Le projet d’écrire sur le rien est-il réalisable ? Est-il possible d’écrire sur la platitude, l’inconsistance, la petitesse, l’immobilité du quotidien, sur la routine des heures qui défilent ? Oui, dans le roman Le garçon Scènes de la vie provinciale, l’auteur, Olivia Resenterra, réussit parfaitement cette prouesse. Ce roman est hors temps, hors sol. Nous ne saurons pas dans quel lieu il se déroule. Nous saurons juste que les jours y défilent dans la même monotonie, la même inertie. En effet, l’intrigue de ce court récit est très mince, resserrée autour de deux personnages, une mère et sa fille, dont l’existence est d’une banalité affligeante.
Une violence sourde émerge de cette relation glaciale et glacée. L’auteur montre, avec une précision chirurgicale, la grisaille de l’existence provinciale. Ces deux personnages qui vivent dans une fusion-confusion où chacun ne sait plus qui est qui et finissent lentement par se détruire mutuellement. Entre elles deux et avec les autres la haine et la rancœur dominent. Le corps devient inexistant, meurtri. Peu à peu elles se détruisent mutuellement. Leur vie se passe à regarder la télévision et à commenter les commérages du village. Et à les alimenter.