Perry, l’impérissable
Quelque chose de Racine chez Montherlant, disait en substance Gabriel Marcel. Quelque chose de Montherlant chez ce Perry crépusculaire, touchant trio de chair et de lettres où se mêlent souvenirs évanouis, rêves plus grands et plus beaux que nature, fragments d’écrits flambés, désespoirs chenus, clameurs entrecroisées, regrets démentis, simulacres de vie trop envahissants, mensonge et vérité (à moins que ce ne soit l’inverse ?).
Duplicité trouble et ternaire. Drôle de jeu de piste, ivre et torse et tendre, à la mesure d’un Dédale alangui, parfaitement maître de son architecture. Tom-Louis fabrique Bel-Mais de toutes pièces, personnage de pure invention mangeur-de-conscience et pourvoyeur-de-vie-renouvelée qui, en retour, prolonge et recrée Tom-Louis, son père d’encre à défaut de sang, son idole, son envers-tête-grise, l’admire et l’assimile à son être de papier au point de lui prendre ses mots, ses humeurs et son épouse, à la manière d’un fidèle noyé d’enthousiasme qui, au confluent du sacrilège et de l’adoration, se couvrirait des reliques d’un saint révéré dans l’espoir de le faire revivre, ne serait-ce que l’instant d’une fiction, juste avant l’ultime subm(v)ersion.