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La Une CED

Au risque de Millet…

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 14 Novembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

C’est sans doute l’arrivée massive de commentaires vindicatifs au bas de mes critiques sur les livres de Richard Millet, et la difficulté de répondre en utilisant les miettes conformes au discours-FB qui m’engage dans cette chronique / réflexion.

Que dit-on ? Un écrivain, certes et de grande pointure, mais, « dans le paquet », un homme avec qui il est vraiment difficile de partager « la moindre » valeur, sauf, évidemment, l’amour de la littérature et de la langue… c’est ce qui est dit. C’est ce que je pense aussi. Mais il y a de ci, de là, un son différent, celui d’un rejet total et visiblement non négociable de ceux qui « recrachent » et disent : « pas une seule ligne de ce type ne sera jamais lue par moi »… Respectable, mais, comme on dit dans la langue FB justement : – je ne partage pas. Pour autant, ça m’interroge, ça me titille assez pour que la lectrice que je suis se retourne vers son « moi littéraire ». J’aime Millet, pourquoi, comment ? Itinéraire, avec un « s », s’il vous plaît !

L’œuvre de Marguerite Duras

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 13 Novembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Entrez, entrez encore une fois dans l’œuvre de Marguerite Duras.

Par n’importe quelle porte.

Entrez-y.

Maintenant je vous laisse.

Vous ne voulez pas ?

Alors je vais parler. Non, pas parler : murmurer. Inventorier ce que je touche dans l’œuvre au fur et à mesure que mes mains le touchent. Inventorier comme un enfant compte avant de partir chercher celui qui s’est caché ; comme nous comptons dans la vie avant de vérifier que les êtres que nous aimons sont toujours là, et, quand ils ne sont plus là, avant de les débusquer dans leur silence comme s’ils se tenaient, immobiles et avec leur taille et corpulence d’enfant, derrière un arbre pour jouer ; mais ce n’est pas pour jouer et nous le comprenons tout de suite et ça nous fait peur vraiment peur.

La mère Michel a lu (17)

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 12 Novembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte.

 

L’Esprit des Lettres, recueil d’articles, vol. I (1948-1952), vol. II (1952-1965), Jacques Laurent, Éditions de Fallois, préfaces de Christophe Mercier, respectivement 415 et 390 pp., 22 € chaque volume

 

L’intelligence et le rire du temps de Jacques Laurent

« J’ai l’orgueil de penser qu’une partie de mon œuvre, si notre civilisation dure, passera le cap des décennies et peut-être des siècles. Si j’ai très peu de vanité dans ma vie terrestre – je n’en ai aucune –, j’ai un orgueil non pas pour moi, mais pour mon œuvre. J’aime ce que je fais. Mon œuvre est un ami, auquel je souhaite une vie éternelle », Jacques Laurent, Entretien (vers 1970)

52.dimanche (XXXVI)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 09 Novembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le clair et l’obscur

obscurité, pensée ici comme ce qui disparaît, ce qui est retiré, ce qui n’est pas la partie claire, la partie visible, la densité de la littérature

cela, d’ailleurs, revient à modifier sa propre personne, car c’est en cherchant dans l’épaisseur – donc dans l’obscurité – que l’on trouve quoi dire – et qu’on laisse là sa personne, sa dépouille parfois

donc, le clair, l’apparent, le visible, le su

l’obscur, la profondeur, l’ambiguïté, la peur, l’angoisse

écrire se formule entre ces deux extrémités, car la lumière n’existe pas sans l’ombre, et il faut dire clairement l’ombre pour ce qu’elle est, et taire parfois ce que l’on comprend de la lumière ; d’où cette double nature

Souffles - Celui qui n'écrit pas son coeur !

Ecrit par Amin Zaoui , le Vendredi, 08 Novembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Lors d’une exposition de Picasso, une femme s’est approchée du grand peintre en lui demandant, sur un ton de dégoût :

– Pourquoi cette nudité dans vos toiles, monsieur Picasso ?

– Chère madame, la nudité est dans votre tête, lui a répondu Picasso.

Les écrivains algériens boudent « l’amour ». Ils sont asséchés, moralistes. Donneurs de leçons.

En relisant les doyens comme les nouveaux, je me demande : pourquoi l’écrivain algérien ne regarde-t-il pas la femme ? Ne médite-t-il pas sur la poésie du féminin ? Pourquoi l’écrivain algérien n’a-t-il pas le courage d’aller revisiter les grands rituels célébrant « la beauté » de la femme, contenus dans notre culture populaire ? Les poètes populaires (Chouaraa al malhoun) ont magnifiquement fêté dans les « kasida » le corps féminin, sans tabous, sans peur et sans hypocrisie intellectuelle.