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Articles taggés avec: Ayres Didier

Les Hommes tissent le chemin, Bernard Grasset, éditions Soc & foc (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les Hommes tissent le chemin, Bernard Grasset, éditions Soc & foc, peintures de Jean Kerinvel, 2014, 12 €

 

Le voyage des signes

L’ouvrage encore assez récent que signent Bernard Gresset et Jean Kerinvel, est bâti sur une collaboration de deux formes artistiques : l’écrit et l’art plastique. Ici, les deux auteurs sont à égalité, le poème suggérant le texte, et la peinture produisant le récit de l’écriture. Tous deux représentent des expressions capables de faire croître l’homme, de nous autoriser à revenir à une relation spirituelle tout autant par le voyage, sorte de bulle immobile, que par l’action de l’art. Relation à la contemplation, celle de la nature, de l’art, penchant sur le besoin d’agrandissement de notre habitation humaine. Car l’être humain ne finit pas, toujours pris entre les deux tangentes de la matière et de l’esprit, du corps et de la pensée. L’être, son ontologie, dépassent le cadre narcissique d’un Je susceptible d’être aimé pour lui-même, mais un Je qui questionne le Je, le Je-suis-je de Parménide.

Les Carnets tchanqués, Pierre-Olivier Lambert (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les Carnets tchanqués, Pierre-Olivier Lambert, éditions Ars Poetica, ill. Corinne Pangaud, juillet 2022, 130 pages, 18 €

 

Bateaux, oiseaux, lumières

Ce recueil de 100 tankas, ici mélange stylistique entre Orient et Occident, suscite une lecture lente et qui peut se répéter (comme le Haïku japonais qui se prononce deux fois). Ce qui fait l’unité de ces poèmes très courts et saccadés, c’est le Bassin d’Arcachon, ce qui veut dire : marées, bateaux, lumières, mouettes et autres sternes ou goélands. Et aussi les maisons tchanquées, maisons sur pilotis très prisées.

L’expression poétique est souvent méditative ou plutôt, contemplative, presque muette et souvent immobile – comme dans un tableau –, en 5 vers condensés qui immobiliseraient l’action poétique, comme le préconise la tradition japonaise. Ce qui aboutit à une poésie très tendue, et surtout peu bavarde, telle la prononciation intérieure de ces cinquains, petites pièces de poésie de 5 lignes qui finissent par faire une litanie, un ostinato avec un fond mélancolique parfois.

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Al Manar, Poésie

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon, éditions Al Manar, ill. Carmelo Zagari, juin 2022, 64 pages, 16 €

 

 

Oiseaux mortels et immortels

Ce recueil de 5 textes de prose de Jean-Pierre Chambon, prend pour sujet les oiseaux. Mais, là, pas de bons sentiments ni autres sucreries mais des tétrapodes de sang, oiseaux qui s’articulent sur la relation humaine, qui enseignent en un sens sur l’homme, sur les sentiments humains, le bien et le mal. Ces oiseaux sont ensemble abstraits et concrets, mortels et immortels. L’on est plus au théâtre que dans la nature, car ces bipèdes manifestent symboliquement leur rapport à l’être humain, sachant que celui-ci s’explique à lui-même en conversant avec le monde du gibier à plume.

Fragments du désert, Jean Marc Fournier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Fragments du désert, Jean Marc Fournier, éditions Ars Poetica, juin 2022, 77 pages, 18 €

 

Dieu

Oscillant entre Claudel et Eckart, ce livre, dont l’accès est exigeant, relate le lien de Jean Marc Fournier au monde spirituel, à la fois comme le contemporain de son siècle et dans la vision plus large de l’affirmation de sa croyance en Dieu. Cette lecture absorbante, qui engage le lecteur, nous conduit à réfléchir, donne matière à réfléchir, c’est-à-dire à penser et à miroiter dans le langage, ce dernier étant la ressource la meilleure pour se prendre dans les arcs lumineux de l’Évangile, ou au moins ce qu’est le Verbe pour le poète ici. C’est une aventure d’abord métaphysique.

Cette ambiance porte ce monologue, ce soliloque, sur les rangs du silence, de la solitude de l’être, loin des bruits du monde pourrait-on dire, dans un chemin de lisière, et hors de portée du matérialisme de notre époque, cheminement au-dedans de la personne, de la créature, pour refléter l’esprit du Verbe.

Sur les chemins de non-retour, Jean-Pierre Otte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Sur les chemins de non-retour, Jean-Pierre Otte, éd. De Corlevour, mai 2022, 128 pages, 16 €

 

Déjà essayé. Déjà échoué.

Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux.

Samuel Beckett

 

Limite du temps, temps limité

J’ai trouvé dans le recueil de poésie de Jean-Pierre Otte un questionnement continu sur la lucidité avec laquelle l’on peut considérer l’existence, la sagesse de vieillir – âge où l’interrogation sur le temps peut se concevoir. Donc, une réflexion constante sur le temps concret de vivre, avec une maturité qui englobe à la fois l’âge et le désir. Et cette philosophie, du genre sceptique, se rapproche, je crois, de celle de Cioran. Scepticisme radical. Ellipses, effacement de soi au profit d’un autre soi, celui qui observe, dans une partition de l’être. Le temps limité de la vie et les limites de la vie, comme pris dans une seule question : que devenons-nous ?