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Les Livres

Darrigade, Christian Laborde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Les éditions du Rocher

Darrigade, août 2020, 288 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

« Je suis de l’Adour, de Narrosse, de Dax, des chemins bordés de haies, des clairières et des bosquets, du soleil généreux, de la pluie, des bêtes paisibles, et d’une métairie. Et je voulais aider mes parents qui travaillaient la terre d’un autre. Comment les aider : en étant à mon tour métayer ? Non. Il me fallait partir et réussir. Comment réussit-on, quand on est Landais et fils de métayer ? On devient torero ou champion cycliste.

Je m’appelle André Darrigade et j’ai pris le vélo par les cornes ».

Christian Laborde écrit Darrigade, et l’on entend le roman du vélo, l’éloge des Landes et du gascon, l’épopée du Tour de France. Darrigade est une ode à des instants précieux, à des hommes de qualité qui sprintent vers la gloire, à cette langue qui s’envole sur les routes de Chalosse, et dans les cols Pyrénéens. Christian Laborde écrit Darrigade, comme l’immense poète gascon Bernard Manciet écrivit Per el Yiyo (1), un hommage vivant et vibrant à un rouleur, un sprinteur, un coureur au swing unique, exceptionnel, comme celui chanté par un chœur antique, au torero El Yiyo, né à Bordeaux et tué par le taureau Burlero, dans les arènes de Colmenar Viejo en Espagne. Dédé-de-Dax roule, il roule comme l’orchestre de Duke Ellington, sérieux et fou à la fois, ses envolées sur les circuits et les routes du Tour sonnent comme les solos de Paul Gonsalves.

Œuvres, Georges Duby en la Pléiade (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, La Pléiade Gallimard

Œuvres, Georges Duby, Gallimard, Coll. Bibliothèque de la Pléiade n°641, septembre 2019, édition de Felipe Brandi, préface Pierre Nora, 2080 pages, 72,50 € Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Quand il trouve un fragment de pot sur le site d’un village déserté, le chercheur est au plus proche de la vérité », avance Georges Duby, avant d’ajouter : « Dès qu’il tente d’interpréter, il s’en éloigne. […] Que les amateurs de récits historiques ne perdent jamais cet élément de vue : ils sont toujours en face de la confession personnelle d’un historien, qui leur livre son émotion individuelle ressentie face aux traces du passé. Pas davantage ». En outre, ajoute l’historien dans un inédit datant de 1980, le témoin (que l’on pense à Lambert d’Ardres, à Guillaume le Breton, à Raoul Glaber, que l’on songe à tous les auteurs convoqués dans L’An mil), le témoin « n’est jamais neutre », quand bien même il le voudrait. « Sa propre culture déteint sur ce qu’il rapporte, et l’empreinte déforme d’autant plus que le témoin est savant ou croit l’être, et qu’il se mêle d’interpréter lui-même, dans la grande liberté que lui vaut le sentiment de dominer de la hauteur de sa science les objets culturels, fragiles, qu’il récolte ». En conséquence, tout document, y compris celui donnant le plus corps à une supposée neutralité (ainsi les chartes ou les inventaires), ne livre à l’historien qu’une représentation déformée, gauchie de la réalité.

Où va l’argent des pauvres, Denis Colombi (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Payot

Où va l’argent des pauvres, Denis Colombi, janvier 2020, 21 € Edition: Payot

 

Si l’auteur ne met pas de point d’interrogation à son titre, c’est probablement qu’il a trouvé une sorte de réponse quelque part doublement rassurante et angoissante : les pauvres ont-ils le droit ou même les facultés nécessaires à dépenser l’argent qu’on leur « donne » ? Mais l’argent n’est-il pas à tous et qu’en font donc les personnes si pas riches au moins « non pauvres » ? Répondre à la question c’est aussi repenser la consommation de la classe moyenne : « …les pauvres et l’argent. Deux sujets sur lesquels les considérations morales vont bon train, où l’on est plus prompt à prononcer un jugement qu’à chercher à comprendre. Deux entités marquées par un soupçon d’immoralité. Aux premiers, on reproche implicitement de ne pas être capable de se contrôler, de se retenir ou de faire les bons choix. Du second, on craint l’effet corrupteur, le pouvoir séducteur, et la transformation d’honnêtes travailleurs en oisifs professionnels… ».

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Les éditions du Rocher

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin, 227 pages, 8,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Les personnages emblématiques de La Belle Époque sont souvent reliés au monde du spectacle, des arts, de la danse. Ainsi en va-t-il de La Goulue, cette danseuse célèbre de Montmartre, qui a animé les soirées des cabarets et salles de music-hall.

Maryline Martin, dans la biographie qu’elle consacre à ce personnage haut en couleur, s’attache aux étapes de son parcours, à ses rencontres, à sa personnalité aux multiples aspects. Louise Weber, son état-civil véritable, est une petite fille curieuse dès le plus jeune âge : blanchisseuse à seize ans, elle n’a de cesse que de s’échapper du cercle familial pour aller s’initier à la danse. Les premières étapes de cette plongée dans cet univers, c’est son père Dagobert qui les organise : elle apprend le chahut, ancêtre du cancan, l’art de lever la jupe. Elle veut faire mieux que Marguerite Bade dite Rigolboche, qui est capable de retrousser ses jupons jusqu’à la taille pour dégager sa jupe. Plus tard, en 1882, elle pousse la porte du Bal Debray, un établissement où elle va rencontrer un certain Valentin. Elle sera son partenaire de danse pendant neuf années…

Les douze tribus d’Hattie, Ayana Mathis (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les douze tribus d’Hattie (The twelve tribes of Hattie, 2012), Gallmeister, 2017, trad. anglais (USA), François Happe, 321 pages, 9,80 € . Ecrivain(s): Ayana Mathis

 

Cet été, je serai parisienne. Un titre ou une intention. J’ai décrété que je devais écrire. Connaître mes voisins. Décrire mes voisins, partager avec eux davantage, organiser même une rencontre, pour ceux qui restent, désirer mieux les comprendre tel l’avocat qui chercherait des circonstances pour. Et puis non ! j’ai craqué. Sans doute à cause de l’absence d’épaisseur entre nous.

J’ai balancé toutes ces louables intentions dès le lendemain matin, affirmant haut et fort que je n’avais aucun désir de les côtoyer. Car assurément la vie en collectivité n’était pas leur principale motivation, valeur ou vertu, il faudra que je réfléchisse davantage au mot approprié. Encore un mode d’emploi oublié du plus grand nombre !