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Critiques

L’homme de la plaine du Nord, Sonja Delzongle (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

L’homme de la plaine du Nord, Sonja Delzongle, mars 2021, 448 pages, 8,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Ernest Gare a cinquante-deux ans. C’est le fils de Victor Gare, trouvé nourrisson dans une gare. C’est un gars qu’a mal tourné, sa profession : tueur à gages. À trente ans, il s’est retrouvé au placard où il a tiré quinze ans, puis a soigné sa mère paraplégique. Enfin, il a dû faire face à la maladie, le cancer qui le rongeait et qui l’a rendu chauve. Mais la calvitie pour son deuxième métier c’est plus pratique, la nuit sous les feux d’une boîte spécialisée, il présente, travesti, sa perruque blonde bien en place, son numéro de transformiste. Ernest Gare, c’est aussi Frida, une troublante créature dont le roulé de hanches semble avoir séduit le commissaire Peeters. Ernest a un petit ami, son rat albinos Berlioz.

Hanah Baxter, l’héroïne récurrente de Delzongle, n’a pas perdu son instinct maternel, elle envisage une GPA avec son amie Karen lorsqu’elle est arrêtée par le FBI. On lui reproche d’avoir mis fin aux jours de son mentor et ex-associé le profileur Anton Vifkin, il y a vingt ans de cela. En fait, elle est envoyée de son quartier de Brooklyn sur le vieux continent pour enquêter sur la mort de ce dernier.

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 04 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Israël, Editions Lanskine

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa, LansKine éditions, mars 2021, trad. hébreu, Emmanuel Moses, 72 pages, 14 € Edition: Editions Lanskine

 

Venu d’Ukraine en Palestine en 1937, Gilboa a fait paraître en 1972 ce recueil, à la fois intime, engagé, onirique. Les poèmes y sont les expressions fortes et tendues de ce qui a tissé sa vie, fortes aussi des « chemins » qu’il a dû prendre pour la rendre égale, supportable.

En effet, nombre de chemins traversent en tous sens ce livre apaisé, où un cœur aimant, où un cœur se souvenant, trame l’épaisseur de sa vie. Il est toujours en quête, cet homme, il voit son cœur comme une « gazelle » blessée ; il chemine pour se retrouver ou se trouver. Sans doute le rêve est-il à même de l’approcher de sa vérité, encore qu’il faille trouver la frontière, ne plus entendre « aboyer sa vie », ne pas devoir quitter une ville qui est la sienne.

Peut-on entendre ici la quête du migrant qu’il fut à vingt ans ? Peut-être que, rêve mis à part, ce voyage premier lui est resté comme un périple intérieur.

Le monde secret d’Adélaïde, Elise Hurst (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 04 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse

Le monde secret d’Adélaïde, Elise Hurst, Éditions D’Eux, avril 2021, trad. anglais, Christiane Duchesne, 32 pages, 13 €

 

Un monde flottant

Le monde secret d’Adélaïde est le titre du livre-jeunesse d’Elise Hurst, dont la couverture, au format conséquent de 31cm par 24,5cm, propose deux tableaux brossés avec souplesse, en léger flouté, au recto et au verso de l’album. Deux tonalités également, l’une nocturne, où une hase vêtue de rouge écarlate veille sous un ciel étoilé, et l’autre plus diurne, où le Léporidé prend le thé avec en vue des buildings.

Une grande ville, voire une mégalopole, peut-être New-York, Canberra ou Sydney, est peuplée d’animaux reprenant les postures, les us et coutumes des humains, buvant un café, se dépêchant le matin, travaillant, créant, etc. Ainsi, des lapins, des lièvres, un singe, un éléphant, des chats, des ours et des oies, une kyrielle d’animaux voisinent étrangement parmi des femmes et des hommes aperçus dans les foules. Les mammifères, les carnivores et les herbivores de tous horizons se côtoient en paix, anthropomorphisés, genrés, s’envolant même parfois !

Fables, La Fontaine en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, La Pléiade Gallimard

Fables, avril 2021 (ill. Grandville, Édition Jean-Pierre Collinet, Préface Yves Le Pestipon), 1248 pages, 49,90 € . Ecrivain(s): Jean de La Fontaine Edition: La Pléiade Gallimard

« La Fontaine est un des poètes qui ont su mettre un maximum de corps dans la langue. Cela donne aux Fables, en particulier pour les enfants qui aiment dire en gonflant leurs joues La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf, une fraîcheur toujours recommencée. Les lecteurs savants y trouvent des occasions délicieuses pour s’émerveiller, sans jamais épuiser les raisons de leur plaisir. Les Fables peuvent être une “fontaine de jouvence” » (Yves Le Pestipon).

 

« Je chante les héros dont Ésope est le père :

Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons.

Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes.

Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » (Jean de La Fontaine, À Monseigneur le Dauphin).

Sonnets et autres poèmes, Œuvres complètes VIII, William Shakespeare, La Pléiade (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 02 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre, La Pléiade Gallimard

Sonnets et autres poèmes, Œuvres complètes VIII, mars 2021, sous la direction de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, 1052 pages, 65 € (59 € jusqu’au 30/09/2021) . Ecrivain(s): William Shakespeare

L’entreprise de La Pléiade/Gallimard de publication de l’œuvre complète du barde de Stratford-Upon-Avon ne pouvait manquer d’inclure son œuvre poétique. Nous trouvons ici, dans un écrin somptueux de notes et d’éclairages, les pièces en vers majeures du grand Will, en particulier Vénus et Adonis (1593), Le Viol de Lucrèce (1594), et les célèbres sonnets (1609).

Tous les textes ici sont présentés en version bilingue grâce au travail d’une vaste équipe de traducteurs de haut vol.

Dire que William Shakespeare doit sa célébrité universelle au théâtre plus qu’à la poésie relève du truisme parfait. C’est ce en quoi cette édition de la Pléiade est particulièrement précieuse. Elle révèle un poète dont la profondeur et la musicalité enchantent. Ce volume propose les deux poèmes narratifs du barde de Stratford – Vénus et Adonis et Le Viol de Lucrèce – fort célèbres et prisés en leur temps et Les Sonnets que le XXème siècle a placés au plus haut de l’œuvre poétique du grand Will. La fluidité, les thèmes, l’intimité, la musique de ces pièces les rapprochent du lecteur contemporain, séduit par leur modernité et surtout par leur caractère subversif tant formellement que dans le propos.