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Articles taggés avec: Ayres Didier

Travers du temps, Gérard Titus-Carmel (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Livres, Chroniques Ecritures Dossiers, Poésie, Editions Tarabuste

Travers du temps, Gérard Titus-Carmel, éd. Tarabuste, avril 2022, 148 pages, 16 €

 

Valeurs

Je n’ai pas pu me détacher, à la lecture du dernier recueil de Gérard Titus-Carmel, de l’idée que le poète est aussi peintre. De ce fait j’ai analysé son écriture selon une grille plastique. Cela m’a été rendu possible par l’utilisation des couleurs par exemple. Ici, l’écrivain se concentre sur des cercles chromatiques schématiques (ce qui pousse cette poésie vers un temps à la fois nouveau, universel et archétypal) : le blanc, le noir, le gris, l’argenté, un peu de vert, du rouge et du mauve. L’auteur n’hésite pas à créer son poème grâce à des impressions lactescentes, du nacré, décrivant l’effet moutonnant des nuages, des lumières bleues et cotonneuses sur le métier du texte.

Deuxième entrée dans le recueil où encore l’on suppute que la relation peinture/langage est relation langage/peinture, une fusion. Cette ligne forte se retrouve çà et là. Donc, des images construites selon des points de fuite, des perspectives cavalières, des biseaux, des lignes, des angles, des parallèles, de la lumière et de l’ombre, du gras et du maigre, des arrêts sur image.

Monna Innominata, Christina Rossetti (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Iles britanniques, Poésie

Monna Innominata, Christina Rossetti, éd. Les Défricheurs, octobre 2021, 80 pages, 12 €

 

Amour sacré

Connaissant peu la biographie ni même l’œuvre de la sœur de Dante Gabriele Rossetti, il m’a fallu chercher un équilibre entre ce que je lisais et l’impression d’étrangeté qui se dégage de ces pages. J’ai donc balancé assez longtemps dans mon interprétation. J’y ai vu, au premier abord, une poésie de l’amour charnel, de l’amour profane, ne sachant pas de quel amour la poétesse s’approchait dans ses vers. Comme je lis ces jours derniers Le Divân de Hafez de Chiraz où, dans le sens contraire, j’ai vu l’amour sacré derrière les lignes du libertin (fût-il vraiment un libertin ou un soufi ?). Ces deux hésitations montrent clairement que profane ou sacré il faut garder simplement l’amour et ne pas choisir, garder la trace mystique de Dieu, dans la chair, et la trace charnelle de Dieu dans le Ciel, dans la prière.

Œuvres, Louise Labé (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 30 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, Garnier-Flammarion

Œuvres, Louise Labé, Garnier-Flammarion, avril 2022, 416 pages, 7,40 €

 

Pouvoir l’amour

J’ai beaucoup réfléchi pour donner un titre à cette courte note de lecture, voulant souligner à la fois le pouvoir de l’amour, le pouvoir de l’écriture ou encore regarder de près comment on peut l’amour, comment aussi l’amour peut l’amour, s’engendre. Le poème est un lieu mixte, poreux. Il fixe l’amour et l’impossible de l’amour, il est pouvoir sans efficience mais fondamental. Il est ambigu.

Je précise quand même que je n’ai pas fait une lecture scientifique (car je n’ai pas de compétences particulières pour la poétesse, hormis celle de ma sensibilité). De plus, Louise Labé est particulièrement énigmatique. J’ai essayé de me tenir dans cette double contrainte : ne pas négliger historiquement que cette voix vient de la Renaissance, et en même temps d’en faire une lecture absolument moderne. Donc, regarder à la fois le lien avec les troubadours médiévaux et l’étude contemporaine de la passion comme humeur thymique.

Aorte adorée, Christophe Esnault (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Aorte adorée, Christophe Esnault, éditions Conspiration, avril 2022, 42 pages, 7 €

 

Faut-il survivre ?

Ce nouvel opus de Christophe Esnault se construit entre la douleur et la mort, et plus précisément, comme une ode morbide du suicide. L’on en retient une forme ambiguë de la notion de vivre, de survie. La vie est donc stupide, elle ne sert à rien, elle n’est qu’absurdité. Telle est la déclaration de ce recueil des 32 manières de mettre fin à ses jours. Et si l’on pousse le trait un peu plus loin, l’on voit le constat d’une existence faite d’un grand désespoir, et qui justifie de sa noblesse justement par ce dessein, imaginé 32 fois, du suicide. Et s’il n’y avait l’humour, tout deviendrait insupportable, le quotidien resterait étouffant, car seule peut-être la littérature a-t-elle le pouvoir de faire plier l’angoisse avec le rire.

 

Le mythique fusil de chasse

Carrousel pour les Tsiganes, Jovan Nikolić, Ruždija Russo Sejdović (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Théâtre

Carrousel pour les Tsiganes, Jovan Nikolić, Ruždija Russo Sejdović, éditions L’Espace d’un instant, mars 2022, trad. rromani, Marcel Courthiades, 120 pages, 13 €

 

 

Territoire

J’ai lu cette pièce intensément à trois reprises, suffisamment pour voir se dégager des items particuliers. Pour cela, j’ai lu plutôt que vu ce texte, et en ai fait un objet propre à la découverte, au creux d’un fauteuil de liseur et non de spectateur. Ces conditions de lecture m’ont permis de suivre quelques grandes lignes de la diégèse de la pièce. Ainsi, j’ai traversé des débats politiques sur l’indépendance de l’Albanie, du Kosovo, sur la guerre, sur les guerres, sur les différences entre Rroms et autochtones des Balkans, touchés par des questions de langues et de cultures – éléments notoires de la famille tzigane. J’y ai trouvé, à cause de drames sanglants, des histoires d’amitiés trahies et des relations à la mort. Donc, tout ce qui concerne notre condition humaine.