Identification

Nouvelles

Les bienheureux, Patryck Froissart

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 03 Novembre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Ipagination

Les bienheureux, 104 pages, 11,70 € . Ecrivain(s): Patryck Froissart Edition: Ipagination

« Ces yeux qui sont tout un poème / De langueur et de volupté / Disent, résolvant le problème / “Sois l’amour, je suis la beauté” »

Théophile Gautier, La Fellah, pp.84-85, cité par P. Froissart

 

Au bonheur des maux

Au bonheur des mots

Ce recueil de huit nouvelles bien frappées, champagne de l’esprit, met en scène l’humanité… Enfin, pas exactement, disons qu’il joue de ses deux composantes originelles, les hommes, les femmes… Sommes-nous, à chaque incipit, dans la douce lumière du Jardin d’Éden ? Adam et Ève s’y promènent-ils sous les ombrages, main dans la main par les sentiers d’un bonheur sans fin ? Pas exactement. Cette vision d’idylle tend à se brouiller : les couples, les unions passagères sont ici tous marqués d’une fatalité : rien ne va de soi, rien n’est simple ou, si l’on veut, tout se complique et les brumes de la discorde, les maux dont nous souffrons depuis toujours accablent les paysages prometteurs. « La faute à qui ? » – demandera le lecteur naïf, s’il en est encore un ici-bas.

Un Secret et autres récits, Severino Pallaruelo

Ecrit par Nathalie de Courson , le Lundi, 23 Octobre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Un Secret et autres récits, éditions de la Ramonda, trad. espagnol Monique et Charles Mérigot, 170 pages, 17 € . Ecrivain(s): Severino Pallaruelo

 

Les seize nouvelles de ce recueil se déroulent en Aragon, région natale de Severino Pallaruelo, rude pays montagnard de pauvreté, d’isolement, d’exode vers la ville, d’émigration vers la France, et plus récemment de canyoning et de randonnée pédestre. Mais plus que le décor d’un écrivain régionaliste, l’Aragon de Pallaruelo est un paysage comme l’entendrait Jean-Pierre Richard : l’ensemble des éléments sensibles qui forment le sol rugueux de son expérience créatrice. Ses personnages ressemblent à la nature qui les contient, « tenaces et durs comme les rochers de ces montagnes et comme les ajoncs qui poussent sur ces versants arides ».

Pallaruelo est un conteur comme on en trouve peu de notre côté des Pyrénées : entrant dans ses récits avec la vivacité d’une rivière de montagne, il sait par des sauts temporels en accélérer le rythme, pour le ralentir ailleurs en déployant des nappes de sensations : dans le premier récit, la perspective pour une petite fille de découvrir un secret est « un chatouillement dans la poitrine, comme si un mille-pattes minuscule avait dansé dans ce recoin de l’âme tellement sensible aux caresses délicieuses du doute, des secrets partagés et des révélations intimes ».

L’Enfant de la fièvre, Shelby Foote

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard

L’Enfant de la fièvre (Jordan County), traduit de l’américain par Maurice Coindreau et Claude Richard, 361 p. 10 € . Ecrivain(s): Shelby Foote Edition: Gallimard

 

Dans ces nouvelles de Shelby Foote – autant de pépites – on trouve deux textes qui constituent de véritables courts romans : Crescendo final et L’enfant de la Fièvre (qui donne son titre à ce recueil). Autant le dire dès l’abord, on a en mains d’authentiques joyaux littéraires, qui viennent se placer au plus haut dans la littérature sudiste.

Avec Crescendo final, on retrouve le Sud pauvre et douloureux de « tourbillon »*. Comme il le fait souvent, Foote commence par ce qui est fréquemment la fin chez d’autres auteurs. Il décale ainsi toutes les interrogations du lecteur sur ce qui, chez les personnages, surdétermine les actes et les destinées. Le pauvre héros attend dans le couloir de la mort son exécution. Le récit sera donc la trajectoire qui l’a mené là, le destin inexorable dans lequel rien n’aura pu le sauver. Ni son talent, ni son succès, ni l’amour inquiet de sa mère.

Il y avait des rivières infranchissables, Marc Villemain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Joelle Losfeld

Il y avait des rivières infranchissables, 12 octobre 2017, 145 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Marc Villemain Edition: Joelle Losfeld

 

Dans ce recueil de courtes nouvelles, Marc Villemain s’aventure sur des sentiers difficiles. Ecrire sur les amours enfantines, ou adolescentes, est souvent un piège tapissé de guimauve ou, au moins, de sentimentalité molle. On ne sait par quel miracle d’équilibre, ces nouvelles, sans exception, y échappent. La délicatesse, le doigté, la distance narrative, sont ici les ingrédients d’un livre certes sentimental – c’en est même le sujet – mais jamais dans le pathos.

En évoquant les amours d’autrefois, celles d’« il », figure centrale de chaque nouvelle, Villemain touche bien sûr à la nostalgie du temps qui passe, mais au-delà d’une nostalgie personnelle, à celle d’un moment collectif, notre nostalgie à tous, l’évocation émouvante d’une France disparue, de modes de vie surannés. Un parfum de cartes postales de naguère qui nous renvoie immanquablement à nos propres souvenirs.

Voyage d’hiver, Jaume Cabré

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Voyage d’hiver, février 2017, trad. Edmond Raillard, 304 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Actes Sud

 

« Si un ouvrage est bien écrit,

ses mots contiennent

la personne qui l’a créé ».

Jaume Cabré, Voyage d’hiver

 

La couverture des ouvrages publiés par les éditions Actes Sud exerce souvent un charme sur celui qui, furetant en librairie parmi les nouveautés, hésite. Le fidèle de ces éditions sait pouvoir compter sur la complicité entre illustration et texte. Ici, la reproduction du tableau de Fedor Karlovich Burkhardt, Un paysage d’hiver avec une troïka, évoque autant l’ambiance désolée du recueil que la curiosité que chaque nouvelle suscite.