Comment réduire des impressions de lecture, et cela de façon aussi peu cérébrale que possible, mais plutôt ressenties de l’intérieur, à l’image d’un chemin personnel que l’on fait en lisant de la poésie, sans en trahir le secret ? Cette question est bien vive ici, au sujet du recueil que Mireille Gansel publie ce mois-ci. Car il offre à la fois un voyage physique – Italie, Allemagne, mais aussi Paris ou Lyon – et nous fait partager un spleen. Et à travers lui, ce sentiment si particulier que chacun éprouve à sa manière sur l’hiver et ses lumières froides et blanches. Et là est la poésie justement, dans ce dénuement, dans ces mots éthérés, dans le rien, dans l’aube décharnée de janvier, principe intellectuel de la poésie qui raréfie les signes, qui les rend à eux-mêmes comme simple élément verbal, mais d’une telle simplicité hivernale, que la poésie naît et se développe, fait sens, épaissit le feuilletage de la signification, tout en se déchargeant des lourdeurs et des artifices brillants de l’été, par exemple, et de sa nature prospère.