Encore un ? Oui, encore un roman pour raconter la mort d’un père. Cet « invariant » de la psychanalyse continue d’irriguer la production romanesque (L’Absolue perfection du crime, de Tanguy Viel, 2001 ; La Chute de cheval, de Jérôme Garcin, 1998 ; etc.)
La littérature s’est éloignée, à force de réécritures, de l’enquête psychanalytique que constituaient au siècle dernier les récits de la mort du père, chez Samuel Beckett ou Claude Simon. Ce qui était à l’époque un thème de fiction passe maintenant l’épreuve du feu qu’écrivain-e-s, lectrices et lecteurs semblent unanimement exiger de tous les thèmes de fiction : la dissolution harmonieuse dans l’écriture autobiographique.
Le propos général est limpide : Malika Wagner parvient, à travers l’enterrement de son père en Algérie, à « effacer sa trace », à être soi-même en se délivrant du poids du passé qui la rattachait à l’histoire familiale et à cet « homme peu fréquentable » (p.8). C’est donc un roman optimiste sur la liberté individuelle, malgré l’incessant rappel de ses origines que la société française inflige à la narratrice dans la troisième partie, tant par des discriminations que quand des collègues bien intentionnés lui proposent de se trouver un pseudonyme plus « ronflant » que son propre prénom (p.172).