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La Une CED

Ekphrasis 8 - La neige tombe sur Cherbourg

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Elle vient juste d’avoir quatre ans, le 19 février 1959. Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy sortent en salle. Elle ne connaît pas Cherbourg mais elle a aimé Guy.

– Ça commence ainsi : « un film chanté en couleurs d’origine ». Générique. Des parapluies rouges, bleus, en contre-plongée, dansent en lignes, en diagonales. Ils sont d’énormes fleurs poussées dans les pavés humides de la rue. Parfois des marins en pompons, ceux qui traverseront tout le film, des passants en ciré jaune surgissent sur l’écran. Parapluies d’une vieille comédie musicale américaine ? Le trop petit parapluie bleu pâle de l’affiche sous lequel les amoureux se blottissent, heureux. Guy et Geneviève. Les parapluies de Cherbourg, la boutique de Madame Emery, le titre du film.

Soudainement, apparaissent en ligne six maléfiques parapluies noirs, prémonitoires.

Première partie : le départ.

Ekphrasis 5 - Le grand parasol multicolore

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Le grand parasol multicolore


Le jardin en gradins est de l’autre côté de la paroi de verre. Un petit cabanon de bois bleu se dresse au centre comme sur une plage. Une jeune fille vend des boissons rafraîchissantes et des confiseries à ceux qui sont venus les voir. Nul ne peut entendre le bruit de la mer. Des tables et des sièges attendent les visiteurs. Boulevard Raspail. Paris. De loin, je les aperçois de dos ainsi que le reflet coloré de la grande ombrelle.

Couple sous un parasol. Matériaux divers, 300x 40 x 350 cm. Ils ont tous deux à peu près le même âge. Septuagénaires géants, retraités, installés sans vergogne au milieu de la grande salle d’une fondation d’art contemporain. Je ne peux pas m’approcher d’eux, leur adresser une tape amicale : Que faîtes-vous ici, en tenue de bain en plein Paris ?  Ils sont sculpture que l’on ne touche pas ; périmètre sacré délimité au sol par un trait gris épais, jalousement surveillé par un gardien jeune et sérieux. Je tourne autour d’eux sept fois. Un parasol leur sert de dais nuptial, légèrement incliné pour les protéger de l’absence du soleil imaginé par l’artiste. Jaune bleu rouge, pétales de toile et tige de métal blanchi.

52.dimanche (XXVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

les ciels

la lumière du matin est encore claire, et les ciels qui font l’horizon de la rue, se superposent dans un camaïeu de gris et de blanc

je dis cela à dessein, car cette lumière matutinale est en quelque sorte la stricte expression de l’activité de l’écrivain, dans son travail de coupe et de retrait

je m’explique

ce ciel est un instant de grâce qu’il me faut différer, et qui ne prendra sa forme qu’avec la mise au net que j’opère à l’instant

nonobstant, il est possible de chercher l’épure, tout autant que la métaphysique, des ciels de John Ford par exemple, ou d’Anthony Mann, et cela dans le peu, dans le petit, dans le détail modeste, sans cependant pouvoir se défaire de l’écrasante expression de la figure du ciel et de ses phases

Portrait d'un éditeur : Olivier Rougerie

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 06 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Quatre livres :

G. Hons, Petites proses matinales

S. Nunez Tolin, Noeud noué par personne

M. Dugardin, Quelqu’un a déjà creusé le puits

J.-C. Leroy, Aléa second suivi de Nuit élastique

 

La peau du chroniqueur me va. Non pas tant pour le pouvoir bien limité du critique, mais pour la qualité de l’identification, qui fait le sel de cette pratique, à mon goût. Cependant, je me trouve depuis quelques jours avec quatre livres que publient les éditions Rougerie et dans l’obligation voulue, désirée en un sens, de me mettre dans la peau de l’éditeur – pour le plus grand bien d’écrire.

"Souffles". La 404... !!!

, le Mercredi, 04 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La 404 est la voiture de toute la mémoire de la nation. Sur le dos de la 404 notre histoire a été construite. Du moins, une grande partie ! Elle est toute une mémoire, toute une histoire ! La 404 a marqué des générations. La 404 est la monture magique qui a façonné l’imaginaire de deux générations algériennes et maghrébines. Peut-être un peu plus. La monture extraordinaire qui a su quand et comment transporter l’intelligentsia rurale algérienne vers la cité. Chaque intellectuel, sans exception aucune, détient en lui, dans ses tréfonds, des souvenirs palpables envers ce véhicule.

La 404 ! La 404 est la voiture célébrée, narrée, dite, chantée, peinte, décrite… par un grand nombre d’écrivains algériens et maghrébins. Dans la poésie comme dans le roman. En arabe littéraire comme en tamazight, en français comme en dialectes. De Kateb Yacine jusqu’à Tahar Djaout. De Tahar Ouatar jusqu’à Mohamed Meflah. De cheikh El Hasnaoui jusqu’à Brahim Tazaghart. Tout ce monde de la création était fasciné par cette 404.