Le goût des amours à Paris, Collectif (par Sylvie Ferrando)
Le goût des amours à Paris, Collectif, septembre 2020, textes choisis et présentés par Brigit Bontour, 128 pages, 8,20 €
Edition: Mercure de France
La productive petite Collection « Le Goût de… », dirigée par Isabelle Gallimard, s’est enrichie en septembre 2020 d’un nouvel opus, ensemble de textes collectés par Brigit Bontour sur la thématique des amours à Paris. Le recueil, riche et diversifié, est divisé en trois parties : tout d’abord les amours de légende, textes d’anthologie qui relèvent du patrimoine littéraire et mythique français, et dont certains couples sont emblématiques d’une forme d’amour héroïque souvent impossible. On pense à Héloïse et Abélard, à la princesse de Clèves et au duc de Nemours, à Cyrano et Roxane… Attire l’attention dans cette partie la ballade de François Villon, « Il n’est bon bec que de Paris », qui est un hymne à Paris et à ses femmes au langage populaire.
La deuxième partie traite des amours romanesques ou poétiques hors normes, qu’elles soient tarifées, artistes ou source d’émancipation, au XIXe et au XXe siècle : la Nana de Zola, Colette, Simone de Beauvoir, mais aussi Verlaine, Apollinaire ou Jean Genet y figurent.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Enfin, dans la troisième partie, on trouve des extraits d’œuvres plus contemporaines qui expriment l’amour sous des formes variées : amour virtuel et numérique avec Camille Laurens, amour homosexuel et malade du sida avec Hervé Guibert, amour mondain avec Marcel Proust ou Pierre Bergé, amour fantaisiste avec Boris Vian…
Chacun de ces courts textes est introduit avec bonheur par celle qui les a sélectionnés, ajoutant un éclat à l’amplitude du prisme des sentiments amoureux et de la complexité des comportements qu’ils engendrent. La lecture de ce recueil est l’occasion de belles découvertes ou de beaux souvenirs. Brigit Bontour fait preuve ici, à nouveau, de sa connaissance des lettres et de leur expression amoureuse, car c’est ici l’amour – protéiforme et rarement heureux ou sans histoire –, plus que Paris, qui y est célébré.
Sylvie Ferrando
Journaliste de formation, Brigit Bontour est enseignante, chroniqueuse littéraire pour plusieurs revues et romancière.
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