Identification

Roman

Le Bonheur, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 31 Octobre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Le Bonheur, 135 pages, 18 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Actes Sud

 

 

« Un jour je partirai, un jour, j’irai là-bas »

Le Bonheur est l’ultime roman d’Emmanuel Darley. Est-ce d’ailleurs un roman ? E. Darley a toujours affirmé que ses textes se situaient à la marge des genres littéraires. Il n’y a pas de personnages définis ici, de géographies déterminées, de trajectoires de vie complètes : tout est fragmenté, comme ces vies en pièces que le lecteur croise. Il adopte d’ailleurs une écriture faite de ruptures, de blancs et de blocs. Les hommes et les femmes qui apparaissent et disparaissent ne sont que des « ombres » (p.98). Ils sont ceux qui suivent les chemins vers « le pays bonheur », qui un jour vont partir. Eux qui aujourd’hui sont dans nos journaux, sur nos écrans, « les migrants, les réfugiés », les clandestins et les naufragés, eux dont parle Maylis de Kerangal, sept ans après E. Darley, dans un court texte : A ce stade de la nuit.

Le printemps des corbeaux, Maurice Gouiran

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 29 Octobre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, La rentrée littéraire, Jigal

Le printemps des corbeaux, septembre 2016, 248 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Maurice Gouiran Edition: Jigal

 

 

Pour son vingt-sixième roman publié par Jigal, à 70 ans et des brouettes, Maurice Gouiran offre à ses lecteurs un condensé de son savoir-faire de conteur d’histoires dans l’Histoire, de professionnel de la littérature noire.

Dans Le printemps des corbeaux, il nous transporte une nouvelle fois à Marseille, en mai 1981, au moment de l’élection de François Mitterrand à la présidence. Louka, alias Luc Rio, jeune étudiant en informatique et ancien gamin de la DDASS, développe une asocialité matinée d’esprit revanchard : « J’étais simplement d’un détachement amoral envers mon prochain, sans doute parce que je crois bien n’avoir jamais aimé personne. En fait, c’est encore plus grave que ça : je n’aime rien » (p.9).

Bondrée, Andrée A. Michaud

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Octobre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Rivages

Bondrée, septembre 2016, 362 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Andrée A. Michaud Edition: Rivages

 

Roman sublime de l’entre-deux : entre deux pays, entre deux langues, entre deux lolitas, entre deux regards, entre deux lumières. Bondrée se tend dans une nébuleuse fascinante, où les personnages, les événements, les lieux sont tous nimbés de mystère, d’insaisissable, de replis sombres et dangereux. Zaza, Sissy, deux jeunes filles lumineuses éteintes à jamais, peut-être à cause de leur luminosité qui heurte de plein fouet les zones d’ombre des hommes ? Andrée A. Michaud (la jeune narratrice se prénomme Andrée et l’inspecteur chargé de l’enquête se nomme Michaud, sans compter un personnage nommé Ed McBain !) joue avec une dextérité fabuleuse des contrastes les plus marqués : à commencer par le cadre même, Bondrée (Boundary) où le soleil d’une station balnéaire située à la frontière du Maine (USA) et du Québec, et les noirceurs soudaines du ciel qui apportent de violents et brefs orages, constituent une parfaite métaphore du drame qui va s’y jouer. Contraste aussi, la compassion qui anime les cœurs de la petite communauté de vacanciers et la concupiscence des regards masculins sur les très jeunes filles – voire la jalousie des femmes plus mûres. Tout, dans cette histoire, est frontière, mélange. Entre-deux disions-nous.

Lagos Lady, Leye Adenle

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 26 Octobre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Métailié

Lagos Lady, mars 2016, trad. anglais (Nigeria) David Fauquemberg, 333 pages, 20 € . Ecrivain(s): Leye Adenle Edition: Métailié

 

Guy Collins, jeune journaliste britannique au service d’une start-up londonienne qui peine à démarrer, se porte volontaire pour un reportage au Nigéria.

Qu’allait-il faire dans cette galère ?

Le soir même de son arrivée à Lagos, allé boire un verre dans un bar où il est immédiatement abordé par des racoleuses, il se retrouve sur les lieux d’un crime horrible perpétré en face de la taverne sur la personne d’une jeune prostituée à qui les meurtriers ont sectionné les seins.

Embarqué par la police, il fait bien malgré soi la connaissance de l’inspecteur Ibrahim et découvre avec épouvante les méthodes expéditives et définitives du sergent Hot-Temper qui envoie devant lui directement en enfer d’une balle dans la tempe deux personnes qui viennent d’être arrêtées.

Voilà pour donner une petite idée de l’ambiance qui happe le lecteur dès les premiers chapitres de ce roman galopant.

Le Prince des Cravates, Lucien Daudet

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 26 Octobre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le Prince des Cravates, septembre 2016, 120 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lucien Daudet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Avec ce bref roman, nous sommes plongés en pleine période proustienne, avec les décors, les soirées mondaines et les sentiments adéquats. Le héros de ce livre, Albert Salvage, est le prototype du mondain, revenu du service militaire, fêté par son milieu, et qui se voit tout d’un coup projeté dans un voyage, par le biais d’une invitation assez inattendue. Un ami de son père, Archibald Glenlyon Stetson l’invite ainsi près de Londres. Le roman pour l’essentiel déroule les fastes de Broadmore et le charme de la belle lady Glenlyon Stetson, Guanhamara.

L’ambiance est digne des romans du subtil Boylesve (Le parfum des îles Borromées) et annonce celle que Proust, grand ami de Daudet, va décrire à l’envi dans La Recherche.

Albert profite de cet univers facile, avec sa « fée », tout englué dans les sentiments, la complicité sans problème…