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Nouvelles

La guitare de diamants et autres nouvelles, Truman Capote

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

La guitare de diamants et autres nouvelles, trad. anglais (USA) Germaine Beaumont, Serge Doubrovsky, février 2016, 112 pages, 2 € . Ecrivain(s): Truman Capote Edition: Folio (Gallimard)

 

Dans une interview donnée au magazine The Paris Review, fin 1957, Truman Capote s’exprimait sur son irrésistible penchant pour l’écriture de nouvelles :

« Mes ambitions les plus inébranlables tournent toujours autour de cette forme. Lorsqu’elle est sérieusement explorée, la nouvelle me semble la forme la plus difficile et demandant le plus de discipline en matière de prose existante. Quels que soient le contrôle et la technique que je peux avoir, je dois entièrement ma formation à ce genre littéraire ».

Il insiste également sur la qualité du rythme des phrases, l’importance de la ponctuation, allant jusqu’à qualifier Henry James de « maestro du point-virgule ».

Le recueil publié par Folio qui regroupe trois nouvelles écrites au début des années cinquante, La bonbonne d’argent, La guitare de diamants, et La maison de fleurs, est l’occasion d’apprécier de manière concrète son haut niveau d’exigences.

Les chemins d’Escampette, Laurent Guillemot

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 07 Mars 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions de Fallois

Les chemins d’Escampette, janvier 2016, 220 p, 18 € . Ecrivain(s): Laurent Guillemot Edition: Editions de Fallois

 

Chemins d’escampette, voies de traverse qui permettent d’obliquer, volontairement ou non.

Les histoires commencent comme souvent dans les campagnes par un arrêt au café – cœur du village – d’où rayonnent souvenirs, on-dit et où des liens invisibles, indétectables se tissent, se filent, s’inventent, s’imaginent… et finissent par se faire vrais, à prendre épaisseur, consistance, à muer en contes de bonne femme. On doute, un petit verre, plusieurs petits verres aidant, on y adhère quand on ne finit pas par y croire, et même à s’y donner une place, à s’y trouver mêlé.

Histoires fabuleuses, débouchant souvent sur le merveilleux ou le fantastique, où l’on est pris pour un autre que – de – soi, où l’on passe pour un autre.

Tours de passe-passe, échanges malencontreux de corps, identités floues, parentés multiples, consanguinité :

« De toute façon, n’importe où, c’était mieux qu’ici.

Kabuliwallah, Rabindranath Tagore

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 29 Février 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Zulma

Kabuliwallah, février 2016, trad. bengali (Inde), présentées par Bee Formentelli, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): Rabindranath Tagore Edition: Zulma

 

Petites vies, petits chagrins

Petites histoires de malheur,

D’une linéarité, d’une banalité radicales ;

Des milliers de larmes versées chaque jour,

Si peu sauvées de l’oubli […]

À jamais inachevées,

Les innombrables histoires du monde :

Boutons arrachés avant maturité,

Gloire en poussière avant d’avoir été chantée,

L’amour, l’effroi, l’injustice

De milliers de vies obscures.

Ça va aller, tu vas voir, Christos Ikonòmou

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 29 Février 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Quidam Editeur

Ça va aller, tu vas voir, mars 2016, trad. grec Michel Volkovitch, 218 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

 

Ces histoires si sombres devraient susciter en nous un cafard profond. On découvre peu à peu pourtant que leur nuit est sourdement éclairée, écrit Michel Volkovitch, leur traducteur, dans sa postface. Et bien, tout dépend de la distance que le lecteur saura mettre entre ces seize histoires, peut-être une seule, et sa propre vie, car elles sont tellement réalistes, tellement sans fard, de si crues banalités, que la seule flamme finalement ne serait-elle pas la flamme littéraire, qui peut permettre à l’auteur d’éclairer son sujet sans sombrer lui-même ? Car ces histoires peuvent – devraient – plomber le lecteur, qui au fur et à mesure qu’il avance, s’alourdit du poids de ces existences qui n’ont plus d’horizon.

Toutes ont pour point commun le Pirée et ses quartiers populaires, une île aussi en face du port, et une maison qu’un couple doit quitter, exproprié par l’inexorable avancée d’une nouvelle route. Rouleau compresseur, c’est de ça dont il est question, de personnages qui tentent désespérément d’échapper au rouleau compresseur, au concasseur de vies, concasseur de sens… La crise, mot fourre-tout, mot d’excuse pour dire système corrompu, système mortifère, système ultra libéral, ultra violence.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Folio (Gallimard)

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau), février 2015, Edition bilingue (allemand/français) annotée par Jean-Pierre Lefebvre, trad. français Olivier Le Lay, 201 pages, 4,10 . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Toujours doublement précieuses sont les éditions bilingues des grands textes littéraires. Le lecteur français germanophone et le lecteur allemand francophone apprécieront certainement celle-ci en particulier, mais nulle nécessité d’être bilingue pour se laisser prendre aux qualités intrinsèques du récit, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Le Lay.

La scène a pour cadre, au début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise de la Riviera, où se côtoient les membres d’une société à la Somerset Maugham, à la Maupassant, où chacun observe chacun, où chacun commente, critique, juge et sanctionne les gestes et les paroles de chacun, au nom d’une morale étriquée appliquée de manière immédiate et arbitraire au vu de la seule superficialité des faits.