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Œuvres complètes, Madame de Lafayette en La Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Mai 2014. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Récits, Roman

Madame de Lafayette Œuvres complètes, Edition établie, présentée et annotée par Camille Esmein-Sarrazin. 1600 p. 60 € jusqu’au 30 juin 2014, 68 € après . Ecrivain(s): Madame de Lafayette Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

La Pléiade accueille Madame de Lafayette et c’est une belle nouvelle pour les Lettres françaises et en particulier pour les femmes de lettres françaises. Elle fut, elle est un des fleurons de ce qu’elle contribua fortement à inventer : le roman moderne.

L’incroyable modernité de l’écriture de Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, dite Madame de Lafayette, vient de sa réflexivité permanente, sorte d’introspection constante des personnages qui annonce les grands romans du XIXème siècle – ceux de Flaubert en particulier – et du XXème siècle. Elle marque ainsi une véritable révolution littéraire, elle qui était pourtant d’une telle discrétion qu’elle cacha même longtemps qu’elle était l’auteure de la Princesse de Clèves. C’est donc un véritable retour aux sources du roman moderne que nous offre La Pléiade.

Nous sommes tous morts, Salomon de Izarra

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Mai 2014. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Fantastique, Roman

Nous sommes tous morts, 7 mai 2014, 120 p. 15€ . Ecrivain(s): Salomon de Izarra Edition: Rivages

 

Si vous adorez les frissons nocturnes, les grandes peurs venues du fond de l’enfance et qui, toujours, nous poursuivent de leurs frissons délicieux, n’hésitez pas un instant, précipitez-vous sur le livre de Salomon de Izarra ! On jurerait par moment que ce n’est pas un livre de notre temps, on le dirait sorti tout droit du XIXème siècle, voire du XVIIIème siècle baroque. Les lectures de l’auteur sont là, sans cesse présentes, traversant en fulgurances régulières le récit haletant et terrifiant : Melville, Poe, Maupassant, Lovecraft et d’autres encore.

Le thème aussi est récurrent dans la littérature fantastique : le bateau maudit, hanté, fantôme. Et le jeune Izarra n’hésite pas, il fonce tête baissée avec un talent, un culot inouïs, sur les traces de ses fantômes littéraires ! Ses maîtres. Et le culot ici trouve toute sa récompense.

« Nous sommes tous morts » est une réussite parfaite. Âmes sensibles s’abstenir ! On a droit à toute les formes de l’horreur fictionnelle, les ombres, le froid glacial, le brouillard, les meurtres, les suicides, le cannibalisme enfin, parce qu’il faut bien survivre ! Vous serez avertis, ne vous plaignez pas au critique, il vous dit là que ce livre n’est pas fréquentable. Enfin, tellement fréquentable veut-il dire : un vrai bonheur d’horreur !

Les ingénieurs du bout du monde, Jan Guillou

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 02 Mai 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman

Les ingénieurs du bout du monde, 2013 trad. du suédois par Philippe Bouquet. 622 p. 26,80 € . Ecrivain(s): Jan Guillou Edition: Actes Sud

Vaste fresque à l’ancienne, récit picaresque de grandes aventures, peinture d’un XXème siècle de technologie galopante et de rêves si souvent brisés, Les Ingénieurs du bout du monde est tout cela à la fois. Une sorte de roman à la Jules Verne mais là où Verne regardait devant, Guillou regarde dans le rétroviseur. Il revisite après coup la « religion » scientifique et technologique du XXème siècle.

Trois frères, nés dans une famille rurale très pauvre du nord de la Suède, se révèlent de remarquables élèves – en particulier en sciences – et ces talents, alliés à une immense habileté manuelle, les amène à réaliser, pour jouer, une réplique parfaite d’un drakkar viking très ancien. Leur exploit retentit jusqu’en Allemagne – alors à la pointe du progrès technologique – et les trois fils de pêcheur vont se voir offrir une bourse pour aller faire leurs études d’ingénieurs à Dresde.

Trois destins aventureux et brillants semblent s’ouvrir. Et curieusement ce sera deux destins. L’un des trois frères se révèle homosexuel et va vivre à Londres son amour pour un homme. Disparition définitive du personnage, dont nous n’aurons plus aucune nouvelle de tout le livre, effacé en quelque sorte par son « crime » d’homosexualité ! Quel est le choix de l’auteur ? Mystère ! On peut – vaguement - espérer (s’agissant d’un premier volume à une vaste fresque), que le frère homosexuel et maudit réapparaitra un jour !

BHL se trompe de guerre !

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Avril 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

BHL me pose un problème essentiel. Philosophiquement essentiel, et donc qui relève de l’essence.

D’abord, je tiens à dire que je suis toujours à deux doigts d’écrire une chronique pour prendre la défense de Bernard-Henri Lévy : le torrent d’attaques ignobles dont il est l’objet régulièrement me soulève le cœur. « Libération » a dû clore les « réactions » de lecteurs tant les vannes de l’injure et de l’antisémitisme étaient largement ouvertes lors de « l’affaire Botul » naguère. Et c’est souvent comme ça dès qu’on parle de BHL. Les attaques ad hominem prennent vite le pas sur l’argumentaire. On a d’ailleurs même plus besoin d’argumentaire, les ricanements suffisent, les allusions aux chemises ouvertes ou à la fortune ou à la compagne etc. La couleur de la haine qu’il suscite est hélas trop souvent du même ton qu’une autre haine millénaire.

Mais bon. Ça n’empêche pas de dire quand le bonhomme perd complètement les pédales. Je parle d’un livre récent qu’il a signé. Je suis courageux de l’avoir lu, c’est un pavé. « Pièces d’identité ». Pour être encore plus précis et honnête, je n’ai lu que la partie (conséquente) intitulée « Le Génie du Judaïsme ». Plus de deux cent cinquante pages tout de même. Avec un titre alléchant, emprunté à Chateaubriand, véritable moment du romantisme français.

Los Angeles Nostalgie, Ry Cooder

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, USA, 13ème note éditions

Los Angeles nostalgie (Los Angeles stories), Traduit (USA) par Ariane Bataille, 296 p. 22,90 € . Ecrivain(s): Ry Cooder Edition: 13ème note éditions

 

Ryland Peter Cooder, ô combien mieux connu sous le nom de Ry Cooder, nous avait ébloui de son talent fabuleux de guitariste slide et de bluesman depuis la fin des années 60. Le voici dans un rôle d’écrivain, de nouvelliste, et le résultat est brillant.

Qu’on se rassure, Ry n’a pas oublié la musique. Elle est présente dans toutes les nouvelles de ce recueil. Sous toutes les formes – et Dieu sait qu’il y en a moult ! – qui le passionnent : le texmex, le blues, le jazz, le country. On croise à chaque coin des rues de LA des personnages rares, souvent déjantés, qui grattent pour des cachetons de misère, ou qui soufflent, ou qui poussent la chansonnette.

Le LA de Ry est celui qu’on attendait de lui et de ses convictions affichées « à gauche » (!) : c’est celui des pauvres, des ouvriers, des chicanos, des noirs, des paumés, des petits malfrats à la petite semaine. L.A. nostalgie compose un tableau bigarré et attachant de la Cité des Anges des années 50, celle de Raymond Chandler et de Dashiell Hammett, des débuts du Rock and Roll, du règne du blues. Au détour d’une page, on rencontre John Lee Hooker, d’une autre page, TBone Walker. Et tant d’autres. Ry cooder rend hommage au berceau de son enfance.