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Albin Michel

Les éditions Albin Michel sont une maison d'édition française indépendante, fondée en 1900 par Albin Michel et dirigée par Francis Esménard.

Abondamment présentes à chaque rentrée littéraire, les éditions Albin Michel font confiance aussi bien à des auteurs débutants que confirmés. Depuis 1992, Albin Michel publie environ 450 nouveautés par an (pour 100 en 1967). Pas une année ne s'est écoulée sans qu'un auteur figure parmi les meilleures ventes annuelles de l'édition française.

 


Mauthausen, Iakovos Kambanellis (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Novembre 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Récits

Mauthausen, Iakovos Kambanellis, janvier 2020, trad. grec, Solange Festal-Livanis, 374 pages, 22,90 € Edition: Albin Michel

 

Il en va de la « littérature des camps » comme du Livre de sable borgésien : tout se passe comme s’il restait toujours quelque chose à découvrir, un livre qui viendrait ajouter sa touche à un tableau déjà effroyablement précis et pourtant à jamais incomplet. On sait peu que, parmi les victimes de la machine de mort nazie, il y eut un contingent non négligeable de Grecs, parmi lesquels un jeune homme, Iakovos Kambanellis, né en 1922, arrêté à Innsbruck alors qu’il avait fui sa patrie occupée et envoyé dans le camp le plus proche de l’Autriche, à Mauthausen, où il fut détenu d’octobre 1943 à la libération par les troupes américaines. Il eut la bonne fortune d’échapper à la chambre à gaz, aux médecins impies et au Wiener Graben, la carrière de granit – avec son escalier interminable, propice à toutes les blessures – où les prisonniers extrayaient des tonnes de roche, jusqu’à ce que mort s’en suive. De retour en Grèce, pour trouver un sens à sa vie et exorciser les mauvais souvenirs, Kambanellis entama une carrière d’écrivain et de dramaturge. Mauthausen fut publié en 1965, vingt ans après la fin de la guerre.

La Liste de Varian Fry, Bernadette Costa-Prades (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 09 Novembre 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire

La Liste de Varian Fry (Août 1940 - Septembre 1941), Le sauvetage des artistes et intellectuels par le premier Juste américain, Bernadette Costa-Prades, janvier 2020, 220 pages, 19 € Edition: Albin Michel

Qu’eurent en commun André Breton, Franz Werfel, Marc Chagall, Hannah Arendt, Victor Serge, André Masson, Lion Feuchtwanger, Jacques Hadamard, et quelques centaines d’autres personnes dont l’Histoire n’a pas retenu le nom (on pourrait y ajouter Walter Benjamin, passé en Espagne, mais finalement refoulé – voir les pages 73-82) ? Ils doivent à un Américain oublié, Varian Fry (1907-1967), d’avoir pu quitter la France occupée pour des cieux plus cléments. Fry avait voyagé en Allemagne dès 1935 et compris ce qui allait se produire. Depuis Marseille, aidé notamment par le vice-consul américain Hiram Bingham (homonyme de son père, qui avait découvert en 1911 le site du Machu Picchu), soutenu d’abord et lâché ensuite par Eleanor Roosevelt, Fry organisa plusieurs filières d’évasion et de fabrication de faux papiers. Contraint de rentrer aux États-Unis, déçu et amer, il chercha en décembre 1942 à porter à la connaissance de l’opinion américaine le processus génocidaire qui se déroulait en Europe ; sans succès, la dénonciation de la Shoah passant alors pour de la propagande complotiste (même si l’épithète infamante n’avait pas encore été forgée). Fry abandonna le journalisme, devint professeur de latin et mourut dans l’oubli complet. En 1996, pourtant, il fut le premier citoyen américain honoré du titre de « Juste parmi les nations ».

Le Procès de Spinoza, Jacques Schecroun (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Juin 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Procès de Spinoza, Jacques Schecroun, mars 2021, 348 pages, 21,90 € Edition: Albin Michel

 

Rares, très rares sont les décisions de justice dont l’écho se fait encore entendre des siècles plus tard ou qu’on éprouve le besoin de réviser alors que tous les protagonistes sont depuis longtemps boue et poussière au fond de tombes oubliées. À la tête du jeune État d’Israël, David Ben Gourion essaya, semble-t-il, de faire casser le jugement formulé trois siècles plus tôt, le 27 juillet 1656, par le tribunal rabbinique d’Amsterdam à l’encontre d’un jeune homme de vingt-quatre ans, le déclarant exclu de la communauté juive pour l’éternité. Rien que ça. Mais les rabbins de Jérusalem ne parurent pas mieux disposés que leurs lointains prédécesseurs amstellodamois, dont on peut admettre qu’à défaut d’avoir raison, ils aient eu leurs raisons (on ignore cependant lesquelles). À la froide lumière du regard rétrospectif, leur décret d’anathème apparaît comme un monument d’éloquence grandiloquente et vaguement ridicule, surtout à l’égard d’un des premiers esprits de l’humanité (il faut beaucoup de candeur pour écrire, comme le fait Roland Caillois dans l’édition de la Pléiade : « on ne lui ferme nullement la porte et un paragraphe contient même une sorte de promesse voilée »).

Le Train des enfants, Viola Ardone (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Le Train des enfants (Il Treno dei bambini, 2019), Viola Ardone, janvier 2021, trad. italien, Laura Brignon, 292 pages, 19,90 € Edition: Albin Michel

 

Les pieds dans des chaussures. L’odeur et la forme. L’empreinte. À hauteur d’enfant. Parce que les enfants voient d’abord les pieds des adultes. Amerigo Speranza a sept, presque huit ans. Une vie en cinquante-trois chapitres. Du Sud au Nord de l’Italie. Père inconnu. La mère, Antonietta, elle est belle. Une voix de contrebasse. Belle parce que les enfants entendent ce que disent les hommes d’elle. Et le père est parti, ou reparti en Amérique, une fois la seconde guerre mondiale terminée. Terminée. Ça, c’est l’histoire qu’elle raconte à Amerigo.

« Les femmes, elles, marchent sans honte et traînent deux, trois, quatre enfants par la main. Moi je suis fils unique, vu qu’avec mon frère Luigi on n’a pas eu le temps de se connaître. On n’a pas eu le temps avec mon père non plus, je suis né en retard sur tout le monde ».

Brèves de solitude, Sylvie Germain (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 22 Mars 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Brèves de solitude, janvier 2021, 210 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Sylvie Germain Edition: Albin Michel

 

Destins croisés au temps de la Covid 19

Que l’épidémie de la Covid 19 puisse donner lieu à une contagion de récits romanesques, cela est certain. On peut s’attendre à être submergé par des fictions qui vont s’emparer de cette pandémie. Qu’on soit écrivain ou pas, d’ailleurs, on n’échappe pas à son époque. L’épisode que nous vivons avec ses conséquences, confinement, couvre-feu, gestes-barrières et relations aux autres à reconsidérer, tout cela nous tracasse, nous agace, voire nous obsède, on ne peut le nier. L’idiosyncrasie de l’écrivain avec sa porosité à tout ce qui est humain le prédestine à cette source d’inspiration pour le pire, et on l’espère, pour le meilleur.

Le dernier ouvrage de Sylvie Germain s’installe d’emblée dans cette époque chaotique que nous vivons. La romancière évoque plusieurs dizaines de personnages, tous différents dans leurs singularités, des « caractères » ou des types humains et que l’auteure nomme par leurs seuls prénoms. Une sorte de comédie humaine où l’on découvre Joséphine, Guillaume, Magali, Anaïs, Xavier… Des personnages de tous âges et de toutes conditions.