisent pas à donner une idée de l’immensité qui peuple la tête d’un écrivain comme lui. D’ailleurs, il y a une phrase de Moby Dick qui évoque ce débordement : à propos du cachalot, elle évoque l’intérieur mystiquement alvéolé de sa tête. Eh bien, c’est précisément de cela que traitait mon scénario : l’intérieur mystiquement alvéolé de la tête de Melville ».

Il se peut qu’un grand livre soit écrit sous une divine protection marine, il se peut qu’un grand écrivain soit béni des fées. Il se peut que ce livre ait pour nom Tiens ferme ta couronne, et tout porte à croire que cet écrivain se nomme Yannick Haenel. Il se peut que ce roman, majestueusement cinématographique, soit saisi par les images et l’art secret de la mise en scène d’un cinéaste américain qui a filmé le cœur mystique de son pays, ses fureurs, ses cris et ses mensonges. Il se peut que ce livre majeur soit nourri du silence de l’aube, de petits éclats bleus, de visions et de noms.

L’homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 06 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays de l'Est, Roman, Le Tripode

L’homme qui savait la langue des serpents, 2015 et 2017 (poche), (Mees, kes teadis ussisõnu), trad. estonien Jean-Pierre Minaudier, 470 pages, 13,90 € (en poche) . Ecrivain(s): Andrus Kivirähk Edition: Le Tripode

 

Voilà de trop long mois que je différais la rencontre avec L’Homme qui savait la langue des serpents. Que de temps perdu ! Quel monde ! Quelle découverte !

Puis l’on réalise après le voyage d’une telle lecture que deux autres titres traduits nous attendent chez le même éditeur (Les Groseilles de novembre et Le Papillon). Puis encore que l’auteur a publié en Estonie près d’une quarantaine de titres depuis 1995… Bref tout un monde à découvrir.

Le monde dans lequel nous plongeons est un monde médiéval réinventé, où le fantastique et le merveilleux ne sont pas loin bien que menacés d’oubli par un monde qui évolue inexorablement vers un soi-disant progrès. Le narrateur, c’est l’homme qui savait la langue des serpents, un langage que tous ces ancêtres qui vivaient dans la forêt connaissaient parfaitement. Un langage puissant auquel obéissaient les animaux de la forêt et dans lequel il y avait de la magie, mais pas de tromperie.