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La Une Livres

Je m’appelle Europe, Gazmend Kapllani

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 22 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, éditions intervalles

Je m’appelle Europe, trad. grec Françoise Bienfait, Jérôme Giovendo, 160 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gazmend Kapllani Edition: éditions intervalles

 

Dans cette époque où l’Europe même se veut mondialisée, les Balkans sont plus qu’un peu devenus une sorte de tiers-Europe, comme il y a – ou il y avait – le tiers-monde voire le quart-monde. Vous savez ces régions bizarres où corruption et dictatures poussent comme les mauvaise herbes le long de chemins que personne n’entretient, pas même les chèvres. D’ailleurs, sur les chemins de ce monde, il n’y a plus de chèvres, mais des longues files d’immigrés dont personne, nulle part, ne veut.

Gazmend Kapllani vient de ce monde-là. D’origine Albanaise, il a connu dictature, misère et immigration. Sur les routes mais aussi dans la langue. Il arrive en Grèce à 24 ans et va en adopter la langue pour y devenir écrivain. C’est de cette expérience, la sienne et celles d’autres « frères migrants » (1) que nous parle ce roman-reportage.

On ne part pas, Arnaud Le Vac

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions du Cygne

On ne part pas, juillet 2017, 56 pages, 10 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Vac Edition: Editions du Cygne

« Une page d’Homère et de Lucrèce, de David et de Dante, de Shakespeare et de Góngora, de Hölderlin et de Rimbaud. Le jour est autre, la nuit aussi. La singularité fait la différence, l’exception se vérifie.

Tout cela se passe sous nos yeux : vous êtes disponible à vous-même plus que jamais, à l’autre par-delà vous-même. Une page déroule et enroule votre voix comme une plage de musique et un chant le temps sous vos yeux ».

On ne part pas pourrait aussi s’appeler on ne meurt pas, tant ce jeune écrivain, éditeur et poète* s’impose par sa singularité, sa différence, son art brillant de rendre une phrase lumineuse, simplement lumineuse et musicale, comme si la main de Rimbaud s’était posée sur la sienne. On ne part pas est un chant du temps qui épouse chacun de nos mouvements, la main tourne les pages, l’œil fixe les lignes, l’oreille attentive écoute, et on peut aussi tenter l’expérience inverse : l’oreille tourne les pages, la main fixe les lignes, l’œil écoute et la beauté jaillit. C’est ce que l’on appelle l’expérience poétique dans ce qu’elle a de plus nécessaire, de plus vital, et ce tout petit livre déploie ses éclats luxuriants en toute sagesse. L’écriture d’Arnaud Le Vac est d’une grande limpidité, tout y est net et précis, presque transparent, c’est la ligne claire qui l’occupe.

Voyage d’hiver, Jaume Cabré

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, Actes Sud

Voyage d’hiver, février 2017, trad. Edmond Raillard, 304 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Actes Sud

 

« Si un ouvrage est bien écrit,

ses mots contiennent

la personne qui l’a créé ».

Jaume Cabré, Voyage d’hiver

 

La couverture des ouvrages publiés par les éditions Actes Sud exerce souvent un charme sur celui qui, furetant en librairie parmi les nouveautés, hésite. Le fidèle de ces éditions sait pouvoir compter sur la complicité entre illustration et texte. Ici, la reproduction du tableau de Fedor Karlovich Burkhardt, Un paysage d’hiver avec une troïka, évoque autant l’ambiance désolée du recueil que la curiosité que chaque nouvelle suscite.

Légende de Zakhor, Pierre Autin-Grenier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Carnets du dessert de lune

Légende de Zakhor, trad. allemand Rüdiger Fischer, trad. italien Fabio Scotto, trad. anglais Derek Munn, 104 p. 13 € . Ecrivain(s): Pierre Autin-Grenier Edition: Carnets du dessert de lune

 

Décédé en 2014, Pierre Autin-Grenier auteur d’une vingtaine d’ouvrages depuis 1980 aligne ici dix récits brefs, traduits pour cette édition en trois langues (italien, anglais, allemand). L’édition de 1996 (L’arbre à paroles) ne donnait à lire que les traductions anglaise et italienne.

La patte du styliste donne un supplément d’âme et de légèreté à ces Chroniques des faits (pour reprendre l’un des textes du présent volume et le titre de l’un de ses ouvrages à L’Arbre, en Aisne) : petits riens ordinaires, rehaussés de mystère, d’inconnu, d’incongru dans le tissu des vies.

Il y a de l’Hardellet sans doute dans cette manière de faire fleureter poésie et incertitude.

C’est parce qu’on ignorait d’où il venait, quand précisément, et comment surtout il était arrivé parmi nous qu’une couronne d’or maintenant en permanence illuminait son visage, que sa voix, disait-on, pouvait troubler l’eau des sources (p.81).

Murmures de l’absence, Gérard Mottet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Murmures de l’absence, éd. Tensing, avril 2017, 103 p. 12 € . Ecrivain(s): Gérard Mottet

 

Cette Note de lecture est dédiée à la mémoire de l’éditeur Éric Jacquet-Lagrèze, disparu brutalement.

Les auteurs publiés par les éditions Tensing appréciaient chez Éric Jacquet-Lagrèze son dévouement et sa générosité d’esprit remarquable.

Puisque ce livre de poèmes d’incomplétude a l’originalité de se clore par une citation en exergue à la toute dernière page, je souligne ce trait, au parfum de bruyère – celui connu par les poètes, cette bruyère d’Apollinaire entrevue sous les paupières lorsque celles-ci se recueillent ou lorsque l’on veut faire murmure au milieu du bruit qui nous prend parfois malgré nous :

« J’ai cueilli ce brin de bruyère

L’automne est morte souviens-t’en

Nous ne verrons plus sur terre

Odeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t’attends ».