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Roman

Les Parisiens, Olivier Py

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire

Les Parisiens, août 2016, 544 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Olivier Py Edition: Actes Sud

 

Le roman d’Olivier Py est construit, un peu à la manière de scènes de théâtre, sous forme de tableaux, lieux géographiques (Le château, L’église…) ou thématiques (La guerre, Deux femmes…), coups de projecteur sur des rencontres, des conversations, des pensées intérieures.

Deux personnages, Aurélien et Lucas, jeunes Rastignac du XXIe siècle, incarnent les deux tendances antagonistes mais réductibles d’Olivier Py : le libertaire et le sacré. L’une comme l’autre transcendent la mort et se rejoignent dans l’Art, le théâtre, la musique, la poésie : « Oublier la mort, oublier que l’on va mourir, vaincre, triompher […] croire à son destin et ridiculiser la mort ». Aurélien le solaire, tourné vers la vie, le plaisir et la fête, s’oppose à Lucas l’ombrageux, qui lutte et se débat contre des forces obscures.

Autour d’Aurélien, deux univers gravitent et se mêlent par épisodes : d’une part, le milieu de la politique et de la culture, où se cotoient les pires stratèges et les coteries qui s’opposent, se méprisent et se livrent une guerre sans merci ; d’autre part, une joyeuse bande de révolutionnaires, transsexuels, homos, lesbiennes, qui défendent, en mots et en actes, les droits et la liberté des « travailleuses du sexe » et inventent le terme de « putitude ».

Paula T. une femme allemande, Christoph Hein

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Métailié

Paula T. une femme allemande, trad. allemand Nicole Bary, 487 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christoph Hein Edition: Métailié

 

 

Le titre du roman de Christoph Hein est éponyme de celui du film de Fassbinder, Lola une femme allemande. Paula Trousseau, c’est son nom, est une femme qui tombe très tôt victime de l’autoritarisme familial, en proie à un père épouvantable, violent qui ne laisse guère la voix au chapitre dans le cadre étouffant du giron familial. Elle perçoit, très vite, les pires inconvénients du mariage et entrevoit ses conséquences comme un abandon, comme l’entrée dans une prison dont les clés ne se rouvriront pas de sitôt :

« Avec le mariage, j’allais être à nouveau enfermée dans une maison et la seule chose que je serais en droit d’espérer serait le quotidien de la vie conjugale, les enfants, et pour finir la vieillesse et la mort ».

Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 19 Septembre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Iles britanniques, Zulma

Notre quelque part (Tail of the blue bird), mars 2016, trad. anglais Ghana, Sika Fakambi, 270 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Nii Ayikwei Parkes Edition: Zulma

 

Une ténébreuse histoire…

Cela se passe au Ghana.

Kayo Dwoda, revenu au pays, après avoir achevé ses études en Angleterre, avec le titre de médecin légiste, ne se voit proposer qu’un médiocre et ennuyeux poste de préposé à la gestion des stocks de produits dans un laboratoire d’analyse biochimique d’Accra.

« Son existence lui donnait mal au crâne. Travailler dans un laboratoire d’analyse biochimique n’était pas exactement ce qu’il avait projeté de faire de sa vie et, presque un an plus tard, tout cela commençait à le miner sérieusement ».

A des lieues de là, un village qui vivait paisiblement depuis toujours sa vie de village africain protégé des nuisances de la modernité par son isolement se retrouve malencontreusement au bord d’une grand-route nouvellement construite, ce qui donne à la maîtresse favorite d’un ministre, qui passait par là, l’idée d’ordonner à son chauffeur d’y faire une petite halte.

Casal ventoso, Fredrik Ekelund

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques

Casal ventoso (Casal ventoso, 2005), éd. Gaïa, 2015, trad. suédois Philippe Bouquet, 206 pages, 19 € . Ecrivain(s): Fredrik Ekelund

 

Le monde du polar est un monde très ancré dans la géographie, à chaque auteur sa ville ou son coin de pays, à chaque détective sa ville, son climat… L’édition met même en avant des « écoles » de polar en fonction de cette géographie, pas toujours très pertinente en terme de style ou de genre. Ainsi du polar américain, anglais, italien, espagnol ou scandinave. Effet de mode ou vraie identité littéraire ? Sans doute un peu des deux. En tout cas cela fonctionne bien sur les tables des libraires et dans la critique littéraire, et donc de l’édition. Depuis quelques années les pays du nord ont le vent en poupe en la matière et tout éditeur un peu important se doit d’avoir dans son catalogue son ou ses auteurs de noir du nord.

Fredrik Ekelund est un de ceux-là. Alors que la filière suédoise pouvait sembler s’épuiser, les éditions Gaïa se sont attachées à nous le faire découvrir à travers les enquêtes de l’inspecteur Hjalle Lindström et de sa co-équipière et compagne Monica Gren. Leur base est le port de Malmö, tout au sud de la Suède, à un bras de mer et un pont autoroutier du Danemark et de Copenhague. Une agglomération qui rassemble quelques 560.000 habitants…

Un Singulier Garçon, le mystère d’un enfant matricide à l’époque victorienne, Kate Summerscale

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

Un Singulier Garçon, le mystère d’un enfant matricide à l’époque victorienne (The Wicked Boy), traduit de l’anglais par Eric Chédaille, septembre 2016, 468 p., 24 € . Ecrivain(s): Kate Summerscale Edition: Christian Bourgois

Rarement l’écriture d’un livre, d’un roman authentique, n’a autant mérité le nom de travail que cet opus de Kate Summerscale. La somme de recherches, fouillées jusqu’à la plus extrême minutie, entreprises par l’auteure, est proprement fascinante. Imaginez un instant Michel Foucault écrivant un roman à partir de sa reconstitution documentaire célèbre d’un multi crime non moins célèbre, « Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère » (et quand on connaît le talent stylistique de Foucault, cela eût été tout à fait imaginable). Eh bien c’est là le tour de force de ce roman – car c’en est bien un, même si chacun de ses éléments est rigoureusement fondé sur une vérité historique quasi méticuleuse. Nous avons tous les documents de police, de médecins, de juges, d’avocats, de compagnons, de voisins, de maîtres d’école etc. qui vont venir constituer le dossier de cette affaire, commencée en 1895.

Le lundi 8 juillet 1895, pour être précis, Robert Coombes a tué sa mère dans son lit de plusieurs coups de couteau, avec la complicité (passive ?) de son jeune frère Nathaniel. On est en Angleterre, « à Plaistow, quartier ouvrier, pauvre mais respectable, du vaste arrondissement des docks d’East London. » Robert a 13 ans, son frère, 12.