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Roman

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 16 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez, Gallimard, août 2024, 393 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Il y a le chant, hypnotique, berceuse, incantation, psalmodie, une voix qui fait sens, à laquelle il faut donner suite, et prise… suivre l’enchantement, être prêt à y répondre, c’est le rôle confié aux enfants. Être prêt à y répondre, déchiffrer, défricher ce que la nature espère… ? que l’on y reconnaîtra, que l’on se reconnaîtra, c’est le rôle des adultes.

Un géant une pierre à la main, un homme des bois, des marais, de la nature, un innocent. Un monde entre ciel et terre, entre arbres et forêt, un monde de conte de fées, tel qu’il pouvait être avant.

Avant la chute, avant l’avancée, la marche forcée du progrès, contre nature.

Le sommeil signifiant, le retour arrière, le rêve, le fil de la vie, la préservation. Le chant émerge comme un fil à suivre, passer et repasser dans le chas.

Matignon la nuit, Nicolas Idier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 11 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Plon

Matignon la nuit, Nicolas Idier, Plon, août 2024, 176 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nicolas Idier Edition: Plon

 

« Je suis une sous-plume, comme il y a des sous-mains. Un bout de plume de demain, un vestige de plume. Une ou deux barbules, à peine. Je n’ai presque rien pesé dans l’organisation sans faille du cabinet du Premier ministre. Mon départ se fera sans un tremblement, sans le moindre frémissement » (Matignon la nuit, 17:00).

Cet éblouissant roman est dédié À toutes les plumes, celles qui officient dans l’invisible auprès des ministres et du Premier d’entre eux, celles qui se glissent dans ce roman, plumes romanesques pour la plupart, plumes françaises et chinoises, affûtées et anonymes parfois. Nicolas Idier, qui fut l’une des plumes du Premier Ministre Jean Castex, romance cette expérience, cette aventure unique entre les murs de Matignon – Matignon est un peu ma Cité Interdite, mon voyage intérieur.

L’Enchanteur, René Barjavel (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 09 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

L’Enchanteur, René Barjavel, Folio, 1987, 480 pages, 9,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Depuis plus de neuf cents ans, Merlin hante la littérature et l’imaginaire occidentaux, avec juste un passage à vide durant la Renaissance – mais un retour en force depuis l’époque romantique. Aujourd’hui encore, séries télévisées, parodiques ou non, et films s’inspirent de cette figure du magicien conseiller des rois et prophète. Et si l’influence de Merlin sur Gandalf, le magicien de Tolkien, est diffuse (Tolkien s’inspirait d’un fonds nordique plutôt que celtique), elle est évidente sur Dumbledore, le directeur de Poudlard, l’école de magie créée par J.K. Rowling pour sa saga Harry Potter. Bref, Merlin est une figure omniprésente, comme un point de repère dans l’histoire des histoires racontées.

Il était logique que Barjavel, en 1984, pour ce qui va s’avérer être son avant-dernier roman, choisisse de s’attacher à la destinée de cette figure emblématique entre autres d’un rapport fort à la nature, ce Merlin qui en vient à se fondre dans la forêt, devenant « bois vif, écorces, racines, feuilles vertes et feuilles mortes, graines germées, sèves montantes, odeurs mouillées, couleurs lavées que le soleil revenu chauffait et caressait ».

La maison Dieu, Céline Laurens (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

La maison Dieu, Céline Laurens, Albin Michel, août 2024, 240 pages, 20,90 € Edition: Albin Michel

 

« Chaque fenêtre de la maison de Monsieur et Madame donne à voir sa saison préférée. Imaginez. Celle du salon de musique, le printemps : Mallora et Abel boivent de la citronnade. Ils feuillettent des livres sur une table blanche et rouillée disposée sur la terrasse en pierre. Le ciel est clair, l’arrosoir rutile perdu dans l’herbe et leurs visages éclatent de nudité dans ces premières tonalités franches du printemps » (Élise, La maison Dieu).

Avant d’être le nom du dernier roman de Céline Laurens, La Maison-Dieu est la lame XVI du Tarot de Marseille, dont Paul Marteau nous dit « qu’elle représente les constructions éphémères et fécondes de l’Homme, toujours détruites, toujours reprises, douloureuses parce qu’elles ruinent ses ambitions, bienfaisantes parce qu’elles accroissent sans cesse les richesses de son savoir (1) ».

Demande à la poussière, John Fante (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, 10/18, En Vitrine, Cette semaine

Demande à la poussière (Ask the Dust) traduit de l’américain par Philippe Garnier, 10/18 . Ecrivain(s): John Fante Edition: 10/18

 

Ask the Dust (l’un des plus beaux titres de la littérature romanesque) fut publié pour la première fois en 1939, quelques années à peine après la Grande Dépression dont il est encore profondément imprégné. Cet ouvrage, longtemps sous-estimé, a eu une influence considérable sur le roman américain (on peut aussi penser sur le cinéma), notamment sur Charles Bukowski, qui voyait en Fante sa source littéraire, Richard Brautigan et toute la Beat Generation. Ce roman, à la fois rude et poétique, raconte la lutte d’un jeune écrivain pour trouver sa place, tout en dépeignant la ville de Los Angeles avec une précision crue et évocatrice, un peu à la manière de Raymond Chandler et du roman noir de la Côte Ouest.

La Grande Dépression plane sur le roman, avec sa charge de difficultés économiques profondes qui affectent la vie quotidienne de millions d’Américains, ravagent les esprits, diffusent sur le pays une morosité morbide. Los Angeles, la ville où l’action se situe, est présentée comme un lieu de rêves et de désillusions, une terre d’opportunités où les espoirs souvent se brisent sur une réalité impitoyable.