Identification

Critiques

Marguerite de La Jarousse, Limousin, Danielle Boulaire (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 31 Août 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Marguerite de La Jarousse, Limousin, Danielle Boulaire, Éditions Lacour, 2020, 229 pages, 20 €

 

Michel Host nous offre ici sa dernière chronique, hélas inachevée, l'immonde virus l'ayant enlevé à notre admiration et à notre amitié. Son intelligence de lecteur, son talent d'écrivain nous manqueront toujours cruellement. A toi, Michel ! *

 

Une vie

Marguerite a vu le jour en décembre 1906, à La Jarousse, hameau du Limousin, au milieu des bois, entre Saint-Yrieix-la-Perche (et ses carrières de kaolin) et Jumilhac. Elle grandit en presque sauvageonne, entre frère aîné et sœur cadette, la fratrie courant les bois et les champs, souvent seuls dans la campagne, évitant, par l’instinct, par l’expérience quotidienne, les plus graves accidents. On garde les vaches, on craint le loups. On apprend aussi les arbres, les plantes, les herbes et les animaux. Marguerite n’apprendra ni à lire ni à écrire. Il n’y a pas d’école dans les environs. Mais elle saura parler, et comment !

Jésus kill Juliette Éloïse, Jacques Cauda (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 31 Août 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Jésus kill Juliette Éloïse, éditions Douro, Coll. La Diagonale de l’écrivain, juillet 2021, 84 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jacques Cauda


Que le lecteur ne s’y méprenne pas, Cauda n’aurait pas commis (au regard de la convenance, ici langagière) une « faute » de plus sur son tableau de peintrécrivain, en se rendant coupable d’une faute de conjugaison dans le titre de son nouvel opus là où la langue anglaise nous oblige à mettre un -s final au verbe conjugué à la troisième personne du singulier. Mieux que cela, voire savoureux, exquis : c’est bien délibérément que Cauda s’est empressé de plonger sa main dans l’exécution de cette faute, avec une élégance d’esprit espiègle et une préméditation digne des grands maîtres. L’absence du -s final dans le verbe du titre, en effet, s’exprime par son absence pour moult raisons aussi perspicaces que malicieuses : d’abord la volonté de l’auteur de jouer avec le verbe anglais kil qui en argot désigne le litre (un kil de rouge puisque l’opus est le journal d’un alcoolique) ; puis la volonté que l’on entende par homophonie Jésus crier (Jésus kill/Jésus crie) ; enfin Cauda souhaitait qu’il y ait une faute (en anglais) puisque Juliette est « prof d’anglais ».

Le Goût des fleurs, Collectif / Le Goût des arbres, Collectif (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 30 Août 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Mercure de France, Anthologie

Edition: Mercure de France

 

Le Goût des fleurs, Collectif, Mercure de France, mai 2021, textes choisis et présentés par Sandrine Fillipetti, 128 pages, 8,20 €

Le Goût des arbres, Collectif, Mercure de France, mai 2019, textes choisis et présentés par Gérard de Cortanze, 128 pages, 8,20 €

 

Par goût, c’est le cas de le dire, de la nature, on picore dans la vaste Collection Le Goût de… deux petites anthologies, comme ça, en baguenaudant, et on se laisse emporter le temps d’un petit voyage sortant des sentiers battus, aux multiples étapes, bien choisies, parfois inattendues, parfois peu fréquentées (mais Dieu qu’on y est en paix, Dieu qu’on désire y séjourner plus longtemps), dont la visite est rendue plaisante par un guide qui connaît son affaire…

La langue du pic vert, Chantal Dupuy-Dunier (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

La langue du pic vert, Chantal Dupuy-Dunier, éditions La Déviation, août 2021, 284 pages, 20 €

 

Le discours aux oiseaux

La langue du pic vert, le premier roman de Chantal Dupuy-Dunier, traite de la volonté d’un jeune homme d’élaborer un langage crypté et un discours aux oiseaux. Ainsi, Sylvain Breuil, le héros – « s’il vint » du « bois », – se trouve en lien avec le monde sylvestre, par hétéronomie, dans le sens où l’entend Kant, c’est-à-dire dans une dépendance à l’égard de mobiles pathologiques sensibles ou d’une loi extérieure. Ici, il est dépendant d’une passion ornithologique, qui n’était prédestinée ni par son milieu ni par ses études. Son intérêt pour l’univers des picidés prend forme durant le commencement de l’amnésie de son père. Pour Sylvain, cette préoccupation fébrile vient combler le néant de la maladie d’Alzheimer, et encore le néant et l’absence de sa mère morte en couches.

Bélibaste, Henri Gougaud (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Points

Bélibaste, 291 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Henri Gougaud Edition: Points

 

« Guillaume Bélibaste et tous ceux qui peuplent ce livre vécurent en ces temps de débâcle. Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n’est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit ».

Nous connaissons la langue d’Henri Gougaud, la musique qui s’y loge, chaque mot dans son ton et entre, son essence. Sa partition. Chacun porte une image en mouvement et en fait son icône.

Le père. La première figure. Le quartier de pomme à la pointe du couteau. Les gueules des frères Bélibaste et le cadet, Guillaume. La maison de pierres. Les sécheresses meurtrières. XIIIe siècle, Sud-Ouest, Pays Cathare. Un meurtre.

Menacé d’être dénoncé, pour le meurtre ou la foi qu’il n’a pas, Guillaume doit fuir. De Cubières à Rabastens. Entre les gens d’armes et les gens d’église. « Misérables honneurs qui firent des docteurs du Christ des mercenaires du diable ! ».