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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Pages Rosses Craductions, Bruno Fern, Typhaine Garnier, Christian Prigent

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques

Pages Rosses Craductions, Les Impressions Nouvelles, avril 2015, 96 pages, 9 € . Ecrivain(s): Bruno Fern, Typhaine Garnier, Christian Prigent

 

 

« De visu : Saint Thomas »

« Si vis pacem, para bellum : Si tu veux te pacser, fais-toi beau »

« Casus belli : Place réservée aux bellâtres »

« Ab absurdo : Répète, j’suis sourd ! »

« Ipso facto : En fait, c’est un alcoolique »

Retour à Berratham, Laurent Mauvignier

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 29 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Théâtre, Les éditions de Minuit

Retour à Berratham, juin 2015, 80 pages, 9,50 € . Ecrivain(s): Laurent Mauvignier Edition: Les éditions de Minuit

 

« – Ils lui ont dit qu’avant d’arriver sur la place, il pourrait faire le tour du cimetière, mais que le contourner lui prendrait un temps trop long et qu’il ferait mieux de le traverser. C’est ce qu’il fait maintenant, et il s’étonne de ce que le cimetière ne ressemble pas à celui qu’il venait visiter autrefois en famille. Il se souvient de l’ordre et de ce calme, de la tranquillité et du respect qu’on avait en ce temps-là pour les morts ».

Retour à Berratham s’installe dans un paysage après la bataille, le terrain romanesque de la dévastation. Les maisons et les chemins, le cimetière, les corps et les âmes, où passe le jeune homme. Il revient sur les lieux du crime et de l’abandon, sur le terrain de la douleur et de la souffrance. Les visages, les mots, les souvenirs, les odeurs enflent à mesure qu’il parle et qu’on lui parle. Au théâtre, le lieu où naît la parole est toujours une énigme. D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle là sur le plateau face à nous ? Comment se glisse-t-elle des pages à nos yeux ? Dans ce petit livre, la parole des narrateurs (les chœurs) est tout aussi romanesque que les dialogues échangés entre le jeune homme, Katja, Karl, l’homme au chapeau. Elle est la raison du roman, son équilibre, ses piliers, mais aussi son écho qui ne cesse de rebondir.

Ozu, Marc Pautrel

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 22 Août 2015. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Louise Bottu

Ozu, août 2015, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Editions Louise Bottu

 

« Ozu aime lire, s’enivrer, dormir, prendre des bains, marcher, faire l’amour avec des geishas ou bien des amies chères, écrire, encore lire, filmer, capturer le mouvement de ses acteurs et ses actrices interprétant les dialogues, regarder les fleurs, regarder la mer qui ne change jamais, seul le ciel change qui fait changer la mer… »

Marc Pautrel aime écrire. Ecrire et lire, se confier à la musique d’une phrase, aux couleurs des mots qui la grisent, à cette suspension, cette retenue, cette façon tellement singulière d’écrire à hauteur d’homme, comme celle, tout aussi singulière, qu’avait Ozu de placer sa caméra à quatre-vingt centimètres du sol. L’un privilégie le plan fixe, les plans de coupes, ses comédiens regardent l’objectif pour vivre la scène, ils sourient, prennent le temps de parler et leurs regards transpercent l’objectif. L’autre écrit dans ce même saisissement, ce même silence, la phrase est toujours juste et courte, nette et précise, elle respire. Sa phrase est baignée de la saveur de la juste description – je vois donc j’écris. Elle ne cherche jamais l’effet majeur pour se concentrer sur l’art mineur. C’est alors, que le roman d’Ozu peut, comme les cerisiers, fleurir.

Petite bibliothèque de Poésie contemporaine - De Guillevic à Jaccottet

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 07 Juillet 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Petite bibliothèque de Poésie contemporaine, de Guillevic à Jaccottet, Hors-Série Poésie Gallimard-Télérama, Coffret de 12 volumes, avril 2015, 30 € Edition: Gallimard

 

« et la mer fait à la terre un collier de silence, / la humant la paix sacrificielle / où s’enchevêtrent nos râles, immobile avec / d’étranges perles et de muets mûrissements / d’abysse… », Aimé Césaire.

Cette collection est une réjouissante aventure littéraire, née en mars 1966 sous la protection avisée de Robert Carlier (éditeur et amateur de dictionnaires) et d’Alain Jouffroy (poète, romancier, essayiste, scénariste et parfois comédien) et dirigée aujourd’hui par André Velter (éditeur précieux, écrivain voyageur et poète taurin). A son programme : des anthologies (La poésie lyrique du XII° et XIII° siècle, Le poème court japonais, Les Poètes du Tango), des éditions bilingues (La Comédie de Dante), ou encore des poètes par des écrivains (Machado avec Esteban, Claudel par Grosjean, Novarina dans l’oreille de Sollers). Cette Petite bibliothèque de Poésie contemporaine est un nouvel opus de cette encyclopédie en mouvement permanent. Une incursion légère, non dans l’essentiel de la poésie vivante, mais dans quelques éclats lumineusement mis en lumière par les éditeurs.

Dictionnaire amoureux de la Méditerranée, Richard Millet

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 17 Juin 2015. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Essais, Plon

Dictionnaire amoureux de la Méditerranée, mars 2015, 800 pages, 25 € . Ecrivain(s): Richard Millet Edition: Plon

 

« C’est la lumière qui unifie la Méditerranée ».

« Retournons vers ces espaces où sont nés le monothéisme et la philosophie. Retournons la leçon de la nouvelle alliance entre l’Orient et l’Occident. Contemplons. Méditons. Vivons » (Contemplation).

Qui mieux que Richard Millet pour nous offrir ce Dictionnaire amoureux de la Méditerranée ? La question posée ne résiste pas longtemps à la lecture vagabonde de cet éblouissant et réjouissant dictionnaire. D’Abraham à Istanbul, en passant par Dalida et Homère, sans oublier Durrell, Hérodote, Lampedusa, saint Paul, l’Art Roman et Port Royal. Justesse du choix des entrées, pensées vives du jeune Français devenu Libanais le temps de l’enfance et de la guerre, éclats et éblouissements de l’écrivain au cœur parfois tendu comme un arc. Le chrétien corrézien baigné de patois limousin, s’ancre avec l’élégance et la force du vicomte de Chateaubriand dans la langue de Giono, René Char, Casanova et Valéry. Question de style et de manière, mais aussi de matière, l’écrivain sait où il met les pieds, il sait la nature des sols, leurs tremblements, leurs forces intérieures et l’éblouissante douceur des arbres qui s’y accrochent, oliviers, platanes et cyprès, arbres méditerranéens, arbres qui s’accordent au ciel et s’accrochent aux regards des hommes.