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Articles taggés avec: Ayres Didier

Œuvres Poétiques, Patrick Laupin (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 19 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Œuvres Poétiques, Patrick Laupin, éditions La Rumeur libre, 2012, 304 pages, 22 €

 

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Témoin

Témoigner est une tâche, une responsabilité au regard du témoignage et de celui qui témoigne, sorte de masque de Janus, commencement et achèvement de cette empreinte, de cette trace. C’est exactement la question que pose, incidemment, René Pons au sujet du bord, de la définition d’une figure, du trait qui laisse une empreinte formelle. Pour lui, le bord c’est la forme. Ici, ce rapport, cette relation d’un sentiment intérieur, vient cadrer un horizon, dessiner une ligne, et parfois aborder des thèmes sociaux, mais sans démagogie, comme simple fait poétique, comme avancée et comme engagement (l’auteur a du reste travaillé avec des souffrants et des prisonniers). Cette langue ne se fige pas, se cherche sans cesse, s’inquiète de soi et du monde. C’est une façon d’habiter le monde en poète.

Le vide notre demeure, Brigitte Gyr (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Le vide notre demeure, Brigitte Gyr, éditions La Rumeur libre, 2017, 77 pages, 15 €

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Signes

Les signes ne pullulent pas dans ce petit recueil. Au contraire ils sont rares et denses, comme le vide en général qui procure un effet d’absorption, de dilatation, comme dirait Michaux, une espèce d’être à envahir. Signes humbles qui ouvrent l’huis de l’intériorité. Ils signalent le vide physique dans lequel se débat la parole poétique. Ils sont en relation avec la maison du néant chère à Heidegger.

La poésie de Brigitte Gyr agit en désignant ce qui manque. En pointant du doigt les bords de la nuit, du jour, des passages, des retenues. On oscille donc très bien dans certains travaux plastiques de Christian Boltanski, où sans doute la lutte la plus âpre reste celle de la mémoire, de la mort qu’il est impossible d’assumer. Et que cela soit une accumulation de paletots ou de drap dans les combles d’un château, le signe ne peut se produire que comme souffle intérieur, voix, nomination des morts.

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Anthologie, Les Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister, éditions Arfuyen, janvier 2022, 192 pages, 14 €

 

Humanisme

Retrouver la force vive de l’humanisme de la Renaissance, ici, avec des dits et des maximes de Montaigne, est un plaisir sans partage. C’est voir l’homme du Cinquecento et entendre une voix, un esprit qui a connu la totalité de la littérature de son époque. On n’y trouve nulle pédanterie de savant, mais plutôt des règles morales et une recherche de la vérité. Là, nous sommes au début d’une ère nouvelle. Mais cet homme de la Renaissance qui a irrigué comme honnête homme l’histoire de la pensée, aboutit en ce début de troisième millénaire à un autre homme, celui d’une humanité fragmentée, plongeant les êtres humains dans leur narcissisme, où l’individualité de citoyen se transforme en idée de niches seulement ouverte aux besoins d’un consommateur ciblé, oubliant l’honneur, la dignité de la pensée, la morale des actions. D’une autre manière, Montaigne est lui aussi à un seuil.

Des écarts de langage, Roger Dextre (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 28 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Des écarts de langage, Roger Dextre, éditions La Rumeur libre, 2016, 121 pages, 16 €

 

Un éclairage sur la maison d’éditions La Rumeur libre

 

Le temps

Pour moi, ce livre est une découverte. J’y vois un lyrisme sans afféteries, c’est-à-dire un chant inspiré, sans pathos excessif, sans emphase gênante, où brûle l’être abstrait d’une rhapsodie, chanson et clarté. Ici, Roger Dextre chante un texte mélancolique, par exemple, le caractère mélancolique de la relation à autrui, à l’Autre. Donc le texte est porté par une langue sans soupçon, dans laquelle on doit avoir confiance, et qui ne sombre pas dans les affres d’une école.

Outre cette qualité de la geste du poème, on voit nettement la question du temps à l’œuvre, interrogation sur la durée, sur l’âge et la poésie comme rapport avec les deux bouts de la vie : jeunesse et vieillesse. Âge de l’enfant et de son père, âge du père, âge du poète.

Obstaculaire, Cédric Demangeot (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 21 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, L'Atelier Contemporain

Obstaculaire, Cédric Demangeot, L’Atelier Contemporain, mars 2022, ill. Ena Lindenbaur, 128 pages, 20 €

 

Brutalisme

Je me suis permis de qualifier de brutalisme la poésie de Cédric Demangeot même si ce terme s’applique généralement à l’architecture. Je le fais car cela semble qualifier cette langue pleine de coins, d’angles, de surfaces brutes, d’excroissances parfois organiques, de moulages à froid. Où l’on y décèle nettement les architectures de sa pensée. J’y ai vu une esthétique de la brutalité.

Avant de poursuivre, je rappellerai les mots de Jean Genet qui écrit (je cite de mémoire) : J’appelle violence une audace au repos amoureuse des périls. Et même si cette poésie chante l’audace, elle chante surtout le péril, celui d’un ossuaire, d’obstacles au regard en soi, chantant une vérité sans apprêt, brut de décoffrage en un sens.