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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

Vies pøtentielles, Camille de Toledo

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 17 Septembre 2013. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Vies pøtentielles, Editions Seuil, 336 p. 19 € . Ecrivain(s): Camille de Toledo Edition: Seuil

 

Qu’est-ce qui, à la lecture d’un livre, fait mouche à la surface de la psyché ? Qu’est-ce qui nous interroge et nous touche en profondeur sans que nous le réalisions dans l’instant ? Sans la brillante communication de Claude Burgelin, au colloque sur « L’écriture de soi, l’écriture des limites » qui a eu lieu cet été à Cerisy, je n’aurais jamais découvert le roman Vies pøtentielles de Camille de Toledo. Et je n’y serais certainement pas entrée de la même manière. À mon retour, je l’ai lu d’une traite comme on boit un bon vin et en ayant fait abstraction de ce qui en avait été dit. Je l’ai ensuite relu pour analyser les raisons qui ont provoqué en moi un choc.

Dès la première page, Abraham Illitch, qui est à la fois narrateur, exégète et double de l’auteur, nous informe : « Ce livre est composé de trois strates de textes : les histoires, les exégèses, un chant ». L’exergue nous avertit. Camille de Toledo se fait dans ce roman « Collectionneur de gens fêlés pour créer la première galerie de notre orphelinat : une généalogie sans racines, sans lignée ». Ces personnages sont des marginaux aux vies cassées, fracassées, aux désirs effondrés, des « handicapés de la vie qui tentent de survivre ». L’auteur coud autour d’eux une toile qui relie ces destins en morceaux. La quête existentielle de l’auteur tourne autour de plusieurs axes. « Qu’est-ce qu’être père et qu’est-ce qu’être fils ? Que transmet-on de sa lignée ? Que transmet-on de son époque ? »

Une femme fuyant l'annonce, David Grossman

Ecrit par Anne Morin , le Dimanche, 21 Juillet 2013. , dans Seuil, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Israël

Une femme fuyant l’annonce, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, Août 2011, 666 p. 22,50€ . Ecrivain(s): David Grossman Edition: Seuil

Ce n’est pas un livre, c’est un choc. Un bouleversement, un éboulis et une résurgence, ou si l’on préfère, un effondrement et une résurrection. Tous les mouvements de la vie, superbement traduits, une partition.

Ora est cette « femme fuyant l’annonce » de l’éventuelle mort de son second fils, Ofer, au cours d’une opération spéciale pour laquelle, sa période terminée, il s’est porté volontaire. Ora, qui avait prévu de faire une randonnée en Galilée avec lui décide alors d’engager le destin : sa manière à elle de repousser des deux mains la porte sur ce qu’elle refuse de voir advenir. Entraînant de force avec elle Avram, père caché d’Ofer qu’il a toujours refusé de voir, elle se lance dans une pérégrination au cœur de paysages sublimes, enchanteurs, paradisiaques, éclatant de couleurs, baptismaux : « (…) En Israël, les chemins émettent des sons que je n’ai entendus nulle part ailleurs (…) » dit Ora, alors qu’Avram lui répond « tu veux dire que (…) le langage germerait de la terre ? » (p. 504).

S’imaginant conjurer le sort en racontant la vie d’Ofer à son père, nouant le fil et tissant la trame, en le disant elle espère le protéger : tant que l’évocation d’Ofer planera sur leur randonnée, rien ne lui arrivera, il faut détourner de lui le mauvais sort :

Cortés et son double, Christian Duverger

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 26 Avril 2013. , dans Seuil, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Biographie

Cortés et son double, janvier 2013, 320 pages, 21 € . Ecrivain(s): Christian Duverger Edition: Seuil

 

 

« Et moi, je m’inscris à la suite de ce petit nombre de soldats dont je fais ici mémoire » (1).

L’Espagnol s’exprimant ainsi se proclamait le rapporteur-témoin de trois années de conquête du Mexique poursuivies aux côtés de Cortés vers 1520. Rédigé environ quarante années après ces événements, sous le titre Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne, cet instructif et emblématique récit des épisodes coloniaux en Amérique centrale s’agrégea sans tarder au nom de celui qui l’avait paraphé : Bernal Diaz del Castillo. D’autres, qui étudièrent ultérieurement (au XIXe siècle) ces relations de guerre avaient confirmé ladite paternité d’écriture. Dans son Cortès et son double, l’historien, méso-américaniste de renom, Christian Duverger, se penche pourtant aujourd’hui avec une suspicion sévère et minutieuse sur la provenance réelle de ces écrits, assurément toujours considérés comme joyaux de la littérature espagnole, mais dont l’auteur n’aurait pas été, selon lui, celui que cette signature désigna trompeusement.

Mauvaises passes, Mohamed Al-Azab

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Mars 2013. , dans Seuil, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Pays arabes

Mauvaises passes (Wuqûf mutakarrir), traduit de l’arabe égyptien par Emmanuel Varlet, Seuil, format kindle février 2013, 176 pages . Ecrivain(s): Mohamed Al-Azab Edition: Seuil

 

Nous est familier, dans le roman, l’usage de la troisième personne, qui instaure, entre le personnage « IL » et le narrateur, la distance maximale.

Nous sommes habitués, également, à l’emploi du JE, qui abolit cette distance pour donner l’illusion que le narrateur et le héros sont une seule et même personne.

Mohamed Al-Azab, pour ce roman court et dense, a fait le choix d’une autre perspective, beaucoup moins courante : le narrateur s’adresse au personnage principal en utilisant le TU.

Certes nous connaissons des exemples de romans à la deuxième personne (La Modification, de Michel Butor, ou Un homme qui dort, de George Pérec, pour ne citer que ceux-là). Dans ces exemples, le narrateur s’adresse au lecteur, et l’institue, de gré et de force, héros du récit.

Le pont des assassins, Arturo Perez-Reverte

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans Seuil, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Espagne

Le Pont des Assassins (El Puente de los asesinos), traduit de l’espagnol par François Maspero, octobre 2012, 349 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Arturo Pérez-Reverte Edition: Seuil

 

Voilà qui ravira les amateurs des romans de cape et d’épée, et en particulier, ceux dont l’enfance a retenti des cliquetis d’épée et des éclats de mousquetons des Pardaillan, de Lagardère, ou de nos mondialement célèbres Trois Mousquetaires.

Tout comme celles de Pardaillan ou de d’Artagnan, les aventures du Capitaine Diego Alatriste y Tenerio, le mercenaire espagnol que nous retrouvons en ce volume, se déclinent en plusieurs tomes. Celui-ci en est le septième.

Partageant la vision, tantôt critique, tantôt dubitative, souvent admirative, toujours respectueuse que porte le narrateur, le jeune spadassin basque Iňigo Balboa, sur les faits, les dires et les gestes du Capitaine Alatriste, dont il est à la fois le serviteur, le disciple, l’assistant, le sbire et le compagnon dévoué, nous suivons jour après jour le récit d’un complot visant à renverser, pour le compte de l’Espagne, le doge de Venise, Giovanni Cornari, trop lié avec la France au goût de Philippe IV.

L’objectif une fois annoncé, le décor se met en place, le complot s’ourdit, la stratégie se dessine, les protagonistes se rencontrent, font connaissance, s’organisent.