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Chroniques Ecritures Dossiers

Entretien avec Marc Pautrel

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 19 Juillet 2011. , dans Chroniques Ecritures Dossiers, Les Dossiers, La Une CED, Univers d'écrivains, Entretiens

Mené par Matthieu Gosztola

Vous semblez faire en sorte que le cadre de vos récits ait trait toujours à une certaine a-temporalité, qui pourrait presque s’apparenter à celle des contes, ce qui n’est pas seulement perceptible dans Le Métier de dormir (Confluences, 2005). Ce lien constant entre les contes et vos récits tient aussi me semble-t-il à leur brièveté qui permet de ne jamais les clore, et de les rattacher à un héritage grandiose du récit elliptique et bref où ce sont nos rêves, notre imaginaire, qui viennent poursuivre les faits relatés. Faire choir les récits de la contemporanéité afin de les faire tomber dans l’imprécision des rêves et des contes, mais toujours suivant l’extrême précision que permet votre écriture, ses entrelacs et son chant comme se déployant en contre-points successifs, est-ce ce qui paradoxalement permet de dire vraiment quelque chose du contemporain ?


Je crois que ce qui est commun à tous mes textes, c’est leur caractère légendaire. Le récit, ou pour les textes plus longs, les histoires (ou romans), sont livrés par écrit en raison de l’importance quasi mythique que le narrateur leur accorde. Il faut raconter cette chose, apparemment commune, mais qui met en lumière une vérité.

A l'aube de l'humanité

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 19 Juillet 2011. , dans Chroniques Ecritures Dossiers, Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

En hommage au film "Incendie"


L’origine ne sera pas bouleversée par la mort.

Sans affect, elle veut la vie et elle poursuit celle qui fauche et foudroie.

Son temps n’est pas le nôtre, le fils devient le père et la victime le bourreau.

Celui qui agit pâtit.


La rédemption sourcille de l’opposition, elle n’a que faire des soubresauts de « la bonne conscience ». Ici tout est entremêlé, on ne parvient plus à distinguer la quintessence de l’humanité. Magma de sang et d’amour ruisselant sur la femme qui accouche et sur l’homme qui crie lorsqu’on lui applique le fer forgé de la punition.

The killing of a chinese cookie *

Ecrit par Philippe Leven , le Dimanche, 17 Juillet 2011. , dans Chroniques Ecritures Dossiers, Ecriture, Nouvelles, La Une CED


Au fond, les longues enfilades de quais gris et roides, les lignes droites sans fin des hangars, cassées par les jets verticaux des grues, font du port du Havre la suite imperturbable de la ville... Ou l’inverse, on ne sait plus ; dans un univers d’angles droits tout angle en vaut un autre : 90°. Droites et béton armé. La seule chose qui soit armée ici c’est le béton. Le reste est mou, veule, dans les ventres et dans les têtes. A part « Little Bob Story », pensait François. Il aimait bien LBS, très texan, gras, un peu sale. Le ZZ Top havrais, l’honneur du Havre.

François n’avait pas envie d’être là. Surtout pas au bord de ce bassin glauque et écoeurant, derrière la centrale thermique du port. La fébrilité de tous ces chinois et vietnamiens avait quelque chose d’inhumain, entre névrose et mécanique grotesque. Le pire naissait du contraste entre le sentiment morbide que provoquait la gestuelle et la raison de leur présence ici : ils PECHAIENT ! En pleine nuit, frénétiques, tendus, gris plomb, parfaitement silencieux, ils sortaient de l’eau sale et chaude des turbines de l’usine des poissons brillants et frétillants, seul élément vivant dans ce monde de spectres. A un rythme incroyable. Sans plaisir, sans humour, un par minute, le temps de renvoyer leur fil dans l’eau, silhouettes blafardes dans la lueur des réverbères. Mais ce soir-là, une tension de plus flottait dans l’air.

Le récit d'un arpentage

Ecrit par Didier Ayres , le Dimanche, 17 Juillet 2011. , dans Chroniques Ecritures Dossiers, Ecriture, La Une CED, Récits

Ou les travaux du promeneur


Je sais marcher. Je sais déambuler. Oui, choisir une rue plutôt qu'une autre. Je sais cheminer, aussi, dans les sentiers. Et, ces marches sont des travaux pour moi. J'y réfléchis, et si je suis accompagné, je disserte. J'aime donc aller pour faire discours. Par exemple, en poursuivant lentement sur l'avenue qui longe les voies ferrées. Ne pas savoir. Divaguer. Juste à l'écoute de l'amble de la marche. Donc, me hasarder, suivre là, l'allée qui débouche sur Pompidou-Metz, et le mur vert-de-gris qui masque les lignes de la compagnie des transports ferrés. Puis, tourner, revenir, regarder. Voir les trois rectangles qui sont comme des tiges en équilibre d'un grand mikado de béton. Géants, mais qui paraissent fragiles comme des oiseaux. En une sorte de lévitation hasardeuse. Alors, je ne suis plus ici, mais aux côtés de Kagemusha, avec lui, la doublure du guerrier, près de sa tente de combattant, de samouraï, dans ce mélange de la force des armes et de la faiblesse de la toile de l'abri. Mais, pour finir, beaucoup de gris, de blanc, et les lignes de chemins de fer où, là encore, je regarde non pas la liaison ferroviaire, mais les petites gares d'Ozu et ses mariages difficiles. Donc, le cinéma. Donc ce qui nécessite l'identification. La catharsis. La confusion de soi et du paysage. Faire le discours de cette relation. Faire de mes propres yeux le parcours de la promenade, comme pour un plan rapproché.

Carnets d'un fou - XI

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 14 Juillet 2011. , dans Chroniques Ecritures Dossiers, Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

Michel Host

Le 4 juillet 2011


Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

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Les intuitions des poètes sont les aventures oubliées de Dieu.

Elias Canetti, Le Territoire de l’homme


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