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Roman

Les Effinger, Une saga berlinoise, Gabriele Tergit (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Christian Bourgois

Les Effinger, Une saga berlinoise, Gabriele Tergit, Éditions Christian Bourgois, 2023, 960 pages, 30 € Edition: Christian Bourgois

 

Thomas Mann nous avait décrit avec brio et une grande force d’évocation une saga familiale, celle des Buddenbrook, dont le sous-titre était La décadence d’une famille. Gabriele Tergit renouvelle le genre dans ce roman-fleuve intitulé Les Effinger, une saga berlinoise.

Dans le roman de Thomas Mann, il était question d’une grande famille de l’Allemagne du Nord, protestante. Dans celui de Gabriele Tergit, il s’agit de deux familles, juives, les Effinger et les Oppner. Paul Effinger, horloger à Kragsheim, petite ville du sud-ouest de l’Allemagne pour tenter sa chance à Berlin. Les Effinger vont se lier avec les Oppner, des banquiers juifs assimilés.

Nous sommes en 1870 et le cadre de l’Allemagne fraîchement unifiée incite à l’expansion économique, à la création de nouvelle entreprise, à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. L’industrie allemande se développe à grande vitesse et les dirigeants de l’Empire allemand n’ont de cesse que de vouloir dépasser le Royaume-Uni, puissance dominante sur le monde et sur le continent européen.

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau, éditions La Part Commune, 107 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Marie Hélène Prouteau

 

Les plages de Marie-Hélène Prouteau

C’est une même terre que notre terre.

La Petite Plage cristallise cette conviction que grain de sable par grain de sable notre terre est un château unique, le nôtre, celui que donne à sentir, grain par grain, mot par mot, dans de belles pages, Marie-Hélène Prouteau.

Évidemment, notre œil brille et notre oreille se dresse si l’on est de Bretagne. Nos sens pourraient être autant en alerte si du Tibet, des régions indiennes d’Outre-Atlantique, de Chine ou de Vienne ou Buda. Peu importe car la Petite Plage est convexe, entre son ventre doux jusqu’au centre de tout, entre ses souffles d’abysses jusqu’aux estuaires du ciel.

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Livre de Poche

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, Le livre de poche . Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Le Livre de Poche

 

Jusqu’où peut aller la vérité romanesque ? Doit-elle se substituer à la vérité historique, se superposer à cette dernière, ou limiter sa prétention à un rôle second ? Olivier Guez, dans La Disparition de Josef Mengele, apporte une réponse qui sera précieuse à tous ses potentiels lecteurs que nous espérons très nombreux : il franchit cet obstacle parfaitement en narrant la vie de Joseph Mengele durant l’après-guerre en Amérique Latine par l’imaginaire, bien sûr ; mais aussi en s’adossant à une solide documentation historique et livresque.

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce texte, c’est le souci constant de mise en perspective d’Olivier Guez concernant la situation de l’après-guerre. Ainsi décrit-il les lieux de Buenos Aires que Mengele fréquente : « Depuis quelques jours, il arpente Buenos Aires. La colossale avenue du 9 juillet et son obélisque ; Corrientes, ses cabarets et ses librairies ; le gratte-ciel Barolo et les cafés Art nouveau de l’avenue de Mai ».

La fille verticale, Félicia Viti (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La fille verticale, Félicia Viti, Gallimard, Coll. Blanche, août 2024, 112 pages, 15,50 € Edition: Gallimard

 

C’est l’histoire d’une passion amoureuse entre deux femmes, la narratrice et L. (Elle, tout simplement).

A priori, une intrigue en cours de banalisation dans la littérature contemporaine.

Ce roman court de Félicia Viti sort du lot. La relation entre les deux femmes est houleuse, faite d’une succession de querelles souvent triviales, de vraies et feintes ruptures, de réconciliations sensuellement torrides. L. disparaît, rejoint la faune nébuleuse des noctambules, fêtards, soûlards et drogués des quartiers interlopes de Paris, reparaît abruptement, s’impose, rompt à nouveau, fuyante, inconstante, ne supportant pas l’idée même de stabilité, de confort, ne tenant pas en place, sans cesse en mouvement, ce qui lui vaut cette appellation de « fille verticale ».

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Les Belles Lettres

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton, Les Belles Lettres, 2019, trad. anglais (Etats-Unis) Sarah Fosse, 453 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Les Belles Lettres

 

C’est en 1920 que paraît ce roman qui obtient le Prix Pulitzer en 1921. L’autrice, Edith Wharton, entend répondre à son mentor, Henry James, qui lui enjoignait de dépeindre New York, avec ce roman qui se situe donc dans le New York de la seconde moitié du 19ème siècle.

C’est plus précisément au début des années 1870 que se situe le roman, dans le milieu très fermé de la bonne société new-yorkaise, milieu élitiste dans lequel l’étiquette a ses exigences auxquelles on ne saurait se soustraire. Tout y est codifié, s’agissant du langage, du vêtement (on se change pour le dîner…), du maintien corporel ou des interactions dans une société qui règle les parcours, qui ne tolère aucun écart quant aux codes en vigueur et où les unions ne sont pas nécessairement liées au transport amoureux.