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Trois livres de Thomas Vinau : Blanc, Bleu de travail, Autre chose

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 09 Janvier 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Trois livres de Thomas Vinau : Blanc, Librairies Initiales ; Bleu de travail, La fosse aux ours ; Autre chose, Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2015

 

« Nuits rouges. Murs bleus de glace. Le sol est une peau, je n’ai pas froid. Un homme me souffle une fumée épaisse sur le front et la poitrine. Il frôle ma bouche et mon ventre avec ses doigts dans le geste de chasser une mouche » : Blanc.

« Ce jour-là, à cet instant, le jour ne ressemblait pas à un compte à rebours. Ce jour-là, à cet instant, Cioran n’écrivait rien » : Bleu de travail.

« Les jeunes martinets redescendent en piqué vers le champ de luzerne. Leur vol est encore approximatif, deux ou trois moniteurs expérimentés piaillent les recommandations de route. Leurs cris sont comme des clous dans le ciel » : Autre chose.

Boulevard Saint-Germain, Gabriel Matzneff

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 16 Décembre 2015. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman

Boulevard Saint-Germain, coll. La petite vermillon, novembre 2015, 224 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Gabriel Matzneff Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Jeunes filles, jeunes gens, une règle d’or ; ne reniez jamais les êtres et les écrivains que vous avez aimés et, même si vous ne les aimez plus, même s’ils sont chargés de l’opprobre générale, persistez à les défendre mordicus, ne permettez à quiconque de médire d’eux en votre présence ».

Gabriel Matzneff fait partie de ces écrivains que certains jugent infréquentables, inqualifiables, voire sulfureux, comme, pour d’autres raisons, Richard Millet – le guerrier solitaire – ou encore Marc-Edouard Nabe – le guitariste dissonant –, ils vivraient dans une sorte de Purgatoire, déjà en son temps occupé par Céline, et risqueraient à chaque instant et à chaque livre de glisser vers l’Enfer. La passion affichée par l’écrivain pour les très jeunes corps, ses séjours à Manille, peuvent susciter quelque malaise, ou pour le moins un certain trouble. Trouble récemment accentué par une chronique dans une gazette sur les massacres parisiens, et plus précisément sur les victimes des islamistes armés et déchaînés, cette « génération Bataclan » moquée par l’auteur de La Passion Francesca, et symboliquement détruite par sa plume, en période d’effroi le silence devrait être roi.

Hans Silvester, Pétanque et jeu provençal (Texte d'Yvan Audouard)

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 12 Décembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Le Rouergue

Hans Silvester, Pétanque et jeu provençal, texte d’Yvan Audouard, octobre 2015 . Ecrivain(s): Hans Silvester Edition: Le Rouergue

Les sphères exercent une irrésistible fascination sur les habitants du globe terrestre. Elles suscitent spontanément une « gestuelle » et un imaginaire… J’ai la prétention de croire que, sur un terrain de boules, s’exprime une civilisation plus ancienne, plus complète, plus riche, plus sage (Yvan Audouard).

Face à nous des livres de photos et de grands tirages en noir et blanc de joueurs de Pétanque et de jeu provençal, dans la lumière du noir et blanc. Les photos de Hans Silvester saisissent ces regards des joueurs, sourires, tensions, doutes. Ils s’élancent, les bras se balancent, les corps dansent, on fixe la boule, des cercles se forment, c’est « un théâtre populaire où les hommes se retrouvent pour jouer et regarder ». Sous nos yeux, les ombres des joueurs et des arbres, ces platanes qui ombrent les images de Hans Silvester comme ils ombraient les romans de Jean Giono et les poésies de René Char. Le photographe lit les deux écrivains depuis les années 60, depuis son arrivée à Marseille et son installation dans cette maison ouverte sur les collines du Luberon. « Une ruine achetée pour la moitié du prix d’une 2 CV, aujourd’hui cela serait impossible ».

Leurs contes de Perrault, collectif

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, Belfond

Leurs contes de Perrault, collectif, octobre 2015, 256 pages, 17 € Edition: Belfond

 

Leurs contes de Perrault, Charles Perrault, Gérard Mordillat, Frédéric Aribit, Alexis Brocas, Nathalie Azoulai, Cécile Coulon, Fabienne Jacob, Hervé Le Tellier, Leila Slimani, Emmanuelle Pagano, Manuel Candré, Christine Montalbetti

« Riquet et Radieuse ne se marièrent pas, n’eurent pas tant d’enfants que ça mais ils s’en donnèrent à cœur joie. Chaque jour fut une fête, chaque nuit aussi » (La Véritable Histoire de Riquet à la Houppe, Gérard Mordillat).

« Sur les feuilles, des lignes et des lignes de Serpents et de Crapauds. Des pages et des pages de lignes entières, et rien d’autre que des Serpents et des Crapauds sur toute la ramette, qu’Alix enchaînait depuis la veille au soir avec l’application confondante d’une élève de CP » (Les Fées, Frédéric Aribit).

Dans ce tourbillon littéraire, un cyclope, une fée, une sorcière, Cendrillon, Riquet, Peau d’Âne, et Barbe-Bleue. Imaginons Riquet à la Houppe qui se pique de la Radieuse Aurore et l’entraîne dans de réjouissantes escapades  – Quand elle se rhabilla Radieuse était illuminée, comme un vrai sapin de Noël– dans la MJC Andersen. Riquet qui renaît sous la plume électrique de Gérard Mordillat, l’un des Papoudes contes avec son compère Hervé Le Tellier, et qui ne manque pas d’allant pour nous conter les tumultueuses et sulfureuses aventures de Riquet, le héros à la houppe virevoltante.

Le secret de l’empereur, Amélie de Bourbon Parme

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 21 Novembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le secret de l’empereur, août 2015, 320 pages, 20 € . Ecrivain(s): Amélie de Bourbon Parme Edition: Gallimard

 

« Dès le dernier hommage rendu, il prit le bras de son majordome, esquivant les ambassadeurs de Venise et de France, mais aussi les représentants des villes voisines qui voulaient lui faire leurs adieux en personne. Il avait mieux à faire. Inspecter ses horloges pour sa visite quotidienne, voir si elles avaient bien sonné l’heure de sa nouvelle vie ».

Le secret de l’empereur est le roman de la désaffection du pouvoir, de son détachement, du retrait, du renoncement de Charles Quint aux titres et au trône. En quelques mois, d’octobre 1555 à septembre 1558, c’est tout un monde qui va se dissoudre, l’Histoire qui va basculer du Palais des ducs de Brabant à Bruxelles au monastère de Yuste dans l’Estrémadure, du bruit et de la fureur au silence religieux. Renoncement à la gloire, à la guerre et au monde, renoncement aux palais et aux courtisans, aux honneurs et aux trahisons qui se nouent, aux jalousies, pour ne garder que quelques fidèles compagnons et ses horloges – Elles rythmaient des jours plus illustres, la durée d’un pouvoir universel, venu de Dieu. Les horloges et les montres seront sa grande passion et son beau mystère, comme l’art subtil de la narration est celui d’Amélie de Bourbon Parme.