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Critiques

Sonnets et autres poèmes, Œuvres complètes VIII, William Shakespeare, La Pléiade (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 02 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre, La Pléiade Gallimard

Sonnets et autres poèmes, Œuvres complètes VIII, mars 2021, sous la direction de Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, 1052 pages, 65 € (59 € jusqu’au 30/09/2021) . Ecrivain(s): William Shakespeare

L’entreprise de La Pléiade/Gallimard de publication de l’œuvre complète du barde de Stratford-Upon-Avon ne pouvait manquer d’inclure son œuvre poétique. Nous trouvons ici, dans un écrin somptueux de notes et d’éclairages, les pièces en vers majeures du grand Will, en particulier Vénus et Adonis (1593), Le Viol de Lucrèce (1594), et les célèbres sonnets (1609).

Tous les textes ici sont présentés en version bilingue grâce au travail d’une vaste équipe de traducteurs de haut vol.

Dire que William Shakespeare doit sa célébrité universelle au théâtre plus qu’à la poésie relève du truisme parfait. C’est ce en quoi cette édition de la Pléiade est particulièrement précieuse. Elle révèle un poète dont la profondeur et la musicalité enchantent. Ce volume propose les deux poèmes narratifs du barde de Stratford – Vénus et Adonis et Le Viol de Lucrèce – fort célèbres et prisés en leur temps et Les Sonnets que le XXème siècle a placés au plus haut de l’œuvre poétique du grand Will. La fluidité, les thèmes, l’intimité, la musique de ces pièces les rapprochent du lecteur contemporain, séduit par leur modernité et surtout par leur caractère subversif tant formellement que dans le propos.

Le réveil de la bête, Jacques Moulins (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 02 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le réveil de la bête, Jacques Moulins, Gallimard, Coll. Série Noire, septembre 2020, 375 pages, 18 €

 

Apparemment Maryam Binebine est une jeune femme comme une autre. Après une semaine de travail passée derrière son ordinateur, elle ne dédaigne pas de s’encanailler un peu. D’ailleurs pourquoi aurait-elle pris ses distances avec sa famille d’origine marocaine et se serait-elle affranchie de la présence de son tuteur de frère si ça n’était pour profiter un peu de sa liberté ? Ce samedi, il est à peine vingt heures qu’elle danse à Belleville chez Pepe. Elle s’amuse, se détend. Et puis le lendemain, son amie Salima Duval la découvre étendue, nue sur son lit, égorgée. Aussitôt, elle appelle la police et la commissaire Annick Lebèque de la police parisienne qui ne peut que constater le décès.

Trois jours plus tard le commandant Deniz Salvere d’Europol et sa collègue Elsa Minetti, prévenus par la presse, sont là à « titre officieux ». Ils s’enquièrent auprès de leur collègue parisienne des circonstances du décès la jeune femme de trente-quatre ans. Il s’avère que Maryam était une « indic » de Salvere et que là où ce dernier voit un décès dû à des activités terroristes, son collègue d’Europol, Brenner, pense à un crime dû à la cybercriminalité islamiste.

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage & Livre 2, La Communauté des esprits, Philip Pullman (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Juin 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Edition: Gallimard Jeunesse

 

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage (Folio, avril 2021, 544 pages, 9,30 €), & Livre 2, La Communauté des esprits (Gallimard, septembre 2020, 656 pages, 22 €), Philip Pullman, trad. anglais, Jean Esch

Philip Pullman (1946), avec la trilogie À la Croisée des mondes, a créé non seulement un phénomène éditorial à succès désormais transformé en série télévisée (après l’adaptation cinématographique du premier tome, sous le titre de La Boussole d’or, qui fut boudée par le public) et en bande dessinée, mais surtout un univers narratif à la fois complexe et cohérent, ce qui lui donne une paradoxale évidence. Pour faire simple, disons que Pullman, dont les romans ont été publiés en français par Gallimard tant sous l’étiquette « SF » que « Folio Junior » ou tout simplement « Folio », a brouillé les pistes avec intelligence : les romans de l’univers dans lequel Lyra Parle-d’Or évolue relèvent-ils de la science-fiction, de la fantasy, de la littérature à destination de la jeunesse, du roman d’aventure ou de la méditation sur l’existence d’univers parallèles avec un détour par un rien de physique quantique, et une magnifique tendance à dire des choses essentielles et puissantes sur la vie, en nous et autour de nous ? Bien malin qui pourrait répondre de façon absolue – mais bien moins malin qui omettrait l’essentiel :

Le rapport sexuel n’existe plus, Philippe de Jonckheere (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 31 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Inculte

Le rapport sexuel n’existe plus, Philippe de Jonckheere, février 2021, 300 pages, 18,90 € Edition: Inculte

Qu’un homme puisse éjaculer à la vue d’une pantoufle ne nous surprend pas, ni non plus qu’il s’en serve pour ramener le conjoint à de meilleurs sentiments, mais personne assurément ne peut songer qu’une pantoufle puisse servir à apaiser la fringale, même extrême, d’un individu.

Jacques Lacan (1901-1981, psychanalyste français)

Entre autofiction et séance de psychanalyse étalée sur près de 300 pages, dans Le rapport sexuel n’existe plus, l’auteur est son propre personnage, endossant son propre nom et une partie en tout cas de sa vraie vie. Le fait que le récit prenne place en 2022 et s’achève en 2024 invente une distance temporelle avec ce qui semble pourtant être un véritable journal intime. Récit à visée thérapeutique pour guérir la douleur d’une déception amoureuse, dont l’auteur – cinquantenaire, se décrivant lui-même comme obèse et obsédé par l’arrivée de l’andropause qui vient alourdir le bilan d’une vie sexuelle de plus en plus fantasmatique – n’arrive pas à se défaire. Autoflagellation, autodérision, décorticage hyperlucide de son manque de lucidité, c’est grâce à son grand humour que l’auteur/personnage se rattrape toujours et parfois in extremis avant la chute dans le pathétique.

Lettres volées, Roman d’aujourd’hui, suivi de 28 lettres de Robert d’Humières à Colette, Robert d'Humières (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 31 Mai 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Correspondance

Lettres volées, Roman d’aujourd’hui, suivi de 28 lettres de Robert d’Humières à Colette, Robert d'Humières, ErosOnyx éditions, janvier 2020, 328 pages, 16 €

« Je pleure nuit et jour […] d’Humières »

Marcel Proust

Robert d’Humières (1868-1915) est un écrivain méconnu de la Belle Epoque, également poète, traducteur, essayiste, un familier de Proust et de Colette. Si son nom est parvenu jusqu’à nous, c’est surtout grâce à sa traduction, avec Louis Fabulet, du Livre de la jungle de Rudyard Kipling, toujours disponible de nos jours. Pourtant son œuvre, en plus d’autres traductions de Kipling, de Joseph Conrad, de James Matthew Barrie (l’auteur de Peter Pan) ou de Lewis Wallace (Ben-Hur), comporte aussi pièces de théâtre, recueils de poèmes, essais, ainsi qu’un roman, Lettres volées, Roman d’aujourd’hui, objet d’une nouvelle publication (la première remonte à 1911) aux éditions ErosOnyx, avec une préface d’Alain Stœffler, judicieusement accompagnée d’un dossier complet sur l’auteur (comprenant son dossier militaire), de repères chronologiques et d’une bibliographie sélective. Vingt-huit lettres inédites de Robert d’Humières à Colette complètent cet ensemble et l’éclairent.