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La Une Livres

La guerre invisible, Drew Chapman

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Albin Michel

La guerre invisible, février 2017, trad. Frédéric Grellier, 510 pages, 23,90 € . Ecrivain(s): Drew Chapman Edition: Albin Michel

 

Écrire un roman policier peut s’apparenter à la technique du tressage ou du tissage. Comme on noue ou l’on entrecroise des fils ou des cordelettes pour réaliser un motif, on se sert des différents éléments d’une affaire ou des personnages comme des brins de matière que l’on attache ou que l’on entrelace. Au fur et à mesure de ces opérations, apparaissent, comme un canevas, les différents tableaux de l’histoire. Dans La guerre invisible chaque brin, chaque évènement constitue un chapitre. Ces derniers sont plutôt courts ; ainsi l’ensemble est bâti de telle sorte que, malgré sa complexité, l’histoire se lit bien et vous tient en haleine.

Le héros de Chapman, Garett Reilly, est un trader de vingt-six ans très brillant analyste, mais amoral et antimilitariste, travaillant sur le marché obligataire, chez Jenkins & Altshuler à New-York, sous le regard indulgent et protecteur de son boss Avery Bernstein.

Le Livre des livres perdus, Giorgio Van Straten

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 24 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Actes Sud, Italie

Le Livre des livres perdus, avril 2017, trad. italien Marguerite Pozzoli, 176 pages, 18 € . Ecrivain(s): Giorgio Van Straten Edition: Actes Sud

 

Cette enquête passionnante autour de huit livres perdus, égarés ou disparus ou détruits pour diverses raisons, tient de la chasse aux trésors, entreprise par des adultes qui ont gardé l’âme des enfants chasseurs. Pourquoi ne peut-on lire ces œuvres d’auteurs célèbres ou reconnus ? C’est l’objet de cette recherche qui touche des récits, romans ou mémoires des XIXe et XXe siècles.

Ce livre comporte un avant-propos qui situe les enjeux de la quête fabuleuse, huit récits, une annexe (liste raisonnée des livres cités), un index des références. L’essai s’incruste au scalpel dans l’itinéraire créateur de huit écrivains qui ont, pour des motifs que ce livre argumente, abandonné, censuré, brûlé ou perdu une œuvre d’importance. L’essayiste s’est rendu sur les lieux de la disparition pour mener son enquête : Londres, Florence, Catalogne, Paris, Pologne, Canada, Moscou.

Les écrivains se nomment Romano Bilenchi, George Byron, Ernest Hemingway, Bruno Schulz, Nicolas Gogol, Malcom Lowry, Walter Benjamin et Sylvia Plath. Des itinéraires sombres pour plus d’un, marqués au sceau du suicide, de la boisson et de la névrose. L’intérêt marquant du livre est de nous faire vivre de l’intérieur ces pages qu’il nous sera impossible de lire mais bien d’imaginer, de rêver, parfois grâce à des découvertes qui tiennent du miracle.

Leçons de ténèbres, L’Amour à mort, Olivier Verdun

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 24 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Edilivre

Leçons de ténèbres, L’Amour à mort, décembre 2016, 62 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Olivier Verdun Edition: Edilivre

Le sous-titre de cet ouvrage, une fois atteinte la dernière ligne, dès que le lecteur se retourne, comme Orphée sur Eurydice, sur le chemin qu’il vient de parcourir sous la conduite d’Olivier Verdun, se met à osciller, à scintiller, à se troubler, à se fondre : l’Amour à mort ? La mort de l’Amour ? La mort et l’Amour ? L’Amour, la Mort ? Quelle(s) association(s) ?

De ces Leçons de ténèbres, sort-on éclairé ?

Pour le moins, on fait de belles rencontres. En effet, le traité d’Olivier Verdun fourmille de références, dont le large éventail met en réseau le chanteur Nick Cave et Ovide, Poe et Jankélévitch, Ionesco et Le Cantique des Cantiques, Boileau et Maître Eckart, Desnos et Rilke, Kierkegaard et les cinéastes Carl Dreyer ou Alain Resnais, pour n’en citer qu’un panel infime.

La mise en connexion, ou la confrontation, de points de vue tenant de la philosophie, de la poésie, du domaine religieux, de l’ésotérisme, du rock, du cinéma, tous en rapport plus ou moins étroit avec l’orphisme, cette relation ténébreuse, passionnée, passionnelle, jusqu’à pouvoir être infernale, qu’entretiennent l’Amour et la Mort, repose donc sur une vaste érudition et relève du tour de force intellectuel.

Parages 02, Revue du Théâtre National de Strasbourg

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 24 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues, Les solitaires intempestifs

Parages 02, Revue du Théâtre National de Strasbourg, avril 2017, 192 pages, 15 € Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Dans les parages »

Numéro 2

Comme le deuxième film dont la sortie est tant redoutée, comme une route dont la construction avance derrière d’énormes engins de chantier, Parages 02, la revue du TNS, est autant affaire de (re)connaissance (son format, sa typo, sa mise en page, ses textes et ses photos et « son équipe éditoriale ») que renouveau. Ainsi revenir dans les parages du théâtre d’aujourd’hui, des auteurs qui l’écrivent, des metteurs en scène qui le révèlent sur le plateau, des éditeurs qui le sanctifient, des lecteurs qui le découvrent dans la solitude de leur silence, mais toujours par des chemins de traverse.

Les mêmes : Frédéric Voissier, Mohamed El Khatib, Joelle Gayot, David Léon, Claudine Galéa ou Christophe Pellet, Lancelot Hamelin, Bérénice Hamidi-Kim, etc. Une revue n’est-elle pas justement esprit d’équipe (« esprit » dans toute la force du mot), approches partagées de l’écriture dramatique contemporaine ?

Pour saluer la parution de Jack London dans la Pléiade (1)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 22 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Livres décortiqués, USA, Roman, Nouvelles, Aventures, La Pléiade Gallimard

Jack London, Oeuvres, 2 tomes, 110 € les deux volumes, Octobre 2016 . Ecrivain(s): Jack London Edition: La Pléiade Gallimard

 

Jean-Marie Rouart, dans un texte intitulé « Je demandais aux livres : “Comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ?” » (paru dans la revue Commentaire en 2015), écrit ceci :

« Je n’imaginais pas que j’éprouverais autant d’émotions en remettant mes pas dans des coups de foudre parfois anciens. Soudain je retrouvai intacte mon ancienne ferveur en relisant […] le début du Peuple de l’abîme de Jack London ».

Reprenons ce début, tel qu’il est traduit par Véronique Béghain, dans le volume de la Pléiade :

« Mais c’est impossible, vous savez », me dirent des amis auprès desquels je venais chercher de l’aide pour m’immerger dans l’East End londonien. « Vous auriez intérêt à demander un guide à la police », ajoutèrent-ils, après réflexion, s’efforçant non sans mal de s’adapter aux mécanismes psychologiques du fou venu les trouver avec plus de références que de cervelle.