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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Danser dans la poussière, Thomas H. Cook

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman

Danser dans la poussière, septembre 2017, trad. anglais (USA) Philippe Loubat-Delranc, 355 pages, 21 € . Ecrivain(s): Thomas H. Cook Edition: Seuil

Dans un roman policier il y a souvent plus que de l’action, plus qu’une énigme à résoudre. L’ensemble peut par exemple s’appuyer, ce qui est courant, sur une analyse psychologique ou sociologique, voire anthropologique. Le livre de Thomas H. Cook en est une excellente illustration. Ainsi, l’auteur situe l’action de son ouvrage dans un état imaginaire, le Lubanda, situé en Afrique orientale quelque part près du Ghana, et va soulever au fil des pages les questions ethniques et géopolitiques notamment que l’intervention humanitaire américaine peut éveiller dans cette partie du monde.

Ray Campbell, l’un des héros, américain d’origine, qui appartint dans les années 1990 à une ONG tentant de venir en aide au Lubanda, souffrant de misère endémique, se voit dans les années 2010 rattrapé par son histoire alors qu’il est installé aux USA à la tête d’une florissante société d’évaluation des risques. En effet, son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust vient lui apprendre le meurtre dans un passage de New-York de Seso Alaya qui fut son guide et son interprète à Rupala, la capitale du Lubanda. Seso avait laissé dans sa chambre d’hôtel un morceau de papier sur lequel on avait griffonné le numéro de téléphone d’Hammond et il aurait été en possession de documents relatifs au meurtre de Martine Aubert, une lubandaise, qui fut le grand amour platonique de Ray à l’époque où il travaillait pour ce pays d’Afrique.

La fille à histoires, Irène Frain

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

La fille à histoires, septembre 2017, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

En quarante-deux chapitres, la romancière livre au lecteur sa vérité, à l’âge où l’enfance décante de toutes ses frayeurs ou autres blessures.

Comme dans Sorti de rien (Seuil, 2013), le récit creuse les matières natales, toutes de Bretagne et de familles marquées par les origines.

Quand un livre, cette Fille à histoires, pousse à relire ce beau Sorti de rien, c’est que le miracle de l’écriture authentique agit, donne du prix à ce qui s’est écrit, dans la même qualité d’atmosphère, de racines familiales et de parfum d’une époque révolue.

L’après-guerre a marqué les familles. De là ont surgi tant d’étroites vies, mesurées à l’aune des besoins immenses, des soucis d’argent, du manque de logements. Quand le n°3 d’une famille, Irène, naît, c’est au plus mauvais moment pour cette mère qui avait le projet de « faire bâtir » pour échapper à l’étriqué logement où ils logeaient, son mari, elle et ses deux premières filles, trente-cinq mètres carrés, avec la promiscuité des voisins, le WC à partager, etc.

L’empereur à pied, Charif Majdalani

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 18 Août 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

L’empereur à pied, août 2017, 393 pages, 20 € . Ecrivain(s): Charif Majdalani Edition: Seuil


En vérité, l’Histoire – grande ou petite, ancienne ou contemporaine –, ce sont des mots ! Imaginons que l’homme soit dépourvu de toute capacité locutoire et donc de celle de mettre en relation ce qu’il voit, ce qu’il fait, ce qui est – de les « organiser » mentalement ; y aurait-il… Histoire ? On en vient à méditer ainsi à mesure qu’on avance dans le puissant roman que publie en cette rentrée Charif Majdalani. Rassurons : L’empereur à pied est un pur roman, un récit d’aventures même ; des aventures volontiers rocambolesques étalées sur un siècle et demi et étendues sur trois continents. Une épopée familiale, celle des Jbeili. L’ancêtre fondateur, Khanjar, apparaît un jour tel un spectre quelque part dans les montagnes du Liban. Il est accompagné de ses trois fils. Apparition de l’humanité. Apparition double. Khanjar Jbeili et ses fils surgissent de nulle part en même temps que… la parole qui dit ce surgissement. Cette parole qui énonce est elle-même de nulle part ; elle se met d’emblée en scène.

« Mais que viendraient-ils faire et qui sont-ils ? A cette question, même moi (moi qui observe à travers le regard rusé des hommes en séroual debout sur leurs toits, moi qui suis les arbres, et le bas-relief antique représentant un sanglier attaquant Adonis et à ses côtés une Aphrodite éplorée, moi qui suis aussi les calvaires chrétiens avec leurs images frustes de Vierge et de Christ), à cette question même moi je n’ai pas encore la réponse ».

Hôtel du Grand Cerf, Franz Bartelt

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Juin 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Hôtel du Grand Cerf, avril 2017, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Seuil

 

Sans ôter une once d’originalité au dernier roman noir de Franz Bartelt, force est de constater que ce texte relève en partie d’un croisement subtil et efficace, et pas forcément involontaire, entre la plume de Georges Simenon et celle de Frédéric Dard.

Des Maigret, on retrouve la capacité de l’auteur à dresser le portrait au scalpel d’une petite ville de province, ici Reugny dans les Ardennes belges, avec son atmosphère étouffante, ses secrets enfouis, ses haines, ses personnages ambigus et ses taiseux.

Des San-Antonio, surgit le personnage principal, l’inspecteur Vertigo Kulbertus, dont le physique et la personnalité sont d’origine typiquement bérurienne.

« L’inspecteur Vertigo Kulbertus constituait à lui seul, du moins en volume, la moitié des effectifs de la police belge » (p.57).

Les yeux bordés de reconnaissance, Myriam Anissimov

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 13 Avril 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Les yeux bordés de reconnaissance, mars 2017, 237 pages, 19 € . Ecrivain(s): Myriam Anissimov Edition: Seuil

 

La frivolité et la superficialité sont-elles des attitudes adéquates, vraiment dignes lorsque l’on est parente de victimes de la Shoah, et que l’on a pour projet d’écrire ? Myriam Anissimov se trouve dans ce cas. Elle tente dans un très beau récit de formuler une réponse à cette question qui marque notre époque de son empreinte depuis 1945.

Le récit se compose de trois parties, d’intérêt inégal, mais illustrant ce mécanisme déclencheur de la volonté de savoir, et d’appropriation d’un événement. Au départ, c’est la vision du film Le Fils de Saul, évoquant l’extermination de quatre cent mille Juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau et le rôle de Saul Ausländer qui décide de donner une sépulture à un adolescent déjà mort. Dès lors, c’est la recherche qui est de rigueur, le positionnement vis-à-vis de l’Histoire, de la Shoah, de la place que cette dernière va inévitablement tenir dans la mémoire personnelle de Myriam Anissimov. La première partie, consacrée à la relation qu’entretient Myriam Anissimov avec Romain Gary, est source de révélations très personnelles de la part de l’écrivain. Il avoue ainsi à Myriam ne s’être jamais remis d’un amour de jeunesse, Ilona, jeune femme qu’il avait revue, à ceci près que cette dernière ne l’avait pas reconnu.