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Les Livres

Sale espèce de…, Jean-Louis Mohand Paul (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 24 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Sale espèce de…, Jean-Louis Mohand Paul, éd. Ressouvenances, 2019, 124 pages, 16 €

 

De l’apostrophe à l’injure

Une mappemonde de 1888, appelée Planisphère pour l’étude des races humaines, illustre la couverture du livre de Jean-Louis Mohand Paul : « Petit lexique des injures et notions racistes des langues françaises. Sale espèce de… ». À ce sujet, la thèse de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, d’Arthur de Gobineau, développe le concept de « race » en accumulant les stéréotypes et criminalisant les populations selon leur couleur de peau. L’exégèse historique de Gobineau le place comme l’un des pères de la pensée racialiste, pour avoir développé une sorte de « matérialisme biologico-historique ». En effet, dans la hiérarchie de la société esclavagiste coloniale, les « Blancs » se trouvaient au sommet, souvent de grands propriétaires fonciers ou des commerçants aisés, ce qui confirme en un sens la théorie eugéniste de Gobineau sur les « propriétés du sang ». Rappelons qu’environ quatre millions d’esclaves ont vécu dans les territoires sous domination française.

Ce qu’on appelle aimer, Laure Samama (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 24 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Ce qu’on appelle aimer, Laure Samama, Arnaud Bizalion éditeur, 2017, 64 pages, 17 €

 

En brefs chapitres – parfois réduits à quelques mots – jaillissent les amours, leurs troubles, leurs déceptions, et toujours une façon de tenir face aux amants qui jouent les don-juan et les comètes.

Laure Samama double ses textes de photographies-métaphores pour évoquer ce que les mots ne peuvent pas montrer. Le désir féminin trouve droit de citer de manière simple, juste, crue et sans emphase : « Souvent je portais des robes pour que ses mains ne rencontrent aucun obstacle. Je déplorais que les hommes n’en portent pas ». Mais à l’amour et ses fantasmes suivent des désillusions dues aux petits arrangements avec le réel de l’amant qui, à l’éternité (certes provisoire), préfère un passage qui, à force, lui pèse comme s’il obligeait…

C’est vieux comme le monde : surtout lorsque la relation est adultérine. L’homme est beau, expert mais une épouse l’attend. Au sein de la luxure et de la volupté il y a donc des « défilés », des déchirures, des explications et justifications plus ou moins douteuses.

Sélection du Prix littéraire de la vocation, 2020, Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la vocation @FdtVocation (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Dimanche, 23 Août 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Tout va me manquer, Juliette Adam, Fayard, juin 2020, 270 pages, 18 €

Qu’est-ce que l’amour à vingt ou vingt-cinq ans ? Telle pourrait être la problématique de ce roman de jeunesse.

Etienne est séduit et tombe amoureux. Chloé le repousse puis s’attache à lui, avec des hauts et des bas. Voilà, en gros, pour l’intrigue. A la plénitude de l’amour : « Plus besoin de regretter une destinée gâchée puisque son idéal était là, à ses côtés, à se trémousser en robe cache-cœur, à balancer sa tête de gauche à droite, agitant ses bras au-dessus de sa tête, Chloé était là, elle était sa solution », succède la désillusion : « Etienne rentra chez lui à toute vitesse, voulant agrandir la distance entre eux, se tenir loin d’elle, de cette fille, cette psychopathe qui le suivait dès le début ».

Des Étoiles dans les Yeux, Nicolas Fraissinet (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 21 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Des Étoiles dans les Yeux, Nicolas Fraissinet, octobre 2019, 288 pages, 18 € Edition: Belfond

 

Averti d’une maladie rare et incurable, qui va le rendre aveugle en 15 jours de temps, il reste à Eliott de retrouver en lui, et avec l’aide de ses quelques amis, les ressources pour réagir.

Ses rêves l’aideront-ils à surmonter l’épreuve quand son prénom, pour une raison inconnue, se met à être prononcé par les étoiles ?

Le style, mené avec brio, nous emmène au-delà, à la fois de la réalité et de l’imaginaire. Accompagné d’un genre de double qui joue les anges gardiens, notre héros semble guidé dans son épreuve : « Tu vois, c’est grâce à Toi que je l’ai trouvée, cette nouvelle forme d’étoiles dans les yeux ». Même la progression de la maladie se fait belle, évoquée par des images de papillons multicolores se posant pourtant dans la cruelle évocation de la cécité progressive projetée dans le roman en dates-calendrier sous forme de compte à rebours décomptant les jours qui restent à Eliott pour profiter de ce qui lui reste à faire en tant que personne voyante.

Tempête sur la savane, Michaël Escoffier, Manon Gauthier (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Tempête sur la savane, Michaël Escoffier, Manon Gauthier, éditions D’Eux, mars 2020, 30 pages, 16 €

Un éléphant bougon

Michaël Escoffier, né en 1970, vivant à Lyon, auteur français d’une cinquantaine d’albums jeunesse, et Manon Gauthier, graphiste, née à Ste-Julie et vivant à Montréal (Prix Illustration Jeunesse 2007), ont réalisé le tout récent livre pour enfants, Tempête sur la savane, que publient les éditions D’Eux. Plusieurs illustrations occupent le format entier de l’album (24,2 x 34 cm), ce qui donne une visibilité importante à la sténographie et aux figures. La couverture cartonnée, doublée, d’une dominante sable, coloration qui annonce un paysage chaud, africain ou du sud, donne à voir un éléphant grincheux, survolé par des moustiques étonnés.

Le texte très court de Michaël Escoffier est constitué de phrases aux mots écrits en coloris distincts, vocable amusant et à double-sens : tant de tou/pet, trop con/tent de rous/péter, caca/huètes, cul/otté. Cela servira à l’enfant à repérer les césures, à formuler et enrichir un vocabulaire à partir de ces coupures. Il y retrouvera une comptine, chansonnette qui n’est pas sans évoquer les paroles de un éléphant, ça trompe, ça trompe… Dans Tempête sur la savane, les jeux de langage, les contresens sont réjouissants, divertissants pour les marmousets, sur le thème un peu égrillard des sanies et des interdits en public du corps et du parler comme : caca, péter.