L’image, en poésie, occupe une place primordiale. Surgie de la confrontation d’éléments de la réalité éloignés les uns des autres, elle peut offrir et ouvrir des possibles créatifs, des perspectives de lecture et d’interprétation. Et transcender le regard. Et transcender la vie.
Ce rapprochement de deux mots ou de deux réalités éloignés crée l’image poétique d’où jaillit l’étonnement : choc visuel sur la page, intellectuel aussi et au-delà. A l’origine d’une véritable transmutation, cette image que Pierre Reverdy définit comme « un acte magique » dans cette émotion appelée Poésie, produit comme des miracles lorsqu’elle touche plus particulièrement l’esprit et la sensibilité de notre quotidien. Une fenêtre alors s’ouvre plus largement devant nous, ou un miroir se traverse, avec pour horizon tout un univers d’« appropriation du réel » par le poète et pour le lecteur, bien plus profonde qu’un simple reflet ou qu’une simple représentation. De même, la réalité que le poète exprime s’inscrit et s’écrit au cœur des choses plutôt qu’à leur surface. Le poème donne à voir sous un autre jour notre vie quotidienne, qui s’en trouve du coup grandie ; un cadre se dessine (car il en faut bien un), qui trace un paysage naturellement jailli au fil des mots.