Identification

Roman

Orféo, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Le Cherche-Midi

Orféo, août 2015, traduit de l’américain par Jean-Yves Pellegrin, 426 pages, 22 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Le temps où nous composions...

Dans une tranquille petite ville américaine, un vieil homme, Peter Als, compositeur et passionné de musique classique profite de sa retraite pour s’adonner à sa passion préférée : la chimie et l’étude des structures de l’ADN. Cet intérêt a tout à voir avec la musique car la chimie est pour Peter une partition de musique. L’étudier c’est déchiffrer les notes secrètes et mélodieuses de l’atome. Cependant, des événements tragiques extérieurs vont faire irruption dans la vie solitaire et tranquille du septuagénaire. Soupçonné d’actes terroristes, Peter Als devient la proie du gouvernement fédéral. Il est traqué. Face au désarroi et aussi à l’incompréhension de son monde devenu ultra sécuritaire, il fuit et commence alors un voyage à travers l’Amérique…

Orfeo renoue avec les thèmes de prédilection de Richard Powers. En effet, l’auteur a toujours souligné son intérêt pour la science et la musique. Il met en exergue l’impact de ces domaines dans la vie et les agissements de ces personnages. Ainsi, nous a-t-il donné par le passé de magnifiques romans tels que La chambre aux échos et Le temps où nous chantions. Il ne cesse de suivre la trajectoire individuelle de ses protagonistes et de leurs choix pris dans les tourments de la vie.

Les partisans, Aharon Appelfeld (2ème article)

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Olivier (Seuil), Israël

Les partisans, mai 2015, trad. de l’hébreu par Valérie Zenatti, 319 pages, 22 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Au début, ils sont une poignée d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, unis par un destin commun : résister. Venus de tous horizons politiques et sociaux, réchappés qui du ghetto, qui d’une rafle, qui du quai d’un train de la mort : « Pourtant, Kamil et Félix réussirent à organiser l’évasion de quelques personnes qui étaient dans des brigades de travail, et d’autres qui étaient déjà sur le quai de la gare. Moi aussi, par chance ou par miracle, je les ai rencontrés » (p.16). Rattachés à la vie par la foi en Dieu, en l’homme, en l’esprit : « Quand l’un de nous est submergé par la mélancolie, nous l’entourons avec délicatesse et essayant de parler à son cœur. Parfois un mot juste lui redonne vie, mais la plupart du temps les mots n’ont pas le pouvoir de l’arracher au piège dans lequel il est pris » (p.34). Des êtres détournés de leur vie pour incarner un autre destin, des êtres que la vie communautaire rend différents. Ils endossent alors le rôle qui leur est échu, distribué par les circonstances : Kamil, promis à une brillante carrière d’architecte prend naturellement le commandement du groupe. Non religieux mais spirituel, il prononce parfois des paroles qui le dépassent.

Tout ce qui fait BOUM, Kiko Amat

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Asphalte éditions

Tout ce qui fait BOUM (Cosas que hacen BUM), mai 2015, traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud, 296 pages, 22 € . Ecrivain(s): Kiko Amat Edition: Asphalte éditions

Drôle de type que Pànic Orfila. S’il n’y avait que son nom pas ordinaire. Lui non-plus n’est pas ordinaire, même, surtout, s’il est en pleine recherche d’il ne sait trop quoi dans une adolescence qui n’arrive pas à finir. Devenu orphelin à 8 ans et alors élevé par la grande tante Angels, passablement allumée mais très maternelle, il a étudié dans les livres qu’elle avait à la maison. Rien que de la subversion de première bourre : anarchistes, situationnistes… La grande référence de son éducation, c’est Stirner. Max Stirner. L’unique et sa propriété. La mythique référence de l’anarchisme. Il a aussi bien retenu quelques devises que la grande tante lui rappelle à l’occasion entre deux expéditions activistes et subversives : « bouge ton esprit et tes fesses le suivront » ou « ne les laisse pas te transformer en fourmi ouvrière ».

Entre recherche de l’amour idéal (nécessaire pour atteindre le 9e niveau), éthique de la masturbation et recherche d’identité, Pànic débarque pour une nouvelle vie à Barcelone, en principe, mais vraiment en principe, pour suivre des cours de philologie à la fac. Hébergé par une « fausse tante », Lola, il va vite apprendre à vivre d’autres vies. Une autre vie surtout, où son personnage va devoir apprendre à évoluer et se transformer, en commençant par changer de look puis en apprenant à se contenter de ce qui se présente, de ce qu’on veut bien lui lâcher.

2084 La fin du monde, Boualem Sansal

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 09 Septembre 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb, Gallimard, La rentrée littéraire

2084 La fin du monde, août 2015, 274 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

2084 La fin du monde est un pamphlet, un récit utilisant la trame romanesque et les rebondissements d’un conte pour éclairer le lecteur et le mettre face à des vérités désagréables et bien dérangeantes : par exemple, celle qui est énoncée en exergue du roman : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité ».

Le roman a pour cadre l’Abistan, un immense empire conquis autrefois sur les infidèles, les ennemis de la Foi. Le système de cette contrée repose sur la soumission à un dieu unique, Yölah, dont le prophète, Abi, est le délégué sur terre. Toute idée personnelle, toute pensée originale ou manifestant le moindre commencement de déviance y est bannie. L’écriture révérée est le Gkabul, dont les habitants de cet empire doivent s’imprégner sans cesse, le psalmodier à de nombreuses reprises dans la journée dans les mockbas, lieux de culte. Cet environnement doit rappeler quelque chose aux lecteurs contemporains, mais Boualem Sansal dans sa préface nous avertit avec force humour et ironie : toute ressemblance avec une réalité existante est fortuite, le récit se déroulant dans un futur lointain naturellement sans rapport avec l’actualité.

Seul contre Osbourne, Joey Goebel

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 08 Septembre 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Héloïse D'Ormesson

Seul contre Osbourne, mai 2015, traduit de l’anglais (USA) par Samuel Sfez, Editions 384 p., 22€. . Ecrivain(s): Joey Goebel Edition: Héloïse D'Ormesson

 

En faisant le récit à la première personne de la journée d’un élève de dernière année du lycée Osbourne, qui se situe dans la ville fictive de Vandalia (1), Kentucky (Etat où a grandi l’auteur), Joey Goebel dresse un portrait au vitriol de la société et de la culture étatsuniennes. Le lecteur vit huit heures, minute par minute, dans la peau de James Weinbach, lycéen exclu et misanthrope. Alors que son père déjà âgé vient de mourir pendant les vacances, le voilà de retour au bagne pour une journée pas comme les autres. Construit sur un scénario bien ficelé, ce roman se lit de longue haleine et lance un cri d’alerte face à la superficialité du monde.

Le personnage du jeune homme mélancolique et passionné de littérature peut rappeler le narrateur de The Perks of Being a Wallflower (2). James ne ressemble pas aux autres lycéens : il s’habille en costume et se fait remarquer pour sa politesse. Cela fait de lui un marginal dans la jungle du lycée : il appartient au groupe des uncool, ceux qui ne sont pas intégrés à la masse dominante.