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Nouvelles

Du Bonheur d’être Morphinomane, Hans Fallada

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 04 Juillet 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Denoël

Du Bonheur d’être Morphinomane, novembre 2015, trad. allemand Laurence Courtois, 352 pages, 22 € . Ecrivain(s): Hans Fallada Edition: Denoël

 

 

Depuis 2007, les Editions Denoël et la traductrice Laurence Courtois se sont lancées dans une entreprise plus qu’honorable : porter à la connaissance du public francophone l’œuvre de l’Allemand Hans Fallada (1893-1947). Pour l’heure, ce ne sont que trois romans (Quoi de Neuf, Petit Homme ?, 1932, Le Buveur, 1950, et son chef-d’œuvre absolu, Seul dans Berlin, 1947) parmi la grosse vingtaine d’ouvrages publiés de son vivant ou de façon posthume ; autant dire qu’il y a encore du pain sur la planche. Pour le présent volume, Du Bonheur d’être Morphinomane, Laurence Courtois a selon ses dires sélectionné des textes « choisis parmi deux recueils réunissant une quarantaine de nouvelles et une vingtaine d’histoires pour enfants » ; en français, ceci est donc le premier recueil de nouvelles signées Hans Fallada, et c’est l’opportunité de prendre connaissance des multiples formes que prend son talent littéraire à l’inspiration multiple.

20+1 Short Stories, Nouvelles, Collectif

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 01 Juillet 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Albin Michel

20+1 Short Stories, Nouvelles, Collectif, mai 2016, traduit par douze excellents traducteurs, 656 pages, 14 € Edition: Albin Michel

 

La nouvelle, c’est le genre abordé à l’école par le biais de Maupassant, Courteline, Balzac ou Zola – comme si la nouvelle était francophone et datait du dix-neuvième siècle. Parfois, l’un ou l’autre professeur va voir du côté de Romain Gary ou de Joseph Kessel, se risque à faire lire une petite anthologie policière, s’aventure à frotter ses élèves à Kafka – mais tout cela donne de la nouvelle l’impression d’un genre mort, et européen dans son essence. Tout amateur de littérature le sait, rien n’est plus faux : si la nouvelle, en tant que genre publié, a bel et bien périclité en France, faute entre autres de lieux de publication autres que réservés à des connaisseurs (elle est loin l’époque où Maupassant s’affichait en première page du Gaulois), elle connaît encore de belles heures dans le domaine anglo-saxon, en particulier aux Etats-Unis. La présente anthologie, éditée pour célébrer le vingtième anniversaire de la collection Terres d’Amérique chez Albin Michel, démontre la bonne santé de la nouvelle nord-américaine en vingt et un exemples extraits du catalogue de ladite collection.

L’Intégrale Illustrée, Edgar Allan Poe

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Juin 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Arts

L’Intégrale Illustrée, Archipoche coll. Bibliothèque des Classiques, trad. anglais (USA) Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé et al., décembre 2015, 850 pages, 32 €

 

Il existe, chez le lecteur vaguement bibliophile, une certaine perversion, qui l’enjoint à profiter d’une nouvelle édition pour replonger dans une œuvre dont au moins une édition précédente orne déjà sa bibliothèque. Va donc pour cette Intégrale Illustrée des œuvres d’Edgar Allan Poe (1809-1849), beau volume d’une taille agréable à manier (dix-huit centimètres sur vingt-cinq), imprimé en deux colonnes facilitant la lisibilité, sur papier-bible, et à la couverture attrayante (une Vanité de 1641 signée Sébastien Stroskpoff), le tout orné d’une trentaine d’illustrations de Harry Clarke (pour les contes et nouvelles), Arthur McCormick (pour les Aventures d’Arthur Gordon Pym) et Gustave Doré. L’objet en soi est attrayant, c’est toujours ça de gagné, et on regrettera seulement qu’il a été imprimé en Chine. Autre regret : l’absence de tout appareil critique, excepté une mince « Préface » et des « Repères biographiques » (illustrés d’une gravure de Félix Vallotton représentant Poe) ; c’est regrettable parce que cela signifie que les expressions grecques ou latines dont Poe se sert à l’occasion, par exemple, ne sont pas traduites, mais la lecture globale n’en est pas rendue impossible. De toute façon, si c’est un appareil critique que l’on désire, on peut se référer à diverses éditions de poche, voire au volume Œuvres en Prose de la Pléiade. Mais dans les deux cas, le présent volume présente des avantages inédits.

Treize façons de voir, Colum McCann

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Juin 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Treize façons de voir (Thirteen ways of looking) Avril 2016. Traduit de l’anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre. 304 p. 20,50 € . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: Belfond

Colum McCann est une des plus grandes plumes européennes d’aujourd’hui. Depuis le chant du coyote (Songdogs 1995) à ce fabuleux Treize façons de voir , il déroule une œuvre d’une cohérence, d’une exigence, d’une puissance jamais démenties. McCann est un magicien de la langue, dans la grande tradition irlandaise, et ce recueil de nouvelles vient encore ajouter à son statut de grand styliste.

Recueil de nouvelles disions-nous ? Pas vraiment, car l’opus commence par un véritable roman, Treize façons de voir, de 178 pages, qui précède 4 nouvelles. Un roman prodigieux dans son art narratif, dans le génie portraitiste que déploie McCann – en particulier pour le personnage central de Mendelssohn (il ne s’agit pas du musicien, même si ce Mendelssohn aime beaucoup la compositeur). Il ne faut pas mille pages à notre écrivain pour camper des figures profondes, inoubliables. Il lui suffit de posséder un art consommé du mot exact, une véritable économie lexicale qui lui permet la brièveté. Si McCann est « nouvelliste » (ce qui, encore une fois se discute, il s’agit d’un roman), alors c’est à Raymond Carver qu’il doit son art de la condensation. Mais McCann est un romancier et il ne doit à personne la magie de ses univers, ni à la précision d’orfèvre de son écriture, qu’il compare au travail de recherche de la police scientifique observant les images des caméras de rue. Et McCann nous livre là une clé essentielle à son roman :

Le Goût de l’ombre, Georges-Olivier Châteaureynaud

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 31 Mai 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Le Goût de l’ombre, février 2016, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Georges-Olivier Châteaureynaud Edition: Grasset

 

Rares sont les bons auteurs de nouvelles publiés en France, en raison d’une timidité éditoriale envers le genre. Georges-Olivier Châteaureynaud fait exception à la règle, dans une veine que ne renieraient pas les écrivains anglo-saxons (Poe ou James) ni les conteurs latino-américains (Quiroga ou Borges) ni, encore et surtout, les nouvellistes français du XIXe siècle comme Théophile Gautier ou Balzac.

Georges-Olivier Châteaureynaud s’est imposé comme l’un des auteurs contemporains de nouvelles fantastiques les plus féconds. Le goût de l’ombre, recueil de sept nouvelles écrites entre 1993 et 2015, dont la rédaction de certaines s’étend sur plus de dix ans, dans sa maison de Palaiseau-Lozère, font état de la richesse et de la variété de l’imaginaire de l’auteur.

La plupart des nouvelles prennent place dans un contexte réaliste – villes de province où le temps s’écoule paresseusement –, un contexte souvent sombre et un peu terne : modeste entreprise de pompes funèbres, boutique d’antiquités poussiéreuse, restaurant de quartier… Et puis cela décroche : un homme récemment décédé continue à vivre, une momie se met à parler, un chien effrayant se dresse sur la route du narrateur, un homme se sent attiré par la taxidermie humaine des égyptologues.