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BHL se trompe de guerre !

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Avril 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

BHL me pose un problème essentiel. Philosophiquement essentiel, et donc qui relève de l’essence.

D’abord, je tiens à dire que je suis toujours à deux doigts d’écrire une chronique pour prendre la défense de Bernard-Henri Lévy : le torrent d’attaques ignobles dont il est l’objet régulièrement me soulève le cœur. « Libération » a dû clore les « réactions » de lecteurs tant les vannes de l’injure et de l’antisémitisme étaient largement ouvertes lors de « l’affaire Botul » naguère. Et c’est souvent comme ça dès qu’on parle de BHL. Les attaques ad hominem prennent vite le pas sur l’argumentaire. On a d’ailleurs même plus besoin d’argumentaire, les ricanements suffisent, les allusions aux chemises ouvertes ou à la fortune ou à la compagne etc. La couleur de la haine qu’il suscite est hélas trop souvent du même ton qu’une autre haine millénaire.

Mais bon. Ça n’empêche pas de dire quand le bonhomme perd complètement les pédales. Je parle d’un livre récent qu’il a signé. Je suis courageux de l’avoir lu, c’est un pavé. « Pièces d’identité ». Pour être encore plus précis et honnête, je n’ai lu que la partie (conséquente) intitulée « Le Génie du Judaïsme ». Plus de deux cent cinquante pages tout de même. Avec un titre alléchant, emprunté à Chateaubriand, véritable moment du romantisme français.

Los Angeles Nostalgie, Ry Cooder

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, USA, 13ème note éditions

Los Angeles nostalgie (Los Angeles stories), Traduit (USA) par Ariane Bataille, 296 p. 22,90 € . Ecrivain(s): Ry Cooder Edition: 13ème note éditions

 

Ryland Peter Cooder, ô combien mieux connu sous le nom de Ry Cooder, nous avait ébloui de son talent fabuleux de guitariste slide et de bluesman depuis la fin des années 60. Le voici dans un rôle d’écrivain, de nouvelliste, et le résultat est brillant.

Qu’on se rassure, Ry n’a pas oublié la musique. Elle est présente dans toutes les nouvelles de ce recueil. Sous toutes les formes – et Dieu sait qu’il y en a moult ! – qui le passionnent : le texmex, le blues, le jazz, le country. On croise à chaque coin des rues de LA des personnages rares, souvent déjantés, qui grattent pour des cachetons de misère, ou qui soufflent, ou qui poussent la chansonnette.

Le LA de Ry est celui qu’on attendait de lui et de ses convictions affichées « à gauche » (!) : c’est celui des pauvres, des ouvriers, des chicanos, des noirs, des paumés, des petits malfrats à la petite semaine. L.A. nostalgie compose un tableau bigarré et attachant de la Cité des Anges des années 50, celle de Raymond Chandler et de Dashiell Hammett, des débuts du Rock and Roll, du règne du blues. Au détour d’une page, on rencontre John Lee Hooker, d’une autre page, TBone Walker. Et tant d’autres. Ry cooder rend hommage au berceau de son enfance.

Le lys de Brooklyn, Betty Smith

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Belfond

Le Lys de Brooklyn (A tree grows in Brooklyn) Traduction (USA) Maurice Beerbrock 1946. mars 2014. 709 p. 19 € . Ecrivain(s): Betty Smith Edition: Belfond

Les éditions Belfond continuent avec leur collection Vintage à nous dénicher des bijoux qui ont eu leur heure de gloire et – on ne sait pour quelle étrange raison – ont un peu disparu des mémoires de lecteurs. Ce fut il y a peu le superbe « Edisto » de Padgett Powell (lien). Voici « le lys de Brooklyn » de Betty Smith, non moins superbe !

Ce livre a vraiment connu son heure de gloire. Jugez-en. Publié en 1943,  il connut un succès immédiat et phénoménal, plus d’un million d’exemplaires vendus la première année. Mieux encore, Elia Kazan s’en saisit aussitôt pour réaliser le film éponyme de 1945 qui fut également un grand succès populaire. Traduit en français en 1946 par Maurice Beerblock et depuis, plus d’édition ! Voici donc un beau présent dans nos mains !

Elle s’appelle Francie. C’est la petite héroïne du roman. Francie, presque Frankie ; Il est impossible de ne pas penser à la « Frankie Addams » de la grande Carson McCullers tant ces deux très jeunes filles ont de traits communs : La vivacité, l’intelligence immédiate des situations et des personnes, la drôlerie, la droiture morale, la bonté. Les deux livres sont parfaitement contemporains, ce qui ajoute à la nécessité du rapprochement. Mais avec Betty Smith, la période de la narration est plus étendue, quelques années et la démarche initiatique plus évidente.

Poésie de langue française, anthologie thématique, Jean Orizet

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Cherche-Midi

Poésie de langue française, Anthologie thématique, novembre 2013. 633 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Jean Orizet Edition: Le Cherche-Midi

 

« Pourquoi lire la poésie ? Pour vivre mieux et plus haut »

Jean Orizet conclut ainsi sa préface. Et le talent qu’il déploie à travers ces 650 pages de bonheur nous apporte la conviction qu’en effet les poèmes sont une formidable source de vie et de plaisir.

Une anthologie poétique – il y en a tant – est toujours une entreprise périlleuse. La subjectivité des choix porte en elle l’omission, la sur-citation, parfois même la rengaine. Et cette anthologie n’échappe pas à ce pli : et à ceux qui se demanderont pourquoi citer encore Le pont Mirabeau, Il n’y a pas d’amour heureux, Harmonie du soir ou une allée du Luxembourg, il faudra répondre que c’est parce qu’il s’agit d’urgences sans cesse répétées ! On soupçonne, dans ces choix précis, le maître d’œuvre de se faire un plaisir tout personnel. Mais peut-on le lui reprocher vraiment ? L’anthologie est d’abord une affaire de plaisir personnel tout compte fait. Et dans ce plaisir que le lecteur fait son chemin et trouve le sien.

Les déterreurs de trésors, Washington Irving

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, USA

Les déterreurs de trésors (The money diggers) Trad. de l‘anglais (USA) et présentation Thomas Constantinesco et Bruno Montfort. Ed. Rue d’Ulm 15 mars 2014. 125 p. 13 € . Ecrivain(s): Washington Irving

 

Ce petit livre de contes, qui compte deux siècles d’âge, est un bijou parfait de noirceur, d’écriture gothique mais aussi de finesse d’esprit et de drôlerie. Un authentique chef-d’œuvre.

Cinq Récits enchâssés – un personnage d’un récit narre le récit suivant – cinq perles qui prennent place avec une autorité magistrale dans la grande lignée de la littérature américaine. Fils spirituel de Thoreau, nourri d’influences baroques européennes (il rencontra Mary Shelley et Walter Scott lors d’un voyage de jeunesse en Angleterre), on découvre dans cette œuvre que Washington Irving est aussi le père spirituel de Nathaniel Hawthorne ou Edgar Poe.

Récits fantastiques ou à la limite du fantastique – le genre est tenu à distance par l’humour d’Irving (« mais ce sont histoires de bonnes femmes » vient toujours démystifier l’irrationnel) – ces contes sont d’une richesse extraordinaire.