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Les Livres

Apeirogon, Colum McCann (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Belfond

Apeirogon, traduit de l’anglais (Irlande) par Clément Baude, août 2020, 512 p., 23 euros . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: Belfond

 

Un apeirogon est un polygone infini, à multipes facettes. Le roman de Colum McCann est, de la même façon, une construction très élaborée, en forme de boomerang ou de boustrophédon : des chapitres de longueur variable, allant de la phrase à la dizaine de pages, tels des versets ou des sourates, vont croissant de 1 à 500, avec un point d’orgue ou acmé à 1001, puis vont décroissant de 500 à 1. On pense à un retour temporel, à un parallèle existentiel, à l’Hyperion de Dan Simmons et à la course des pèlerins contre le temps.

On pense aussi à une fresque multifocale, extrêmement documentée, dans laquelle le lecteur est assailli d’informations à la fois tragiques et poétiques : ainsi, on apprend que « le terme mayday -apparu en Angleterre en 1923, mais dérivé du français « Venez m’aider »- est toujours répété trois fois, mayday, mayday, mayday. La répétition est vitale : dit une seule fois, le mot pourrait être mal interprété […] » ; de même, « le seelonce mayday, ou silence de détresse, est maintenu sur la fréquence radio jusqu’à ce que le signal de détresse soit terminé.

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Folio (Gallimard)

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata, juillet 2020, 164 pages, 7,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Vénus Khoury-Ghata nous livre dans cet ouvrage consacré à la poétesse Marina Tsvétaïéva non pas une biographie classique, dont les éléments principaux sont consignés en fin de volume pour mieux repérer le lecteur pas forcément familier des détails de la vie mouvementée de cette femme de lettres russe, qui a affronté maintes épreuves. Vénus Khoury-Ghata choisit dans le récit de s’adresser à Marina à la deuxième personne, accentuant ainsi la gravité dans le ton du texte et y introduisant une solennité permanente. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le côté marginal, dérangeant, maudit qui va caractériser la vie entière de cette femme. Elle se perçoit comme telle dès les premières années de son parcours littéraire, amoureux, et social : « Tu imposais ta volonté, imposais une écriture qui n’avait aucun lien avec celle des poètes qui t’ont précédée. Tu fascinais, dérangeais. Tu faisais peur ».

Le chant de la femme source, Estelle Fenzy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le chant de la femme source, L’Ail des ours, juillet 2020, 70 pages, 6 € . Ecrivain(s): Estelle Fenzy

Deux temps du chant ordonnent ce livre, chant d’une femme qui évoque un passé de rivière, d’été, et l’imparfait convoque tout le paysage affectif et souriant de rencontres au bord de l’eau, tissées du bonheur d’être ensemble.

Dans la douceur des mousses

nous faisions des serments

Nos sangs mêlés parlaient

d’un cœur sauvage

de morceaux d’univers

assemblés sous les aulnes

d’abandon de l’enfance (…)

(p.23)

Le Bon, la Brute et le Renard, Christian Garcin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le Bon, la Brute et le Renard, août 2020, 323 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Actes Sud

 

« Il se sentait comme atteint d’un syndrome que, faute de mieux, il avait baptisé du nom de “syndrome de la balle de ping-pong” – qui rebondit rapidement d’un point à l’autre selon un itinéraire qu’elle n’a pas décidé. Il en venait à se demander s’il n’était pas lui-même le personnage d’un autre qui le manipulait à sa guise ».

Le Bon, la Brute et le Renard est un roman chinois d’aventures américaines et françaises, un roman français d’aventure sous influence chinoise. Un roman qui rebondit d’un personnage à l’autre, d’une histoire l’autre, avec la vivacité étourdissante d’une petite balle blanche de quatre centimètres de diamètre et de moins de trois grammes, plongée dans un bain tourbillonnant. Il y a là sous nos yeux : trois chinois, Menfei, Zuo Lo et Bec-de-canard, partis de Chine pour la Californie, à la recherche de Yu, la fille de Menfei, dont il est sans nouvelles, ils vont croiser deux policiers américains dépêchés par la famille de Wolf Springfield disparu lui aussi. Il y a également Chen Wanglin, un écrivain qui n’écrit plus, paraît-il, chargé lui aussi de retrouver une jeune chinoise disparue entre Paris et Marseille. Le Bon, la Brute et le Renard est un roman où se croisent ces trois destinées aventurières, un roman porté par des dialogues étourdissants de drôlerie.

Amour, Matt de la Peña, Loren Long (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 03 Septembre 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Amour, Matt de la Peña, Loren Long, éditions D’eux, mai 2020, trad. Paule Brière, 40 pages, 16 €

 

Scènes d’espoir et d’amitié

Matt de la Peña, né en Californie, formé à l’Université du Pacifique et à l’Université d’État de San Diego, est un romancier, un nouvelliste de science-fiction, de fantasy, distingué pour le meilleur livre pour enfants (médaille Newberry 2016 et médaille Caldecott 2016). Quant à Loren Young, né dans le Missouri, diplômé en graphisme de l’Université du Kentucky, auteur-illustrateur de renom aux États-Unis, il a reçu le prestigieux Golden Kite Award en 2004 du meilleur illustrateur. De leur collaboration est né le très bel album intitulé Love/Amour. La couverture cartonnée (24,8 x 28,6 cm) offre au recto un paysage limpide admiré par un enfant et son père, et au verso, le reflet d’une silhouette enfantine dans une flaque d’eau. Loren Long a produit dix-sept magnifiques planches pleine page, remarquables par l’onctuosité de la touche acrylique, le modelé des formes et des ombres portées, l’incidence des lumières, solaires, spectrales, nocturnes, hivernales, la fluidité de la technique à l’estompe des arrière-plans. Le texte de Matt de la Peña est une ode à l’amour : l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour compassionnel.