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Critiques

La Neige de Saint Pierre, Léo Perutz

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 08 Novembre 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Pays de l'Est, Roman, Zulma

La Neige de saint Pierre, octobre 2016, trad. allemand Jean-Claude Capèle, 240 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Leo Perutz Edition: Zulma

 

C’est un roman qui frôle le fantastique, un peu à la manière de Borges qui admirait beaucoup Perutz. Le ton est parfois très malicieux, ainsi lorsque George Friedrich Amberg, personnage principal, attend impatiemment une jeune femme. « …Eh oui ! Le temps chausse deux paires de chaussures différentes, poursuivit le fantôme. Avec l’une, il boite, avec l’autre, il fait des bonds. Et aujourd’hui, dans cette pièce, le temps a chaussé ses chaussures de boiteux, il ne veut pas passer ».

Un jeune médecin se réveille dans un lit d’hôpital, il se souvient d’évènements passés que personne n’accrédite. « (…) j’avais l’impression de ne plus être là, d’être couché dans un lit d’hôpital quelconque ; c’était une sensation très concrète, je sentais quelque chose d’humide et de chaud sur le front et dans la nuque, et j’essayais de m’en saisir, mais soudain, je ne parvins plus à bouger le bras et j’entendis les pas feutrés de l’infirmière. Il semble qu’à ce moment là, j’ai eu pour la première fois la vision de l’état dans lequel j’allais me trouver à la fin de toutes ces aventures ».

Sous Ponce Pilate, Gabriel Robin

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 08 Novembre 2016. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, Editions de Fallois, Histoire

Sous Ponce Pilate, février 2016, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): Gabriel Robin Edition: Editions de Fallois

 

« Soudain un cri s’élève. Jésus est là dans le temple, sous le portique de Salomon, debout au milieu d’une foule qu’il est en train d’enseigner… » (p.252). Transposé dans le contexte actuel, en mettant alors de côté le nom du personnage qui l’occupe, ce tableau suggéré à son rapporteur fasciné répondrait tout autant à la célébration d’un champion de maintenant, déjà vivement adulé mais attendu avec une avidité fiévreuse par ses supporters au lieu final de sa consécration. Ainsi souvent dans le traitement littéraire, grâce aux transports enthousiastes et aux pouvoirs amplificateurs de l’écriture, le petit peut-il apparaître grand (Swift et Gulliver nous le racontent particulièrement), le laid virtuellement beau (Quasimodo et Victor Hugo le suggèrent avec force), l’insignifiant essentiel ou sublime, l’éphémère éternel… Qu’en sont les réalités pourtant, en marge du regard strict des esprits subjugués, dans leur vérité crue ou intrinsèque et face au froid diagnostic de l’historicité ? Subjectivité et objectivité sont naturellement les marques dialectiques réunies tout au sommet de ce questionnement. Pour la question de Jésus et de la vision que nous en avons, qu’en est-il alors de sa vie, si éphémère s’agissant de son passage terrestre et si longue à travers quelque culte engendré après lui sous son nom.

Journal du ghetto de Lodz, 1939-1943, Dawid Sierakowiak

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 07 Novembre 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Histoire, Les éditions du Rocher

Journal du ghetto de Lodz, 1939-1943, septembre 2016, trad. Mona de Pracontal, photographies exemplaires Mendel Grossman, Henryk Ross, 348 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Dawid Sierakowiak Edition: Les éditions du Rocher

 

Du livre écrit en polonais par un jeune Juif, de ses quinze à dix-neuf ans, nous pouvons lire une traduction de traduction. Du Journal initial subsistent cinq cahiers, aux titres révélateurs : Lodz est occupée, Une faim continuelle, Nous vivons dans une peur constante, La bête assoiffée de sang, Il n’y a pas d’issue.

Du 28 juin 1939 au 15 avril 1943, le jeune Dawid a tenu son journal, relatant de manière précise les événements du ghetto et ceux qui parvenaient de l’extérieur.

Dans une langue claire, minutieuse, très descriptive, Dawid nous conte la vie passée au ghetto entre quête continuelle de nourriture et de travail, sa famille logée au troisième étage dans des conditions de promiscuité et de saleté extrêmes : le père, voleur invétéré même de la chiche nourriture de ses proches, la mère combative et adorée, la sœur Nadzia.

Le temps des sauvages, Sébastien Goethals (BD)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 07 Novembre 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Bandes Dessinées, Futuropolis

Le temps des sauvages, octobre 2016, 272 pages, 26 € . Ecrivain(s): Sébastien Goethals Edition: Futuropolis

Cœur d’homme, dent de bête

 

Homo, sacra res homini. L’homme est une chose sacrée pour l’homme (…) l’homme est un dieu pour l’homme.

Sénèque, Lettres à Lucillius

Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit. Quand on ne le connaît pas, l’homme est un loup pour l’homme.

PLaute, Asinaria, La Comédie des Ânes

 

L’ombre brisée d’un caddie sur un parking désert, une envolée de mouettes au-dessus d’un rocher échoué tel un cétacé et un couple énigmatique ouvrent la bande dessinée de Sébastien Goethals. La dominante chromatique de gris coloré accentue le côté film noir ou d’anticipation.

La Vengeance des mères, Jim Fergus

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 05 Novembre 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

La Vengeance des mères, septembre 2016, trad. anglais (USA) Jean-Luc Piningre, 464 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jim Fergus Edition: Le Cherche-Midi

 

Seize ans après la sortie en France de Mille femmes blanches, devenu rapidement un best-seller avec plus de 400.000 exemplaires vendus dans l’hexagone, Jim Fergus offre à ses lecteurs un second volet – il s’agira à terme d’une trilogie – avec La Vengeance des mères, poursuivant ainsi son plaidoyer à trois facettes : rendre justice aux peuples amérindiens exterminés, prôner le respect de la nature, mettre les femmes sur le devant de la scène.

Pour mémoire ou pour ceux et celles qui seraient passés à côté de Mille femmes blanches, rappelons le postulat de départ. Un accord secret aurait été passé entre le chef cheyenne Little Wolf et le président Grant pour échanger mille chevaux contre mille femmes blanches dans le but de favoriser l’intégration et la paix entre la nation américaine et les « Native ». Le second volet reprend le récit en 1875 après le massacre par l’armée américaine de la tribu de Little Wolf et le décès de l’héroïne principale May Dodd. Parmi les rescapés, des sœurs jumelles d’origine irlandaise, Meggie et Susie Kelly qui, dans leur fuite pour trouver refuge dans la tribu lakota de Crazy Horse, perdront leurs bébés victimes du froid glacial des montagnes du Dakota.