La vie est saturée d’histoires fantasmées, de légendes inventées, de rumeurs infondées. Mais il faut reconnaître que celles qui circulent depuis quelques années sur la Casbah frôlent l’incroyable ; elles dépassent l’entendement ; elles bousculent l’ordre des certitudes ; elles étonnent jusqu’à l’incompréhension ; elles flirtent avec la folie, et parfois, elles transcendent l’irrationnel.
Tout d’abord, il y a ma mère qui excelle dans l’art de narrer des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête. A chaque fois que je l’ai au bout du fil ou qu’elle vient me rendre visite à Paris, elle passe le plus clair de son temps à me raconter dans le menu détail le moindre fait divers entendu au sujet de ce quartier où j’ai ouvert les yeux sur la vie, cette grande machine qui fait, défait, contrefait et refait les destinées !
Puis il y a mes copines qui n’y vont pas de main morte. A chaque retour du pays, elles ne ratent pas une seule occasion pour me brosser un tableau des plus sombres de ce quartier populaire qui enchanta tant d’âmes !
Et il y a les journaux qui, faute d’organiser des reportages in situ, se contentent de colporter des histoires inventées de toutes pièces qui inspirent la peur et alimentent la terreur.