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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Le cri de l’oiseau de pluie, Nadeem Aslam

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 07 Juillet 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Le cri de l’oiseau de pluie, février 2015, trad. de l’Anglais (Pakistan) par Claude et Jean Demanuelli, 282 pages, 21 € . Ecrivain(s): Nadeem Aslam Edition: Seuil

 

Chronique d’une vie ordinaire

A l’ouverture du roman, il est mercredi et le maulana Hafeez, l’imam d’une des deux mosquées d’une petite bourgade du Pakistan, rentre chez lui après la fin des premières prières. Sa femme l’attend car la journée est spéciale :

« J’ai entendu le chant de papiha, dit-elle. Ça doit être la mousson.

– Il chante depuis l’aube », confirma le mollah en hochant la tête.

Or la présence de cet oiseau au nom étrange est annonciatrice de pluie. La mousson arrive donc. Mais à y réfléchir de près, l’animal est aussi porteur de mauvaises nouvelles : d’abord celle de la mort du puissant juge Anwar et ensuite celle de l’apparition de lettres non distribuées depuis 19 ans après l’accident du chemin de fer.

La grande santé, Frédéric Badré

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Juin 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman

La grande santé, avril 2015, 200 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Frédéric Badré Edition: Seuil

 

« La maladie neurodégénérative m’extrait du monde. C’est une expérience douloureuse de la séparation. L’antidote au cauchemar, le moyen de rester éveillé, la grande santé a pour nom littérature ».

La grande santé est ce récit, ce roman d’un corps qui lâche, le corps d’un dessinateur, d’un peintre, d’un écrivain frappé au cœur par la SLA, la maladie de Charcot. La grande santé est cette expérience terrible de la fonte des muscles, de l’effondrement de la saveur et du savoir du corps, de la suspension des mots dans le territoire de l’invisible. La grande santé est cet acte de résistance à la ruine annoncée, acte d’écriture, donc de vie divine. Alors s’invitent Kafka – Jubilation du créateur –, Joyce, Paulhan – vision magique du langage –, Meyronnis – le Pic de la Mirandole du XXIe siècle –, Roth, Ponge, d’un livre et d’une métamorphose à l’autre. Si le corps lâche, la littérature sauve.

« Chaque matin, devant la glace, je dois envoyer des bises en l’air, étirer mes lèvres, faire claquer ma langue, gonfler mes joues, descendre la mâchoire, l’avancer comme un prognathe… Pourtant, rien n’y fait, l’affaiblissement progresse. L’art de la pointe comme stade suprême de l’esprit civilisé, je ne pourrai plus l’exercer qu’en silence. Et dans le silence, il se perdra ».

Chut, Charly Delwart

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 18 Mai 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Chut, Seuil, coll. Fiction et Cie, janvier 2015, 176 pages, 17 € . Ecrivain(s): Charly Delwart Edition: Seuil

 

« L’univers est un test d’intelligence », Timothy Leary

 

Ce livre semble parfois un peu difficile à lire, le style de l’auteur est particulier, comme heurté, des tournures, des cassures, qui déstabilisent, mais en nous glissant dans la peau d’une jeune athénienne de 14 ans, Charly Delwart nous fait revivre les évènements qui ont fait culbuter la Grèce. La Grèce exsangue de la Troïka, otage du FMI, de la BCE et de comptes falsifiés avec la complicité de la Goldman Sachs… Une Grèce qui ne peut oublier Alexandros Grigoropoulos « abattu par un policier lors d’une manifestation liée à la situation économique du pays », en 2008, il avait 15 ans. Une Grèce, grand laboratoire à ciel ouvert aux quatre veines, de politiques toujours plus d’austérité, une Grèce où les vieillards se suicident pour ne pas peser sur leurs enfants, le premier fut Dimitris Christoulas, pharmacien à la retraite de 77 ans, qui se met une balle dans la tête sur la place Syntagma. Une Grèce où des mères ne reviennent pas chercher leurs enfants à la crèche, sachant qu’au moins là-bas ils seront nourris, la Grèce qui bascule dans un gouffre sous la loupe de l’Europe…

La Maison au toit rouge, Kyoko Nakajima

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 21 Avril 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Japon

La Maison au toit rouge, traduit du japonais par Sophie Refle, mars 2015, 301 pages, 21 € . Ecrivain(s): Kyoko Nakajima Edition: Seuil

 

Une dame d’âge respectable, Taki, rédige pour son neveu les souvenirs de ses années de service passées dans la famille Hirai, un foyer de la bourgeoisie tokyoïte. Le maître de maison est sous-directeur d’une entreprise de jouets, passablement prospère. Il a fait construire récemment une maison à Tokyo pour son épouse, Tokiko, et le fils de celle-ci. Tout le récit du roman de Kyoko Nakajima est articulé autour du basculement incessant entre deux époques, celle des années 30 du Japon de l’entre deux-guerres, conquérant, impérialiste, mais où il fait bon vivre, où les mœurs sont stables, confinent à l’immobilité ; et le Japon des années soixante, celui de la croissance économique, d’une entrée dans le monde occidental, au moins en apparence…

Ainsi, la narratrice souligne-t-elle le temps que les maîtresses de maisons dignes de ce nom devaient passer à préparer le nouvel an, à peaufiner la préparation des mets, à la visite systématique de tous les voisins… Tâches perçues pourtant par Taki comme nobles, valorisantes. Dans le domaine de la perception de l’histoire de son pays, Taki, peut-être à l’instar d’une grande majorité de ses compatriotes, revisite l’histoire de son pays d’une manière surprenante, qu’un observateur contemporain pourrait aisément qualifier de révisionniste. Le fils de son neveu, Takeshi, lui fait remarquer que le Japon faisait déjà la guerre en 1936 :

Un pays pour mourir, Abdellah Taïa

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 17 Avril 2015. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb

Un pays pour mourir, janvier 2015, 164 pages, 16 € . Ecrivain(s): Abdellah Taïa Edition: Seuil

 

Zahira, marocaine, immigrée en France, sans papiers, depuis dix-sept ans, se raconte, dans la majeure partie de ce roman rude, à la première personne, en mettant bout à bout, sans ordre linéaire, des fragments disparates, comme autant de morceaux épars d’un miroir brisé, de sa vie de prostituée envoyant régulièrement des mandats à sa famille qui, restée au pays, ignore la source véritable de cet argent.

Aziz, algérien, un des rares amis de Zahira, prostitué lui aussi à Paris, économise sou à sou sur ses prestations jusqu’à pouvoir se payer ce dont il rêve depuis son enfance : l’intervention chirurgicale qui fera de lui une femme.

Mojtaba, iranien, réfugié politique clandestin, erre dans Paris jusqu’à sa rencontre avec Zahira, qui le prend en charge, l’héberge, le nourrit, l’entretient et l’aime. S’ouvre alors dans la pauvre vie de Zahira et dans celle, chaotique, de Mojtaba, une parenthèse de bonheur qui se referme brutalement le jour où Mojtaba disparaît sans prévenir vers un possible vrai pays d’asile.