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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Le Soleil, Jean-Hubert Gailliot

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 11 Septembre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, L'Olivier (Seuil), Roman

Le Soleil, août 2014, 544 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Jean-Hubert Gailliot Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« Qu’il veuille bien se représenter la chose : ce manuscrit vieux de cent ans, s’il se révélait conforme à la légende, éclairerait le siècle passé et l’histoire des avant-gardes artistiques, l’avait-il vue s’enflammer, d’un jour absolument neuf. Il était passé entre les mains de créateurs révolutionnaires, avait traversé clandestinement, mis peut-être pas sans incidences, deux guerres mondiales, entraîné des condamnations. Plusieurs femmes fascinantes, artistes elles-mêmes, avaient joué un rôle essentiel dans cette aventure. Et, semblait-il dans sa constante occultation. Elle voulait s’emparer de ce brûlot et être la première à le publier ».

Tout grand livre est une enquête menée mot à mot, ligne à ligne, page à page, qu’elle se déroule au pied d’un volcan, au cœur de l’effondrement d’un empire, ou sur les bords d’un canal à Venise. Elle ne vise pas tant à découvrir ce que l’on cherche, qu’à mettre en lumière toutes les intrigues romanesques qui la fécondent. Le territoire d’Alexandre Varlop : la Grèce, Mykonos, ses dieux et ses lions, Palerme, un poète silencieux et butinant, un peintre lyrique, une amoureuse photographe. Un territoire comme une odyssée placée sous la haute protection d’Homère.

Constellation, Adrien Bosc

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Stock

Constellation, Août 2014, 18 € . Ecrivain(s): Adrien Bosc Edition: Stock

« L’ « Avion des stars » ne fait ce soir pas injure à son surnom : à côté du « Bombardier marocain », la virtuose Ginette Neveu, elle aussi, part à la conquête de l’Amérique. Pour France-Soir, une série de photos s’improvise dans le hall. Sur le premier cliché, Jean Neveu au centre, amusé, regarde sa sœur, Marcel tient dans ses mains le Stradivarius et Ginette, tout sourire, l’observe. Puis Jo remplace Jean et de son œil d’expert compare la petite main de la violoniste à la puissante poigne du boxeur. »

 

Il y a d’abord une date, le 27 octobre 1949, un avion, le Constellation, son train démesuré lui donne l’allure singulière d’un échassier, un équipage et son commandant Jean de La Noüe, des passagers, Cerdan et Jo Longman, lunettes noires, cheveux graissés au Pento, Ginette Neveu et ses deux violons, une constellation vibrante qui s’embarque. A la tristesse du départ, à la nostalgie de la vallée laisse place le parfum de la belle aventure, et un écrivain qui lit dans les lignes du ciel. Il y a le décollage, le survol de la mer et des vies,  et la chute, cette perte de repères. Constellation disparaît, et avec lui : « Quarante-huit personnes, autant d’agents d’incertitudes englobées dans une série de raisons improbables, le destin est toujours une affaire de point de vue. »

Rencontre avec Adrien Bosc, l’auteur de Constellation

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 05 Septembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Rencontre avec Adrien Bosc, l’auteur de Constellation, St Rémy-de-Provence au début du mois d’août :

 

« Le livre est beaucoup sur le hasard, le destin, pourquoi un avion plutôt qu’un autre, la différence entre les coïncidences, la fatalité. C’est par hasard que je suis tombé sur l’histoire, en passant de vidéos en vidéos sur YouTube, en écoutant des concerts de violon, et je suis tombé sur la fameuse scène qui est retranscrite dans le livre, qui est l’émission du Grand Echiquier de Jacques Chancel, un hommage à Etienne Vatelot, le grand luthier. Une émission qui s’appelait L’âme des violons, à un moment Jacques Chancel demande à Etienne Vatelot de raconter l’histoire de Ginette Neveu, l’histoire de sa mort, et il revient sur l’anecdote qu’il aurait dû être dans cet avion, mais au dernier moment Ginette Neveu lui a demandé d’ajourner son départ ».

Les révolutions de Jacques Koskas, Olivier Guez

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 01 Septembre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Les révolutions de Jacques Koskas, août 2014, 336 p. 19 € . Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Belfond

 

« Ce soir-là, toute la faune qu’on pouvait croiser chez Raymond semblait réunie : marins d’eau douce, maquereaux à gourmettes, assassins en goguette, éjaculateurs précoces, footballeurs manchots, canailles boiteuses, militaires pacifistes, crooners baroques, sionistes repentis, médecins fumeurs, amants éconduits, schnorers polyglottes, rabbins défroqués, chômeurs prospères, troubadours sédentaires et probes antiquaires ; des petites frappes, des causeurs impénitents et des grands cœurs, des valeureux et des seigneurs, des Séfarades avec un S majuscule qui ne donnaient pas d’argent au KKL, ne buvaient jamais du Coca Light et ne promenaient pas leur maîtresse en Porsche Cayenne – ils n’avaient pas de Porsche Cayenne ».

 

Jacques Koskas traverse ses révolutions un peu comme Woody Allen ses films, un pied dans le judaïsme, l’autre dans les soirées où l’on ne reste jamais très longtemps un verre vide à la main.

Viva, Patrick Deville

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 26 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

Viva, août 2014, 208 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Patrick Deville Edition: Seuil

 

« Tout commence et tout finit par le bruit que font ici les piqueurs de rouille. Capitaines et armateurs redoutent de laisser désœuvrés les marins à quai. Alors le pic et le pot de minium et le pinceau. Le paysage portuaire est celui d’un film de John Huston, Le Trésor de la Sierra Madre, grues et barges, mâts de charge et derricks, palmiers et crocodiles ».

Patrick Deville, écrivain voyageur et voyageur écrivain, ordonne en astrophysicien la constellation de Viva. Dans le ciel du romancier, Trotsky, Malcom Lowry, mais aussi Cravan, Frida Calo, Diego Rivera, Artaud, André Breton, des assassins et des révolutionnaires, des amoureux, des tavernes, un volcan, des villes mexicaines et mille étoiles scintillantes. Tout l’art de l’écrivain est d’ordonner leurs rencontres, leurs rêves et leurs défis. Comme un marin sans désœuvrement, il pique l’Histoire de son crayon, pour en éliminer la rouille, ce poison qui la dévore au fil du temps : les falsificateurs, les mauvais écrivains, les historiens frileux et les lecteurs pressés. L’or apparaît alors, pur et mystérieux comme un volcan d’où se détachent par éclairs la figure brisée d’un écrivain révolutionnaire et celle d’un révolutionnaire écrivain assassiné.