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Roman

La femme minérale, Nathalie Bénézet (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 04 Octobre 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

La femme minérale, Nathalie Bénézet, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, mai 2024, 110 pages, 17 €

 

De retour, en Provence, d’un séjour professionnel de plusieurs années en Asie, le personnage principal de ce court roman, une femme alors désœuvrée, tombe par le plus aléatoire des hasards, dans la rubrique hétéroclite des faits divers, sur un article d’un quotidien local relatif au retrait, par décision judiciaire, à un couple totalement démuni de ressources, de ses deux enfants au motif allégué de maltraitance.

Les autorités ayant investi le taudis dans lequel la famille vivait en totale réclusion, tous volets clos, sans contact avec l’environnement social, y auraient découvert les jumeaux déscolarisés, désocialisés, dénutris, en manque de soins.

« Pendant des jours, j’ai pensé à ces gens. […] J’ai pensé à eux comme s’ils étaient des proches. Et je les imaginais seuls, sans les petits, sans plus le droit de ni les n’approcher ni de les voir, jamais ».

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Octobre 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Belfond

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber, éd. Belfond, traduit de l’allemand par Matthieu Dumont mai 2024, 318 pages, 22,50 € Edition: Belfond

 

La littérature allemande a intégré depuis longtemps les grands romans familiaux, types d’œuvres qui ont permis l’évocation en perspective de l’histoire de ce pays. Il en va de même pour Toutes les vies de Kazimira, de Svenja Leiber, qui évoque l’histoire de la Prusse-Orientale d’une part, et de l’ambre d’autre part. Kazimira est une femme aux origines mêlées. La région de la Prusse-Orientale a vu en effet des Polonais, des Russes, des Lituaniens, des Biélorusses, descendants directs des Prussiens, s’établir dans cette région marécageuse et boisée, pour y défricher la terre et la rendre cultivable. Ce qui va marquer la vie de Kazimira, c’est la production de l’ambre, produit typique des pays de la mer Baltique qui va orienter durablement la vie économique de la région. Kazimira a épousé Moritz Hirschberg. Qui est-il ? « Même sur l’étroite piste de sable qui s’étire depuis le continent telle une côte arrachée à travers les eaux de la mer Baltique, un mélange a lieu. Artisans polonais, pêcheurs curoniens, commerçants lituaniens, russes et juifs, Moritz Hirschberg est l’un d’eux ».

Patient X, Le dossier Ryūnosuke Akutagawa, David Peace (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Octobre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, En Vitrine, Rivages, Cette semaine

Patient X, Le dossier Ryūnosuke Akutagawa, David Peace, Rivages, octobre 2024, trad. anglais, Jean-Paul Gratias, 366 pages, 24 € . Ecrivain(s): David Peace Edition: Rivages

 

David Peace n’a jamais rien fait comme tout le monde. Ses terrifiants « polars » étaient un véritable laboratoire littéraire dans lequel il dynamitait toutes les règles du genre, les contraignant à des pages sombres et souvent absconses, d’une poésie admirable. Ses célébrations du football étaient des exercices de style dont les échos – Li-ver-pool – Li-ver-pool – ne finiront jamais de résonner à nos oreilles.

Avec Patient X, Peace s’attache à présenter une sorte de biographie d’un écrivain japonais célèbre auquel il voue un véritable culte, Ryūnosuke Akutagawa. Une fois cela dit, il faut se précipiter à préciser que l’ouvrage ne ressemble à aucune biographie jamais éditée. L’intimité de Peace avec son modèle tisse une sorte de patchwork fait de passages romancés de la vie de l’auteur (vérité ? Fiction ? la magie romanesque prend en charge la question), d’articles de journaux d’époque, d’extraits de paroles de l’écrivain. La tresse entière est une résurrection de Ryūnosuke, une biographie partielle, partiale, totalement subjective.

Monsieur de Bougrelon, Jean Lorrain (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 02 Octobre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Monsieur de Bougrelon, Jean Lorrain, éditions Le Chat Rouge, 2014, 222 pages, 20 €

 

Selon Dominique Fernandez (Dictionnaire amoureux de Stendhal, Plon, 2013), le nouveau Stendhal Club ne compte à ce jour et ne comptera jamais que douze membres. Si par caprice je fondais un Lorrain Club, combien d’adhérents pourrais-je espérer ? Cinq ou six, tout au plus ? Lorrain, pourtant, n’est pas si oublié qu’on pourrait le supposer : une monumentale biographie par Thibaut d’Anthonay, somme d’érudition prodigieuse (J.L., Miroir de la Belle Époque, Fayard, 2003, 986 pages), et de constantes rééditions en témoignent : telle celle de Monsieur de Bougrelon par Le Chat Rouge en 2014 (parution initiale en 1897 comme pour Les Nourritures terrestres de Gide : coïncidence anodine ?).

S’agit-il de son meilleur roman ?

De femme et d’acier, Cécile Chabaud (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 02 Octobre 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

De femme et d’acier, Cécile Chabaud, Editions L’Archipel, août 2024, 235 pages, 20 €

 

Après Rachilde, femme de lettres du 19ème siècle surnommée « Mademoiselle Baudelaire », et Georges Despaux, figure énigmatique de la seconde guerre mondiale, Cécile Chabaud se glisse dans la peau de l’unique femme médecin française à avoir affronté la noirceur de la Grande Guerre. Nicole Girard-Mangin, cette femme médecin, au regard et tempérament d’acier, même pas ébranlée par un éclat d’obus, ravive les flammes d’un féminisme engagé pour le bien de l’humanité.

Être la « femme de » est-ce un destin respectable pour une femme ? Nicole Mangin aurait pu se vautrer dans l’oisiveté, l’opulence, virevolter dans les bals, fermer les yeux sur les infidélités de son mari, mais elle sentait qu’elle s’éloignait d’elle-même. Cette vie faussement facile l’aurait menée infailliblement vers un affadissement de son être. Elle se sentait « remisée dans les petits salons ou les jardins d’hiver, avec ceux qui ne savent pas prendre la lumière ».