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Critiques

Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? Anouk Grinberg (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 17 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Anthologie, Le Passeur

Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? Anouk Grinberg, octobre 2020, 256 pages, 20,90 € Edition: Le Passeur

 

C’est en puisant, entre autres, dans la Collection de l’Art brut de Lausanne que la comédienne et artiste peintre Anouk Grinberg a pu rassembler tous ces écrits, dits bruts puisque écrits par des personnes internées et considérées comme démentes ou délirantes. Des écrits souvent dessinés aussi car un bon nombre d’entre eux font l’objet d’un graphisme très particulier et c’est pourquoi on trouvera aussi dans cet ouvrage des photos de ce qui forme une œuvre brute complète.

Anouk Grinberg a une histoire avec la folie, avec celle de sa mère dont elle a eu peur et même honte : « Je ne l’ai pas aimée, je n’ai pas réussi. J’étais de la famille humaine qui se détourne ». Ce livre est sa façon de réparer : « Par un grand détour, ce sont ces hommes et ces femmes qui m’ont conduite vers cette mère, cette femme, et si j’ai négligé de son vivant toutes ses lettres affamées, je suis heureuse aujourd’hui d’être passeuse de textes jamais lus ».

Epuration, Gilles Zerlini (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Epuration, Gilles Zerlini, avril 2021, 164 pages, 18 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

De l’enfer des tranchées de Verdun à l’épuration locale qui a immédiatement suivi le débarquement en Provence en août 1944, c’est la vie de Louis, poilu corse en 14-18, qui est la colonne vertébrale de ce nouveau roman des Editions Maurice Nadeau.

Louis Germani, démobilisé en 18, revient en boîtant, conséquence d’une blessure de guerre, épouser Félicité avec qui il s’installe dans le Toulonnais. De l’union naissent onze enfants en onze ans. Recruté comme égoutier par la municipalité, Louis arrondit ses fins de mois en faisant occultement fonction de rabatteur de clients pour le bordel des Trois-Singes tenu par son amie et amoureuse Marie, alias La Chinoise. Louis, admirateur du « vainqueur de Verdun », est ouvertement pétainiste dès juin 40.

Intercalées dans le déroulement fractionné de cette existence plutôt minable, s’entrelacent d’autres vies, celles de Marie dite La Chinoise, très liée à celle de Louis, et surtout celles, très parcellaires, très épisodiques, en pointillés, de deux autres personnages qui n’ont aucune accointance sociale avec Germani.

Contagion, Lawrence Wright (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 14 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Contagion, Lawrence Wright, octobre 2020, trad. anglais (USA) Laurent Barucq, 480 pages, 22 € Edition: Le Cherche-Midi

Ne faut-il pas avoir une certaine dose de masochisme pour écrire – et pour lire – un volumineux roman que l’on peut qualifier de « page-turner », dont le thème est une pandémie virale mondiale qui a des répercussions sanitaires, politiques, économiques et bien évidemment familiales pour les personnages de l’intrigue ? Ou, plus sérieusement, se pose la problématique suivante : quel écart d’avec la réalité peut prendre une intrigue qui s’inspire, de toute évidence et par anticipation, d’une situation réelle que l’humanité est en train de vivre, tout en la portant jusqu’à un aboutissement qui ne sera sans doute pas celui que nous connaîtrons ? L’ouvrage est en effet publié en octobre 2020, alors que la planète ne connaissait encore ni la deuxième ni la troisième vague de la pandémie du SARS-CoV-2 et qu’aucun vaccin n’était encore mis sur le marché. La mimesis propre à toute œuvre de fiction est ici très pertinente à étudier.

En temps de pandémie, et alors que l’Occident affronte une troisème vague de recrudescence virale, au cours d’une deuxième année qui s’avère meurtrière bien que portée par l’espoir d’un vaccin, le lecteur suit ainsi, avec un intérêt mêlé d’appréhension, les péripéties de Henry Parsons, épidémiologiste de renom, et de ses collègues, pour comprendre puis remédier à la diffusion exponentielle d’un virus inconnu aux quatre coins de la Terre.

Un été à Miradour, Florence Delay (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un été à Miradour, février 2021, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Florence Delay Edition: Gallimard

 

« Aussitôt arrivés à Biarritz, ils se dirigent vers la plage du Miramar, plage sur laquelle donne l’ancienne villa Roussel, devenue villa Begoña. Haute villa à plusieurs étages reliés à l’extérieur par un escalier tournant, balcons tournés vers l’Océan, balustrades cintrées, tout semble danser ».

Un été à Miradour est le roman d’une famille, d’une tribu, d’une troupe, qui se retrouve pour quelques semaines dans cette maison, lumineusement baptisée Miradour. Une maison de famille, transmise de père en père, qui domine l’Adour de sa colline, qui a traversé le siècle et les passions, a fait sienne les joies et parfois les doutes, qui se sont glissés dans les chambres, sans jamais obliger ses pensionnaires d’un jour, d’un été, à se départir de leurs civilités et de leurs bonnes habitudes. Un été à Miradour de Paul, le père, l’homme des savoirs et des transmissions, qui a toute sa vie étudié la mémoire et les maladies mentales, et se penche désormais sur l’avant mémoire, celle des grands-parents. On y croise également Madeleine la mère, Madelou, grande lectrice d’Hölderlin, qu’elle traduit patiemment – « Penchée sur l’épaule de sa mère, Marianne voudrait bien l’aider mais elle est en terre inconnue ».

Meurtres à Mahim, Jerry Pinto (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman

Meurtres à Mahim, Editions Banyan, mars 2021, trad. anglais (Inde) Patrice Ghirardi, 230 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Jerry Pinto

 

On peut lire Meurtres à Mahim, le deuxième roman de Jerry Pinto à être traduit en français après Nous l’appelions Em (Actes Sud, Lettres indiennes, 2015), comme un polar particulièrement bien ficelé : qui a tué Lachhman S. Parthusta, alias « Proxy », jeune homme d’une vingtaine d’années dont on a retrouvé le corps poignardé et mutilé (un rein grossièrement prélevé) près des urinoirs publics de la gare de Matunga, dans une banlieue de Bombay ? Est-ce un assassinat homophobe, un règlement de compte, une vengeance, une affaire de trafic d’organes ? Peter Fernandes, journaliste d’investigation à la retraite, avec l’aide de l’inspecteur de police Shiva Jende, un camarade d’études, va mener l’enquête. Rebondissements, fausses pistes, faux suicide, nouveaux meurtres, dénouement à la fois surprenant et prévisible tiendront en haleine jusqu’à l’ultime page selon les conventions du genre.