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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Avenue des mystères, John Irving

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 24 Août 2016. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Avenue des mystères, mai 2016, trad. anglais (USA) Josée Kamoun, Olivier Grenot, 528 pages, 22 € . Ecrivain(s): John Irving Edition: Seuil

 

Certains romans parlent au lecteur, entrent en résonance avec son intimité en lui évoquant immédiatement des univers. Ce nouveau roman de John Irving, foisonnant et dépaysant à souhait, entre dans cette catégorie.

Toutefois, quelque chose a changé : du ton souvent épique ou dramatique des grands romans des débuts de la célébrité, Le monde selon Garp ou L’hôtel New Hampshire, on passe au ton burlesque de ce roman de l’écrivain vieillissant.

« Quand on a sauté une prise de bétabloquants, comment ignorer deux femmes comme elles ? »

Certes, le personnage principal de l’ouvrage est un romancier d’origine mexicaine nommé Juan Diego, mais un romancier infirme et malade, claudiquant, diminué par une absence de pics d’adrénaline due à la prise régulière de bétabloquants et compensant une supposée baisse d’érection par la prise irrégulière de Viagra.

Eclipses japonaises, Éric Faye

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 19 Août 2016. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Eclipses japonaises, août 2016, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Eric Faye Edition: Seuil

 

Nagasaki et Malgré Fukushima ont mis en lumière le talent d’Éric Faye (1963), auteur d’une trentaine de livres. Parfois, il faut un prix d’automne ou un séjour littéraire à l’étranger – ce fut le cas du Prix du roman de l’Académie française 2010 pour le premier titre cité, et pour le second, une résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto – pour qu’un auteur accède à une notoriété de bon aloi.

Le nouveau roman de l’écrivain épris de culture orientale comblera plusieurs publics de lecteurs : tout d’abord, ceux qui éprouvent pour le style une ferveur particulière ; ceux pour lesquels un vrai roman ne fait pas d’impasse sur l’intrigue ; tous les vrais liseurs de littérature française de qualité d’aujourd’hui : voilà un nom à ajouter depuis quelque temps déjà à ces « jeunes » écrivains qui honorent les lettres romanesques françaises. Je citerai, entre autres, L. Mauvignier, O. Adam, L. Gaudé, M. Enard…

Comment faire d’une réalité historique brevetée par des témoignages un roman de fiction : voilà la mission littéraire que s’est donnée Faye pour traduire des faits de disparitions étranges dans les années 60 et 70 sur les côtes japonaises ou à la frontière coréenne. Le titre suggère déjà ces êtres qui se volatilisent un beau jour, dans le plus grand mystère.

Barbe rose, Mathieu Simonet

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 09 Mai 2016. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Barbe rose, mars 2016, 190 pages, 16 € . Ecrivain(s): Mathieu Simonet Edition: Seuil

 

L’ogre-doux

« Je tente d’écrire de l’autobiographie collective ; c’est-à-dire que je mélange mon intimité à celle des autres. Mon écriture à celle des autres. Mon travail est fondé tout autant sur l’écriture que sur le collage de textes ou d’histoires orales qui ne m’appartiennent pas. Je suis un scénographe » (1).

Voici présentée – par lui-même – la singulière entreprise de Mathieu Simonet. Depuis la parution de son premier livre, Les Carnets blancs (Seuil, 2010), il écrit sa vie, la fragmente et la mêle à la vie des autres, à leurs voix. Il orchestre des rencontres, des échanges, il fait circuler des secrets (comme aimait le faire Hervé Guibert). En fait, il propose une nouvelle écriture du « je » qui se construit dans et par le dialogue avec autrui qu’elle convoque, qu’elle provoque. Avec Mathieu Simonet, le « je » devient rapidement un « je » pluriel, un jeu tout court. C’est peut-être la raison pour laquelle son travail nous happe si vite, nous embarque et nous invite à le suivre.

Marie Curie prend un amant, Irène Frain

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 11 Février 2016. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Marie Curie prend un amant, octobre 2015, 368 pages, 21 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

A mi-chemin entre l’enquête historique et sociologique et le récit empathique, qui établit des passerelles entre les trous de l’histoire, l’ouvrage d’Irène Frain s’attache aux années de la vie de Marie Curie où, après la mort accidentelle de son époux Pierre et après l’obtention de son premier prix Nobel, de physique, pour leurs travaux communs, celle qu’on appelait « la veuve illustre » vit une passion amoureuse avec le phycisien Paul Langevin. Cette liaison secrète, qui vira au scandale parce que Paul était marié, s’étendit probablement de 1910 à 1912, année où la société et la morale les forcèrent à interrompre leur histoire d’amour. Au début du XXe siècle, l’adultère était un délit et, en raison de la célébrité des amants, l’affaire de cœur menaça de tourner à l’affaire d’Etat.

Les opposants dans la vie privée (Jeanne Desfosses, femme de Paul, la mère de Jeanne et sa sœur Euphrasie Bourgeois) se doublent en effet d’opposants publics, en les personnes du beau-frère de Paul, le rédacteur et patron de presse Henri Bourgeois, et de Gustave Téry, journaliste à l’Oeuvre, organe d’extrême-droite antidreyfusard, puis en atteignant les membres de l’Université et jusqu’à ceux de l’Académie des sciences, où Marie se présente à l’automne 1910. Lorsque la presse s’en mêle, les héros sont malmenés.

Bruxelles Piano-bar, Juan Carlos Mondragón

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 02 Février 2016. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Bruxelles Piano-bar, février 2015, trad. espagnol (Uruguay) Gabriel Iaculli, Isabelle Morvan, 407 pages, 24 € . Ecrivain(s): Juan Carlos Mondragón Edition: Seuil

 

Uruguay, début des années 90. La dictature n’est plus, mais la violence demeure, absurde et sauvage, comme à Laguna Guacha où des jeunes filles ont été enlevées, violentées et finalement assassinées. Nous découvrons un monde qui essaye de rejoindre ou de retrouver le monde « civilisé », à l’image d’un occident passablement « american way », avec stars et paillettes, avec culture et cynisme. Une autre forme de violence en quelque sorte, plus policée, plus « libérale », mais où les rapports de domination et les mises en scène ne sont pas forcément moins dérangeantes et inquiétantes.

Le remède pourrait être l’évasion. Une évasion sur place si nécessaire. Dans l’artifice d’une vie culturelle s’autocélébrant par exemple. C’est en partie ce que fait le journaliste culturel qui signe ses articles David Seurat. Mais cela ne suffit pas vraiment à Leopoldo Cea… Car par-dessus cela, sa compagne est soudainement partie pour l’Europe, pour Aix, précisément. A défaut de la poursuivre ou de chercher à la rejoindre, il échappera donc à Montevideo par Bruxelles. Mais une Bruxelles rêvée qui va planter ses racines « surréalistes » au cœur même de Montevideo. Le chat Thésée, bien bavard, n’approuve pas vraiment la manœuvre, la trouvant un peu trop facile et trop illusoire.