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Albin Michel

Les éditions Albin Michel sont une maison d'édition française indépendante, fondée en 1900 par Albin Michel et dirigée par Francis Esménard.

Abondamment présentes à chaque rentrée littéraire, les éditions Albin Michel font confiance aussi bien à des auteurs débutants que confirmés. Depuis 1992, Albin Michel publie environ 450 nouveautés par an (pour 100 en 1967). Pas une année ne s'est écoulée sans qu'un auteur figure parmi les meilleures ventes annuelles de l'édition française.

 


Urbex RDA, L’Allemagne de l’Est racontée par ses lieux abandonnés, Nicolas Offenstadt (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 30 Juin 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Urbex RDA, L’Allemagne de l’Est racontée par ses lieux abandonnés, Nicolas Offenstadt, 225 pages, 34,90 € Edition: Albin Michel

« J’étais pourtant, et plus que jamais, conscient que l’humanité ne méritait pas de vivre, que la disparition de cette espèce ne pouvait, à tous points de vue, qu’être considérée comme une bonne nouvelle ; ses vestiges dépareillés, détériorés n’en avaient pas moins quelque chose de navrant » (Michel Houellebecq, La Possibilité d’une île).

Dans la sinistre panoplie des armes de destruction massive, la bombe à neutrons est (ou était ?) supposée anéantir toute vie humaine et animale, mais laisser intacts bâtiments et infrastructures. Faute (heureusement) de l’avoir testée dans des conditions réelles, on ignore si c’est vrai ou non. Le paradoxe est que, pour produire les résultats qu’on voit dans Urbex RDA, il n’a pas fallu faire usage de la moindre violence. La RDA est l’exemple d’un pays, d’un État, qui a disparu dans un éternument, sans que le moindre coup de feu ait été tiré. Autant, pour venir à bout de l’Allemagne nazie, il fallut sacrifier des millions d’hommes et utiliser des tonnes de bombes, autant l’effondrement du régime Est-allemand (dont il faut, cela va de soi, se féliciter) eut quelque chose de feutré et, pour tout dire, d’un peu minable, y compris dans le malentendu – le porte-parole du gouvernement Est-allemand, Günter Schabowski, relisant mal ses notes – qui conduisit à l’ouverture du Mur.

La mangeuse de guêpes, Anita Nair (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 29 Mai 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La mangeuse de guêpes (Eating wasps), Anita Nair, février 2020, trad. anglais (Inde) Patricia Barbe-Girault, 343 pages, 20,90 € Edition: Albin Michel

 

« C’est mon petit doigt qui me l’a dit ! »

La romancière Anita Nair connaît-elle cette expression bien française ? La formule possède-t-elle son équivalent en Inde ?

Quoi qu’il en soit, voilà un roman dont la narratrice est, singulièrement, la phalange d’un doigt, précieusement recueillie, après le suicide de sa « propriétaire » et son incinération, par l’amant dont le lâche comportement a, au premier chef parmi d’autres raisons, conduit la jeune femme, Sreelakshmi, professeure, écrivaine, à se donner la mort à la date précise du 25 octobre 1965.

Cinquante ans plus tard, dans un sombre recoin d’un hôtel du Kerala portant l’enseigne Near the Nila parce que situé au bord de la rivière du même nom, l’os est retrouvé au fond d’une vieille armoire pourrissante, par Urvashi, une femme harcelée venue s’y réfugier.

Le Temps des magiciens, 1919-1929, L’invention de la pensée moderne, Wolfram Eilenberger (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 17 Mars 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Langue allemande

Le Temps des magiciens, 1919-1929, L’invention de la pensée moderne, Wolfram Eilenberger, septembre 2019, trad. allemand, Corinna Gepner, 460 pages, 22,90 € Edition: Albin Michel

C’est une photo de classe comme on en a pris des dizaines de milliers ; avec des enfants aujourd’hui réduits en poussière, quelles qu’aient été leurs vies après le passage du photographe. Sur cette photo des années 1900, au lycée technique de Linz (Autriche), on remarque à moins de deux mètres l’un de l’autre deux élèves nommés Ludwig Wittgenstein et Adolf Hitler. Nul ne le sait au moment où le cliché a été pris, mais il résume à lui seul une bonne partie du XXe siècle.

Présenter de manière agréable et claire quatre des systèmes philosophiques parmi les plus ardus est une gageure que Wolfram Eilenberger, d’une plume alerte et vive, est presque parvenu à relever. À sa décharge, on notera que la pensée de Heidegger demeure opaque sous bien des rapports et que, comme on l’a observé, il n’est pas sûr que certains de ses écrits aient simplement un sens. Le Temps des magiciens entrelace avec habileté les biographies de quatre philosophes majeurs du XXe siècle : Ludwig Wittgenstein, Ernst Cassirer, Walter Benjamin et Martin Heidegger, envisagés durant la décennie qui court de 1919 à 1929.

Anatomie de l’horreur, Stephen King (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 03 Février 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Fantastique

Anatomie de l’horreur, 2018, trad. anglais (USA) Jean-Daniel Brèque, 620 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Stephen King Edition: Albin Michel

 

Adulé par le public, mais longtemps boudé par les critiques qui écrivent dans les suppléments littéraires des quotidiens, Stephen King a consacré sa carrière à un sous-genre considéré (à tort) comme mineur, voire infréquentable : le roman d’horreur. Il s’intéressa également au cinéma, à la fois comme spectateur de films et lorsque le 7ème art vint frapper à la porte de son bureau pour transposer ses livres (King semble un des rares écrivains satisfaits des adaptations cinématographiques de leurs œuvres. Il est vrai que John Carpenter, Brian De Palma et surtout Stanley Kubrick ne sont pas les premiers venus).

Anatomie de l’horreur fournit une occasion privilégiée d’ouvrir la porte de ce bureau et d’y jeter un long regard. King y présente le bilan d’une vie de lecture et d’écriture, à travers les œuvres qui l’ont marqué et non sans insister sur les différences radicales entre la littérature et le cinéma (les œuvres les plus « littéraires » étant les moins « cinématographiques », comme l’ont montré les échecs répétés – quand on a seulement tenté l’entreprise – des adaptations de Cervantès, Proust, Borges ou Joyce).

Le vent reprend ses tours, Sylvie Germain (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 23 Janvier 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le vent reprend ses tours, 2019 213 pages . Ecrivain(s): Sylvie Germain Edition: Albin Michel

 

Sylvie Germain poursuit avec finesse son œuvre singulière. Son dernier roman met en scène un saltimbanque à demi tzigane, joueur de sons et de mots, compositeur de vers saugrenus qu'il murmure aux oreilles des gens à l'aide d'un de ses instruments à sons, à souffle et à chuintements. Sans doute un hommage aux souffleurs poétiques, un collectif d'artistes-poètes, « commandos poétiques », créé par Olivier Comte en 2001, qui chuchotent à l’oreille des passants des secrets poétiques, philosophiques et littéraires à l'aide de longues cannes creuses.

Le roman conte l'histoire d'une rencontre magique entre un mage loufoque exilé de Roumanie, « formidable conteur », héritier d'un passé tragique, et un garçon solitaire et sensible, porteur d'un chagrin qui lui colle à la peau. C'est l'histoire d'une initiation poétique et d'une rédemption par la poésie. Les années d'enfance deviennent « belles comme on le dit d'échappées, au double sens d'être sauvé de justesse d'un danger, une chute, une agression, et de trouée de lumière dans un ciel ennuagé ».