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La Une CED

52.dimanche (XLII)

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

les espaces communicants

la réalité ? je crois qu’il y a tellement de porosité dans la réalité, tellement de discours véhiculés par le temps dans cette réalité, que l’on peut dire qu’elle n’est pas homogène

mais plutôt qu’il y a une coupure, une épissure, un endroit de frottement

c’est ce qui me pousse à vous écrire sur la question des espaces communicants

je mettrais deux chambres côte à côte

dans la première, les formules du discours, les images et leur caractère de représentation, tout ce qui tend à la partie abstraite de soi, sans chair

Le long du sud : In Salah, la ville la plus horrible

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 16 Décembre 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Il y a en Algérie trois choses très tristes, sales, ennuyeuses et très polluantes pour l’âme : les sachets bleus, les fêtes officielles et In Salah. De sa vie, le chroniqueur n’a jamais vu une ville aussi sale, laide, abandonnée entre le vide et le coup de pied, morte depuis si longtemps qu’elle n’a plus que sa pierre tombale et tellement loin de tout que la pièce de monnaie y a l’air d’un caillou inconnu. Le long du sud, on peut voir le vide, le désert, le Sahara, le néant et In Salah. Ruelles dévastées, poteaux aux dos courbés, maisons inachevées, gens tristes et presque en colère contre l’inconnu, des mouches sur la nourriture, du sable et le cratère d’un centre-ville qui n’existe pas que par son empreinte de pas de fuyard. Pourquoi en parler ? Parce qu’il faut dénoncer, dire, rapporter : on ne peut pas avec autant d’argent construire un abcès pareil.

L’endroit est même considéré comme un centre que l’on cite dans le bulletin météo. Alors que sur place, on a de la peine à imaginer la possibilité d’une vie dans cet endroit. Le parfait exemple de ce que peut faire le pétrole quand il rencontre le manque d’idées, la gabegie, la corruption et l’horreur. Car l’endroit est horrible, tout simplement, cru. On imagine à peine la vie dedans, la possibilité du poumon contre le néant. Comment a-t-on pu faire cette ville ? La réduire à une telle saleté ? L’enjamber ? Avec quoi est-elle reliée à l’Algérie ? Qui y est wali ou comptable ?

52.dimanche (XLI)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 14 Décembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

un voyage en moi-même et en tout un chacun

c’est cela, cette page, une traversée de moi et de tout un chacun, à la fois dans l’obscurité et la lumière

déambulation, aujourd’hui, avec ce ciel tout droit et extrêmement gris, qui me pousse à ce voyage du dedans, vers mon intériorité

naviguer, aller en soi, comme en une île

cette citadelle du ciel, ce gris lourd, revient à souligner la difficulté de l’accès à soi, en quelque sorte

oui, cette chapelle de plomb du ciel aujourd’hui ne permet aucune échappatoire, et conduit vers le soi

et pour moi qui ne sais pas raconter, je n’ai que la possibilité de relater ce qui fait les micro-événements de ma vie intérieure, des tous petits accidents de mon espace personnel, l’intériorité et le particularisme de ma position en moi-même

Entretien avec Samuel Gallet

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 12 Décembre 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Entretien de Marie Du Crest avec Samuel Gallet, au bar du Théâtre de la Renaissance, à Oullins, le 7 novembre 2013

Le poète-rock

 

Le texte d’« Oswald de nuit » est présenté comme un poème-rock, qu’entendez-vous par là ?

 

Depuis six ou sept ans, je travaille sur l’idée d’un rapprochement de la poésie et du rock. Je suis depuis longtemps touché par des gens comme Patti Smith, les Doors ou Dylan, ou Noir Désir, qui ont travaillé sur cet échange fort entre poésie et rock. Le guitariste, Baptiste Tanné, et moi-même, nous poursuivons en quelque sorte cette tradition qui consiste à faire se rejoindre musique et poésie d’autant que dans le rock, il est question de vies à la dérive, d’existences brisées.

Oswald de nuit, Samuel Gallet

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 11 Décembre 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Documents

Oswald de nuit, Samuel Gallet, 7 novembre 2013, dans la grande salle du théâtre de la Renaissance à Oullins (une heure vingt)

 

Oswald chante, Oswald danse


Concert de rock. La salle s’impatiente. Le public trépigne, siffle, se rapproche de la scène ; ils attendent le groupe qui aime à se faire désirer. Les roadies ont installé les drums, les claviers, les supports des guitares et des basses. On règle le micro central, fantôme du chanteur. Dans la grande salle du théâtre de la Renaissance, les deux musiciens : le guitariste Baptiste Tanné et la percussionniste Mélissa Acchiardi sont tapis dans l’ombre ainsi qu’au centre du plateau, tout au fond sur une chaise, Samuel Gallet qui lui aussi attend. Ils observent l’entrée du public comme dans une mise en scène de théâtre, contemporaine sous la lumière des petites lampes à abat-jour d’Adèle Grépinet, modestes étoiles pour la nuit d’Oswald. Théâtre ou concert ? Musique ou silence ? Chant ou dit ? Danse ou immobilité ? Ce qui importe, c’est justement de ne pas choisir mais de donner corps à la Voix d’Oswald de toutes les manières possibles. Poème rock en trois volets comme un souvenir d’opéra rock.