Qui pourrait imaginer dans ce pays de cocagne, au septentrion de l’Europe, là où parfois les glaces emprisonnent les canaux, une grande étendue d’eau que les locaux appellent « la mer du Sud » ? Le long de cette mer intérieure s’égrène un chapelet de petites cités dont les noms résonnent de leurs consonances graves et mystérieuses, Enkhuizen, Elburg, Urk, Harderwijk, Blokzijl…
Le visiteur curieux, souvent solitaire, arpentant ces cités ne peut qu’être sensible au charme indolent de ces villes endormies. On devine en errant au milieu de leur architecture qu’elles furent autrefois prospères, vivantes et sérieuses. Aujourd’hui, les fières façades de leurs riches maisons semblent regarder, dans les bassins des ports, sommeiller de rares bateaux. Ces navires à l’arrêt tanguent lentement. Ils semblent jouer, tels des enfants sages, en se balançant au gré des vents souvent froids, brise ou bise, qui font claquer leurs voiles repliées ou leurs pavillons.