Gabriel Chevallier (1895-1969) est avant tout pour moi l’auteur de La Peur (1930, son second roman), dû à un intérêt particulier pour les récits de la Première Guerre mondiale – et je tiens La Peur pour l’un des plus puissants. Seulement, j’aime aussi la littérature ayant pour cible la bêtise humaine, avec Madame Bovary en plein dans le mille, et Clochemerle (1934) a pour réputation d’en faire partie, et bonne encore.
Confirmation : ce roman est un chef-d’œuvre humoristique, et un vrai. La preuve par l’absurde ? Ce n’est pas un hasard s’il a rencontré du succès aussi en anglais, en espagnol ou en allemand : Chevallier excelle dans la formulation « à chute », ces fins de phrase qui font sourire, autrement dit il pratique un humour qu’on pourrait qualifier d’universel puisqu’il résiste à la traduction.
L’histoire est connue : durant l’été 1923, le petit village de Clochemerle, dans le Beaujolais, est mis sens dessus dessous suite à une décision du maire, Barthélémy Piéchut : installer une pissotière à l’entrée d’une impasse juste à côté de l’église… De cette décision liée à des ambitions politiques (ah ! le progressisme comme religion politique !…) découleront toute une série d’événements rocambolesques dont l’apogée sera ni plus ni moins que l’envoi de la troupe pour y mettre bon ordre… à ceci près que la présence de celle-ci mènera à un surcroît de violence…