Celle-là est gratuite
Sonnez les mirlitons !…
« Bah ! barouf populaire !
– Ah ! oui, est-ce ringard ?
Avec tout quart de ton
Mais qui n’en a pas l’air !
Vous cent fois nasillard ! »
Sonnez les mirlitons !
Ces flûtes sans rabat
Et fluettes dont les
Mioches en balais
S’amusent tout le long
De ces airs que l’on bat.
Venu le soir
La grisaille
Vient nous asseoir
Sur la paille.
Tous les petits dansent
Autour du cierge sale,
Le daron est parti,
Ça siffle le tutti ;
Prévenons la malchance !
Dont jà tomba le râle.
Toute joie, tout sourire,
– Sauf Louisette qu’imite
Sa mère – la famille,
Autour du cercueil, gire,
Celui de l’aîné, vite,
Qu’il gobe sa Pastille.
Venu le soir
La grisaille
Vient nous asseoir
Sur la paille.
Le poète est vineux.
Il cracha sa pituite
Sa dernière. Sa boîte
À vide sonne creux
« Qu’on y mette le feu !
– Eh ! quoi, osez, nous huit,
Aux ordres, on vous emboîte ! »
Il passa l’arme à gauche,
La plume et l’encrier.
Qu’il était beau, et fier !
Et qu’il en vit de moches,
Des affaires, à crier
Pour fort mieux se taire.
Venu le soir
La grisaille
Vient nous asseoir
Sur la paille.
Il monta des sérails
De vers qu’il dut monter
Vendre non sur les routes
Mais dans de vrais sérails
De rapins patentés
Recherchés pour leurs croutes.
Sur ce joujou pour croque-morts
À huit on tape, puis
À l’accordéon le
Daron sur trois ou quatre accords
Accompagne ton ris
Terreux, poète heureux.
Venu le soir
La grisaille
Vient nous asseoir
Sur la paille.
Ta clique tout entière est en deuil,
L’aîné, en fête et sans grand-paix,
Et jette des monceaux de fleurs
Au feu du cierge, sous ton œil
Avant qu’on ferme le clapet,
Que les pelles fouissent ton heure !
Chapeau ! les chapeaux volent,
Et les carnets de rimes,
Les grosses bourses les attendent ;
Mais gravé, ce refrain symbole,
L’est sur ta stèle à zéro dime,
– C’est qu’on fit la demande – :
Venu le soir
La grisaille
Vient nous asseoir
Sur la paille.
Sylvain Gau-Gervais
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