Identification

Iles britanniques

L’Ombre des grenadiers, Tariq Ali

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

L’Ombre des grenadiers, octobre 2017, trad. anglais Gabriel Buti et Shafiq Naz, 412 pages, 13 € . Ecrivain(s): Tariq Ali Edition: Sabine Wespieser

 

L’ombre des grenadiers pour Tariq Ali, c’est celle de la Granada maure, le souvenir nostalgique des splendeurs de la Gharnata berbéro-musulmane, perle éclatante sur un riche collier de sept siècles de présence berbère sur la péninsule ibérique.

Le roman commence juste après la chute du royaume de Grenade, conquis par les troupes castillanes d’Isabelle la Catholique. Le Prince de l’Eglise Ximenez de Cisneros a reçu de sa souveraine mandat de rechristianiser la région, dont la plupart des habitants, citadins et ruraux, sont musulmans. Son premier acte est d’ordonner une gigantesque rafle, dans les bibliothèques publiques et privées, de tous les ouvrages savants écrits en arabe et d’en faire un autodafé géant sur une place de Grenade devant une masse représentative de musulmans de toutes conditions, amenés de force par l’armée pour assister au spectacle de l’anéantissement symbolique de leur culture andalouse séculaire, acte barbare préludant à l’éradication programmée, par le feu, le fer et la torture, de la religion musulmane sur le territoire redevenu espagnol, et la mise en œuvre macabre des tribunaux de l’Inquisition.

Mon tour du monde, Charlie Chaplin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Le Livre de Poche, Voyages

Mon tour du monde, Charlie Chaplin, trad. anglais Moea Durieux, novembre 2017, 216 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Charlie Chaplin Edition: Le Livre de Poche

 

En janvier 1931 à Los Angeles sort Les Lumières de la ville. Ce film muet rencontre le succès attendu, après Le Kid (1921), ou La Ruée vers l’or (1925). Charlie Chaplin est célèbre. Mais en crise. Il a des soucis personnels et financiers, et il est perturbé par l’arrivée du cinéma parlant. Il fait ce constat : « L’amour et les gens me lassent ». Il décide de prendre l’air. « J’ai besoin que soient ranimées mes émotions ». Le 13 février 1931 il part pour l’Angleterre, pour un voyage de quelques semaines qui va en fait durer seize mois (13 février 1931-16 juin 1932) et le conduire autour du monde. Au retour il publiera A comedian sees the word dans une revue américaine.

Le voyage commence par l’Angleterre, pays de son enfance, « époque la plus malheureuse de ma vie ». Il y retrouve son ami Winston Churchill, et d’autres célébrités de la politique ou du spectacle. Il poursuit par les Pays-Bas jusqu’à Berlin, où il croise Marlene Dietrich et Einstein, et où il constate que « la situation semble désespérée, l’avenir bien sombre ». Puis c’est Vienne, une ville « triste ». Détour par l’Italie, « une Californie miniature et âgée ». Malgré la foule considérable qui l’accueille, ici comme ailleurs, Chaplin vit le paradoxe de la célébrité : « Ces manifestations sont un immense hommage, j’en ai conscience, mais tout le monde éprouve parfois l’envie d’être seul ».

Jonathan Strange & Mr Norrell, Susanna Clarke

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 10 Novembre 2017. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Jonathan Strange & Mr Norrell, trad. anglais Isabelle D. Philippe, 1149 pages, 10,20 € . Ecrivain(s): Susanna Clarke Edition: Le Livre de Poche

 

Adapté en mini-série par l’honorable BBC, multi-primé l’année de sa parution (2004), repris depuis parmi de fiables listes des meilleurs romans de science-fiction jamais publiés, Jonathan Strange & Mr Norrell, le premier roman de l’Anglaise Susanna Clarke (1959), ne peut qu’éveiller la curiosité du lecteur amateur de prose intelligente à destination populaire. Et le moins qu’on puisse dire est que l’amateur est servi, gâté, enchanté, n’en jetez plus, on a affaire à un véritable chef-d’œuvre, toutes catégories littéraires confondues, un diamant dont chaque facette a été finement taillée et qui n’en finit pas de scintiller dans l’esprit du lecteur émerveillé.

Se déroulant de l’automne 1806 au printemps 1817, Jonathan Strange & Mr Norrell se présente comme une uchronie, une histoire alternative de l’Angleterre où la magie est un fait acquis – à ceci près qu’elle a plus ou moins disparu en ce début du XIXe siècle. Elle n’est plus qu’un objet d’études pour des magiciens qui sont en fait des historiens, à l’image de ceux qui, « dans la bonne ville d’York », se « réunissaient le troisième mercredi du mois et échangeaient de longues et ennuyeuses communications sur l’histoire de la magie anglaise ».

Les petites chaises rouges, Edna O’Brien

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 16 Octobre 2017. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Les petites chaises rouges, septembre 2016, trad. anglais (Irlande) Aude De Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, 367 pages, 23 € . Ecrivain(s): Edna O'Brien Edition: Sabine Wespieser

 

Certes, Edna O’Brien, cette grande dame écrivant depuis plus de soixante ans, est une des plumes irlandaises les plus averties, les plus expérimentées, qui a dans son stylo tous les tours de la littérature. Elle est publiée dans le monde entier ; alors un chef-d’œuvre de plus, pourrait-on penser banalement ? C’est évidemment là qu’on se tromperait, car ce livre-ci, Les petites chaises rouges, s’il tient une place unique dans l’œuvre, en aura une encore plus grande dans notre mémoire à venir de lecteur fasciné.

Ces chaises – rouges – alignées le 6 avril 2012, sur les trottoirs de la ville Bosniaque, Sarajevo, en commémoration de son long martyr face aux Serbes, étaient au nombre de 11.541, les morts du siège, et 643 petites chaises représentaient les enfants. Information posée au nom de notre histoire si récente, en exergue au livre. Après, place à l’Irlande, et E. O’Brien est grand chef étoilé en matière de dire, de faire voir et sentir ! « Son » Irlande, tous ses verts, l’infinité de ses pluies et brumes, le goût des jardins impeccables, et celui des pintes de toutes les bières du monde dans le secret des pubs. Définitivement unique en ses genres, l’île. Jusque dans cette histoire, vraie dans ses tréfonds – même si présentée comme roman – passant du sourire aux larmes et aux peurs, grand huit de la vie même, pas de n’importe quelle vie, cependant.

Petit jardin de poésie, Robert Louis Stevenson, illustrations Ilya Green

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Grasset, La rentrée littéraire, Jeunesse

Petit jardin de poésie, Grasset-Jeunesse, août 2017, 32 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Robert Louis Stevenson Edition: Grasset

 

Petit jardin de poésie est un recueil de poèmes de Robert Louis Stevenson, écrivain célèbre pour son Ile au trésor, et l’Etrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde. Les Editions Grasset-Jeunesse en proposent quelques extraits à l’attention du jeune lectorat. Un petit jardin de poésie à hauteur d’enfant, dans une collection puisant dans le patrimoine littéraire des textes adaptés aux jeunes lecteurs et qui fait dialoguer les textes d’hier avec les images d’aujourd’hui grâce à la participation d’illustrateurs contemporains.

Une merveilleuse idée que cette entrée en littérature pour les tout-petits par le biais de la poésie et d’un univers onirique et sensible. Celui-ci est une véritable ode au voyage par l’incursion dans le quotidien ordinaire de l’enfance. Toute en tendresse et délicatesse, une bien jolie collection.

L’album illustré par Ilya Green porte un très beau poème-dédicace titré « Pour Alison Cunningham, de la part de son garçon » :