Identification

Celle-là est gratuite

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais 25.11.13 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Celle-là est gratuite

 

 

 

 

Sonnez les mirlitons !…

« Bah ! barouf populaire !

– Ah ! oui, est-ce ringard ?

Avec tout quart de ton

Mais qui n’en a pas l’air !

Vous cent fois nasillard ! »

Sonnez les mirlitons !

Ces flûtes sans rabat

Et fluettes dont les

Mioches en balais

S’amusent tout le long

De ces airs que l’on bat.

 

Venu le soir

La grisaille

Vient nous asseoir

Sur la paille.

 

Tous les petits dansent

Autour du cierge sale,

Le daron est parti,

Ça siffle le tutti ;

Prévenons la malchance !

Dont jà tomba le râle.

 

Toute joie, tout sourire,

– Sauf Louisette qu’imite

Sa mère – la famille,

Autour du cercueil, gire,

Celui de l’aîné, vite,

Qu’il gobe sa Pastille.

 

Venu le soir

La grisaille

Vient nous asseoir

Sur la paille.

 

Le poète est vineux.

Il cracha sa pituite

Sa dernière. Sa boîte

À vide sonne creux

« Qu’on y mette le feu !

– Eh ! quoi, osez, nous huit,

Aux ordres, on vous emboîte ! »

 

Il passa l’arme à gauche,

La plume et l’encrier.

Qu’il était beau, et fier !

Et qu’il en vit de moches,

Des affaires, à crier

Pour fort mieux se taire.

 

Venu le soir

La grisaille

Vient nous asseoir

Sur la paille.

 

Il monta des sérails

De vers qu’il dut monter

Vendre non sur les routes

Mais dans de vrais sérails

De rapins patentés

Recherchés pour leurs croutes.

 

Sur ce joujou pour croque-morts

À huit on tape, puis

À l’accordéon le

Daron sur trois ou quatre accords

Accompagne ton ris

Terreux, poète heureux.

 

Venu le soir

La grisaille

Vient nous asseoir

Sur la paille.

 

Ta clique tout entière est en deuil,

L’aîné, en fête et sans grand-paix,

Et jette des monceaux de fleurs

Au feu du cierge, sous ton œil

Avant qu’on ferme le clapet,

Que les pelles fouissent ton heure !

 

Chapeau ! les chapeaux volent,

Et les carnets de rimes,

Les grosses bourses les attendent ;

Mais gravé, ce refrain symbole,

L’est sur ta stèle à zéro dime,

– C’est qu’on fit la demande – :

 

Venu le soir

La grisaille

Vient nous asseoir

Sur la paille.

 

Sylvain Gau-Gervais

 


  • Vu : 2393

Réseaux Sociaux

A propos du rédacteur

Sylvain Gau-Gervais

 

auteur de deux recueils de poèmes publiés : Sombres Ivresses (Edilivre); Délit métaphysique (Edilivre); et de maints autres écrits non publiés.